ANNE DE BRETAGNE, FRANCOIS II, LE MARECHAL DE BRETAGNE : QUATRE LETTRES ECRITES DURANT LES INVASIONS FRANCAISES.

I – LA PSYCHANLYSE COLLECTIVE DES PEUPLES ET DES NATIONS.

L’IDENTITE D’UNE NATION, lorsque celle-ci a été écrasée par un pays qui jadis l’a envahie, puis anéantie, ne peut renaître que par la redécouverte de ses racines, et par son ré-enracinement. Ces racines sont, en tout premier lieu, l’histoire, qui lui apprend ce qu’elle a été, donc ce qu’elle est et ce qu’elle doit être. Pour les individus, il est entré dans le vocabulaire quotidien que, après une catastrophe personnelle ayant provoqué de graves dégâts psychologiques  – par l’effet d’un traumatisme psychologique sévère, en rapport avec une agression suivie de blessures corporelles importantes, une détention injuste, un deuil tel que la perte d’un enfant, des tortures, un enlèvement suivi d’une séquestration, etc. -, il est nécessaire de « se reconstruire », c’est à dire de tenter d’atténuer les effets des bouleversements psychiques dont on a souffert, et de retrouver un nouvel équilibre, qui va souvent de pair avec des modifications importantes de la personnalité.

Pour les Nations, il en va de même. Le phénomène se déroule au grand jour dans des pays comme l’Allemagne et le Japon, grands vaincus de la seconde guerre mondiale, mis au ban de l’humanité pendant de longues années, dans la Russie, anéantie par les millions de victimes du communisme, et rétrogradée au rang d’une puissance secondaire, ces pays essayant, avec des résultats incertains, de retrouver confiance en eux. Ils tentent de RESTAURER LEUR NARCISSISME NATIONAL, gravement atteint au lendemain des défaites de 1945, pour les deux premiers, au décours de la divulgation des horreurs stalinienne par le rapport Krouchtchev de 1956 (v. Google), puis l’effondrement de son économie, et de son hégémonie coloniale en 1989 (v. perestroïka, chute du mur de Berlin ….) pour le troisième.

Le grand Renan avait très bien compris celà. Dans un texte célèbre, mondialement connu, qui fait encore autorité aujourd’hui (Qu’est-ce qu’une Nation ? V. Google), il a écrit que la Nation disparaît lorsqu’elle a perdu – que ce processus ait été spontané, ou acquis par la force, comme ce fut le cas en Bretagne -, toute trace de son histoire, celle-ci ayant été remplacée par celle du pays envahisseur, qu’on veut lui imposer comme étant la sienne. Alors, elle est digérée par son agresseur, dissoute, phagocytée, littéralement. Il n’y a plus guère de chances qu’elle réapparaisse jamais.

Celà a failli se produire en Bretagne : quelques dizaines d’années de plus, le crime pouvait être parfait. Les blessures narcissiques infligées par l’ envahisseur ont été considérables, et ont failli la faire disparaître totalement, avec sa personnalité propre, la langue ayant fait l’objet d’un assassinat organisé et planifié (v. assassinat d ela langue bretonne), les cerveaux ayant été triturés de toutes les manières, notamment par l’enseignement imposé de l’étranger.

Mais CELA NE SERA PAS. Le processus de résurgence du Pays – appelons les choses ainsi, le terme de nation a le don, quoique fort juste, d’irriter une partie de l’opinion, mais je n’ai jamais été gêné d’utiliser les synonymes lorsque le besoin s’en fait sentir – est désormais trop avancé, bien qu’encore infiniment timide. LA FRANCE NE PEUT PLUS RENVERSER LE COURS DES CHOSES, étant elle-même réduite à ce qu’elle est réellement, c’est à dire hors d’état de tromper quiconque, d’infliger des tortures morales à quelque peuple que ce soit, même si elle a engendré une belle civilisation, ce qui ne lui sera pas disputé.

IL EXISTE UNE PSYCHANALYSE DES NATIONS, comme il existe une psychanalyse des individus. Le fait est peu connu. Il est probable qu’il ait déjà été théorisé; les ouvrages sur la psychologie collective, rares du temps de mes études en faculté, sont désormais nombreux (v. mentalités, psychologie des peuples, psychologie collective, psychopathologie collective; pour la Bretagne, voir les ouvrages de Guy Caro et de Carer).

