L’HOMMAGE DES DUCS SOUVERAINS DE BRETAGNE AUX ROIS DE FRANCE. Propos provisoires.

 

 

 

Depuis la publication du présent article, un second, annoncé depuis longtemps, a été publié le 22 novembre 2014. Il ne subsiste plus sur ce problème délicat, de difficultés qui ne puissent être comprises. Les lecteurs peuvent donc se reporter sans réticence à ce deuxième article.

 

DEUX CITATIONS IMPORTANTES, PARMI DE NOMBREUSES AUTRES  :

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DE JEAN IV AU ROI DE FRANCE CHARLES V, QUI TENTE D’EMPIETER SUR LES DROITS IMMEMORIAUX DE LA BRETAGNE (1384) :

 » Qu’il plaise, à vous, Roi de France, et à votre Conseil, de savoir ceci: …. Le Pays de Bretagne est un Pays distinct et séparé de (tous les) autres, sans qu’il y ait rien dans ce pays qui ne relève du sort (= de la compétence) de son gouvernement, qui est universel (= qui concerne toutes les affaires bretonnes, sans exclusive). Anciennement, ce Pays était un royaume, et était gouverné par des Rois, ainsi Judicael, Salomon, Conan … qui ont gouverné en gouvernement royal….. Il apparait clairement qu’il a été et QU’IL EST ENCORE ROYALEMENT TENU (= gouverné). Le Duc de Bretagne EST EN POSSESSION DES DROITS ROYAUX, sans que nul autre que lui, en sa Principauté de Bretagne, y ait rien à voir. Ni vous, ni aucun de vos prédécesseurs Rois de France n’ont JAMAIS été reconnus, ni par moi, ni par aucun de mes prédécesseurs, comme Souverain ».

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DE FRANCOIS II, PERE D’ANNE DE BRETAGNE, TROIS ANS AVANT SA MORT, LE 22 SEPTEMBRE 1485, EN LA VILLE DE NANTTES, ACTUELLEMENT OCCUPEE PAR LES FRANCAIS :

 » François, Duc de Bretagne par la grâce de Dieu, je salue tous ceux qui liront les présentes lettres..

Comme de toute antiquité, NOUS ET NOS PREDECESSEURS ROIS, DUCS ET PRINCES DE BRETAGNE, qui jamais de nos noms et de nos titres de Principauté n’avons reconnu, ni ne reconnaissons de créateur, d’instituteur, NI DE SOUVERAIN, SAUF DIEU TOUT PUISSANT, en vertu du droit qui nous appartient, et à raison de NOS DROITS ROYAUX ET SOUVERAINS, décidons ce qui suit …. Etc  »

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I – FONDAMENTAUX CONCERNANT LES NOTIONS D’ETATS « INDEPENDANTS », DE SOUVERAINETE,  ET D’HOMMAGE.

 

Louis2b-1 copie

Un rapide survol des propos qui s’échangent sur la « toile » oblige à revenir – à titre provisoire, les démonstrations viendront plus tard – sur quelques notions fondamentales. Nous perdons un temps précieux dans des débats stériles. Il est devenu nécessaire de faire avancer le débat breton, en élaguant le plus possible d’idées fausses, sauf à revenir sur certains points, si cela s’avère nécessaire. Pour gagner du temps, je livre ici les conclusions avant les arguments. Mais je fournis aux lecteurs les moyens de combler leurs lacunes un peu plus loin, par des moyens simplissimes.

1 – ETATS INDEPENDANTS ou SOUVERAINS.

On a pu lire cette bourde effrayante dans un numéro récent de l’Express (24 juillet 2008), que l’on attribue à un professeur honoraire des facultés de Bretagne.

 » Les Etats Indépendants n’existent pas avant le 16 ème siècle; parler d’Etats indépendants avant cette époque est un anachronisme ». (Je cite de mémoire; je rétablirai la citation exacte plus tard, mais cela ne changera rien au problème de fond, puisque telle est la pensée de l’auteur).

Ces propos sous entendent les  conséquences suivantes:

a – Puisque les Etats indépendants n’existent pas avant le 16 ème siècle, LA BRETAGNE NE PEUT PAS AVOIR ETE INDEPENDANTE au moyen-âge, puisqu’elle disparait de la carte dès l’invasion de 1491, ou, au plus tard, en 1532. CQFD.

b – Puisque les Nations n’existent pas avant le 16 ème siècle, LES BRETONS N’ONT JAMAIS CONSTITUE UNE NATION. CQFD.