On avait entendu parler de l’inconscient collectif, et essayé de comprendre ce que ce concept, inventé par Jung, pouvait signifier. La maladie congénitale des psychanalystes, qui consiste à toute force à rendre obscur ce qui est clair, n’a pas permis, en son temps, d’en tirer le profit pourtant considérable que recelait ce concept, ou tout autre recouvrant la même réalité. On  n’est jamais le premier à découvrir quoi que ce soit. C’est ma propre conception, cependant, que j’expose ici, peu à peu, et que je mets en pratique, depuis quelque temps déjà.

Essayons d’expliquer simplement et clairement ce que peut être la psychanalyse d’un peuple ou d’une nation.

Dans la conception primitive d ela psychanalyse – simpliste et inexacte, mais qu’il est utile pour le moment de conserver, pour comprendre ce que nous avons à dire sur les traumatismes collectifs, leur refoulement dans l’inconscient des peuples considérés, chaque sujet est victime, dans sa petite enfance et dans son enfance de traumatismes psychologiques multiples et divers ……………

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LA « BELLE AMOUR » des Français et des Bretons au moyen âge n’est même pas une légende : c’est un mensonge éhonté.

Je n’ai pas encore relaté cette anecdote, que je tiens de Anne – Claire Déré, bretonne, nantaise, historienne, romancière, pharmacienne, récemment décédée (v. ABP), avec laquelle j’ai entretenu des relations relatives à l’histoire de la Bretagne, et que je connaissais par le professeur Jean-Philippe HESSE, qui fut mon Président de thèse de doctorat en droit, à la faculté de Nantes, en 1996 (v. de la trouille bretonne).

Anne – Claire était allée à la gare de Nantes chercher l’un de ses amis, en taxi. Ne voilà-t-il pas que le taxi longe ce splendide château des Ducs souverains de Bretagne. On dit que Henri IV, de passage à Nantes, lui-même émerveillé, ne connaissant rien de l’histoire de Bretagne, se serait écrié, devant l’impressionnante bâtisse :  » Ventre Saint Gris (d’autres disent : « Mazette »), LES DUCS DE BRETAGNE N’ETAIENT PAS DE PETITS COMPAGNONS !!!).

L’invité d’Anne-Claire, lui-même impressionné, demande ..

La réponse du chauffeur de taxi est immédiate, méprisante :

– C’est le château de LA SALOPE (sic !), QUI A VENDU LA BRETAGNE A LA FRANCE (!!!!) (Cette citation est littérale).

J’ai réalisé, là, à ma grande stupeur, combien l’image de la Bretagne, en particulier celle de son héroïne, avait été dégradée, falsifiée, truquée, pour faire perdre aux Bretons le souvenir de ce qu’ils furent, pour leur greffer dans la tête une identité qui leur était étrangère, pour tout dire, attendu que moi-même je n’ai jamais bénéficié au lycée que du seul enseignement destiné à me faire croire que j’étais français, pour perdre jusqu’à la trace de leur origine et de leur identité.

Ce que j’ai pu lire pendant un an dans les « blogs » sur l’histoire de la Bretagne, relève de l’hallucination. Il est littéralement stupéfiant que certains de ceux qui écrivent sur l’histoire, plus encore des historiens de la Bretagne aient pu croire, il  y a encore très peu d’années, que la Bretagne était « subordonnée » à la France, que l’hommage prêté par le Duc ait pu être autre chose qu’un traité d’alliance.

La démonstration de la TOTALE SOUVERAINETE de la Bretagne au moyen âge, a été réalisée d’une manière très complète et irréfutable par l’immense juriste Planiol, sans doute le principal de son temps, il y a un peu plus d’un siècle (Tome III, page ..).  Il n’est pas excusable que les historiens de profession n’aient pas lu ses travaux. Une démonstration plus accessible, moins technique, est publiée à nouveau, dans un texte beaucoup plus accessible, qui vient d’être publié, et que l’on peut se procurer, car le livre publié par l’Association bretonne de culture est maintenant publié – si je ne m’abuse. Cet ouvrage DOIT ETRE MIS ENTRE TOUTES LES MAINS BRETONNES. Et les autres, bien entendu.

II – LA PSYCHANALYSE PAR LES TEXTES ET LES ARCHIVES.

Je publie ici quatre documents, qui ne sont certes pas une découverte : ils figurent tous les dans les remarquables volumes de « Preuves » de  » l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne », publiée par Dom Hyacinthe Morice en 1746. Quiconque les aura lues, ne pourra plus prétendre que la France, lorsqu’elle a envahi la Bretagne de sa soldatesque, en 1488 et en 1491, se trouvait chez elle, pour y ramener l’ordre, comme d’aucuns continuent à l’écrire.

Ces lettres, difficilement lisibles dans le texte d’origine, sont traduites en français moderne, et abrégées, pour être parfaitement comprises : il s’agit donc d’extraits. Je les complèterai au fur et à mesure du temps dont je disposerai.

LETTRE DE FRANCOIS II, Duc régnant, aux officiers de Guingamp et de Lannion de Guingamp, du 15 juin 1487  (Morice, Preuves, III, page 569) : « expulser nos ennemis les Français ».

 » A nos bien aimés sujets :

 » Nos haineux et malveillants ennemis ( = les Français), sont venus assiéger cette bonne ville de Nantes, attentant A NOTRE TOTALE DESTRUCTION, CELLE DE NOS FILLES, ET CELLE DE NOTRE PAYS. Ce à quoi, avec l’aide de Dieu, et de nos bons et loyaux sujets, NOUS ENTENDONS RESISTER.

 » Nous vous demandons que vous fassiez connaître les intentions DE NOS HAINEUX ET MALVEILLANTS ennemis, par cris publics ( = proclamations publiques), dans tous les endroits où vous verrez que celà est nécessaire, en exhortant tous nos nobles et fidèles sujets, afin qu’immédiatement, ils se rassemblent et se mettent en armes ….. »

LETTRE DE LA DUCHESSE ANNE, du 16 mars 1489 (Morice, Preuves III, page 627).

LETTRE DE LA DUCHESSE ANNE DE BRETAGNE, du 27 juillet 1489 (Morice, Preuves, page 648) : « les Français, nos ennemis et adversaires depuis longtemps ».

 » Anne, par la grâce de Dieu,Duchesse de Bretagne, Comtesse de Montfort, de Richement, d’Etampes et de Vertus, à tous ceux qui liront ces lettres, Salut !

 » Depuis longtemps, LES FRANCAIS , NOS ENNEMIS ET ADVERSAIRES, sont entrés avec violence dans notre pays et Duché de Bretagne, nous ont fait, nous font font encore la guerre, ayant, eux et ceux qu’ils ont ralliés à eux, fait DE GRANDS ET ENORMES EXCES ( = dommages et destructions), DES MAUX EXECRABLES, DES DOMMAGES considérables à plusieurs de nos bons,vrais, loyaux sujets et ardents serviteurs de notre pays …. », etc

LETTRE DU MARECHAL DE BRETAGNE, JEAN DE RIEUX, Commandant en Chef des armées bretonnes, du 27 juillet 1489 (Morice, Preuves, III, page 647) « Chasser et débouter hors de ce pays et Duché, les Français et ennemis « .

 » Jean, sire de Rieux, de Rochefort et d’Ancenis, Lieutenant Général de la Duchesse notre Souveraine Dame, et Maréchal de Bretagne, à tous ceux qui liront ces lettres, Salut !

 » Comme bien avant ce moment, et depuis le début des différents actuels, et les divisions de guerre, EN VUE DE CHASSER ET DEBOUTER ( = bouter dehors, expulser) hors de notre pays et Duché de Bretagne, LES FRANCAIS, ENNEMIS ET ADVERSAIRES de madame la Duchesse, qui sont entrés par la force armée dans notre pays, ET S’EMPARENT ENCORE CONTRE SA VOLONTE PLUSIEURS VILLES ET PLACES FORTES, entre autres son château de Brest …. »

A suivre ………. (Ces lettres seront complétées dès que celà sera possible).

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