Un « ouvrage », paru en 1993 chez Fayard, va plus loin: la prétendue « nation » bretonne, écrit l’auteur (celui-là même qui a publié un épais pamphlet sur Anne de Bretagne, chez le même éditeur, en 1999) n’existe pas: les Ducs veulent faire croire qu’il y a une nation bretonne, parce que tel EST LEUR INTERET (!!!!!!). C’est une tentative de création artificielle, ex nihilo, qui leur permet de tenir leur monde (hommes, femmes, enfants, cochons, couvées…). Aussi appointent-ils des scribes pour rédiger des histoires de Bretagne en forme de délires écrit, opérations de propagande ducale, à l’usage des ducs et « des privilèges des riches, des nobles, etc », de tous ces profiteurs qui exploitent les masses travailleuses…. Etc.

Doit-on trembler d’indignation – en prenant conscience que de telles inepties sont enseignées en Bretagne en 2008 -, ou rire à gorge déployée? Je choisis la deuxième solution: c’est plus drôle.

Comme il est naturel que chacun fasse un effort pour parvenir à un minimum de connaissances,  je recommande pour le moment, la lecture de trois ouvrages passionnants, rédigés par les meilleurs spécialistes de leurs disciplines respectives, diffusés dans toutes les librairies, grandes et petites, résumant les connaissances les plus récentes sur l’Antiquité, publiés de surcroit, dans des collections dites « de poche ». L’ensemble coute moins de 30 euros, l’équivalent de deux bouteilles de Whisky:

– La Mésopotamie, par Georges Roux, Editions du Seuil, Paris 1995, 600 pages.

– Histoire de l’Egypte ancienne, par Nicolas Grimal, Le livre de poche, Paris, 1988, 668 pages, 9 euros.

– L’aventure grecque, par Pierre Lévêque, Le livre de poche, Paris, Paris 1964, 10 euros.

Voilà ce qu’on y apprend:

– CE QUE NOUS DENOMMONS AUJOURD’HUI DES NATIONS, existe dès que des groupes humains s’assemblent, en principe sur un territoire commun, parlent un ou plusieurs idiomes communs, croient à des valeurs communes, et vivent ensemble depuis un temps suffisamment long (quelques siècles) pour développer entre eux un sentiment de « parenté », qui est tel qu’il sentent et savent qu’ils appartiennent à une même famille humaine, distincte des entités voisines, lesquelles sont vécues comme étrangères, sinon ennemies.

On a aujourd’hui la CERTITUDE que ce que les théoriciens dénomment, depuis le 19 ème siècle, le « sentiment national », de nos jours rebaptisé d’une manière plus explicite le « sentiment d’appartenance », que l’on croyait d’apparition récente – même le grand Renan l’a cru ! -, est très présent chez de nombreux peuples de l’antiquité. En particulier dans les Cités-Etats grecques, et avant elles les Cités-Etats mésopotamiennes, les citoyens de nombre d’entre elles éprouvent un tel amour pour leur patrie, qu’ils sont prêts à donner leur vie pour elle. « Mourir pour la Patrie » est une formule souvent employée par les auteurs grecs de cette époque, et ce n’est pas une formule creuse, loin s’en faut. A Sparte, durant de longues périodes, les jeunes citoyens ne pensent même qu’à celà, étant élevés et « conditionnés » pour aimer, défendre, et travailler à la gloire de leur pays.(Edmond Lévy, Sparte, Cllection Points, Paris 2003, ages 56 et suivantes). Il en va de même pour les autres autres cités.

En d’autres termes: LES NATIONS EXISTENT DEPUIS PLUSIEURS MILLIERS D’ANNEES.

– CE QUE NOUS DENOMMONS AUJOURD’HUI DES ETATS « INDEPENDANTS », ou « SOUVERAINS »- ce dernier terme doit être préféré au précédent – existent depuis que des groupes plus ou moins vastes, cohérents, possédant un territoire délimité par ce que nous appelons en français moderne des « frontières », se dotent d’institutions stables comportant un Chef suprême (le Roi, l’Empereur, le Pharaon, le Prince, peu importe la terminologie),  un Premier ministre (quel que soit le nom sous lequel il est désigné: Chancelier,  principal conseiller, principal ministre…), des Conseillers (constituant ce que nous désignons  aujourd’hui par le vocable « gouvernement »), une administration centrale et locale, une justice, une armée, une diplomatie…

Plusieurs Etats antiques sont à cet égard exemplaires, par leur sens exceptionnel de l’organisattion.

EN D’AUTRES TERMES: les Etats Indépendants ou souverains existent depuis plusieurs milliers d’années. Exemples les plus connus: l’Empire Assyrien, l’Egypte, Les Etats Grecs, etc. (Il en existe au moins plusieurs dizaines d’autres, sans doute plusieurs centaines).

(Souveraineté des cités grecques: Glotz, pages 37 et 38. Etat spartiate: Pirenne, page 137. Etats de Hammourabi, Pirenne, page 32. Etat égyptien de Aménophis IV, Pirenne, page 65 …..).

– Le DROIT INTERNATIONAL existe dès que voisinent des Nations et/ou des Etats Souverains, et que, du seul fait de leur coexistence plus ou moins pacifique, ils sont dans l’ IMPERIEUSE NECESSITE d’élaborer des règles, des normes, qui leur permettent de régler au moins une partie de leurs contentieux et conflits, la guerre n’étant pas, à quelqu’époque que ce soit, le meilleur moyen d’ aboutir à des solutions.

Les premières preuves de relations internationales attestées par des  écrits – mais qui ont eu des antécédents plus anciens -, remontent ….. au 3 ème millénaire AVANT JESUS CHRIST. Les archives administratives du royaume syrien d’Ebla documentent de nombreux échanges à caractère diplomatique. (Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Laffont, collection Bouquins, Paris, 2001, page 235).

En d’autres termes: le droit International – comme en font foi les innombrables traités et textes de négociations découverts en Mésopotamie, en Egypte et ailleurs – existe DEPUIS PLUSIEURS MILLIERS D’ANNEES.

Ainsi, le très remarquable savant Hugo GROTIUS, auteur du monumental Traité sur le droit de la guerre et de la paix (De jure belli ac pacis) n’a pas créé le droit international au 17 ème siècle (il ne le prétend pas, d’ailleurs); il a seulement  été l’un des grands théoriciens qui ont mis en formules des règles qui existaient bien avant lui, quoique souvent contradictoires (Son remarquable Traité, authentique chef d’oeuvre, vient d’être réédité aux Presses universitaires de France, collection « Quadridge », Paris, 2005, 868 pages).

VOUS VOILA MAINTENANT PROFESSEURS; je vous intronise tels puisque, sur ces points essentiels, vous en savez davantage que certains professeurs émérites des facultés de Bretagne. J’en connais plus d’un qui, ayant entretenus les jeunes Bretons dans l’erreur et dans l’ignorance jusqu’à ces toutes dernières années, quant à l’antiquité de leur Nation, vont en perdre leur dentier! Ceux d’entre eux qui ont enseigné que l’histoire commence en 1789, vont, je crois, perdre définitivement la face, et ne seront jamais pardonnés par leurs élèves.

Après avoir lu les trois livres ci-dessus – MAIS PAS AVANT – interposez vous entre les propos qui se lisent dans le Nouvel Observateur, et les lecteurs. (Le rédacteur en chef est le délicieux M. BARBIER, qui n’aurait pas été connu en Bretagne si son journal n’avait  publié tant de sottises sur notre Pays).

Vous êtes invités à lui adresser copie du présent document. Il vient de se marier. Ce lui sera un beau cadeau. (mail:redaction@nouvelobs.com).

Quelle giffle magistrale pour ceux qui osent écrire dans des hebdomadaires à grand tirage, après quarante années d’enseignement dans les facultés de Bretagne (dans quel but?), des inepties aussi monumentales sur les Nations, les Etats souverains, le Droit international, alors que toute la littérature universelle prouve le contraire, depuis si longtemps.

2 – SOUVERAINETE et TRAITES D’ALLIANCE.

Il est dramatique, dans cette phase de reconstruction de la Bretagne, à partir d’une réécriture enfin saine de son histoire, et de l’élaboration d’une DOCTRINE débarrassée de tous les éléments parasites surajoutés par strates à partir des invasions de la Principauté SOUVERAINE de Bretagne en 1488, puis en 1491, de voir pêle-mêle confondues deux notions rigoureusement indépendantes l’une de l’autre:

a – LA SOUVERAINETE. Est souverain celui qui exerce au sommet les prérogatives de l’Etat, appelées souvent « régaliennes »:  gouverner,  élaborer les lois et les modifier, rendre la justice, faire la guerre et la paix, désigner des ambassadeurs et conduire la diplomatie, signer des traités, battre monnaie …

b -Le fait de conclure des TRAITES D’ALLIANCE avec les souverains voisins, en particulier ceux qui, dans la hiérarchie des Etats, occupent par l’étendue de leur territoire, leur puissance, leur prestige, un rang honorifiquement supérieur.

La France et la Bretagne du moyen âge sont DEUX ETATS RIGOUREUSEMENT DISTINCTS. Le roi de France et le Duc de Bretagne sont l’un et l’autre Souverains dans leurs pays respectifs. « Le Duc est roi dans sa Duché »; « le Roi est empereur dans son royaume », tels sont les deux adages utilisés de part et d’autre de la frontière brito-française.

Les deux pays ont, progressivement, d’ UNE MANIERE PARALLELE, mis en place LEUR APPAREIL ETATIQUE, les deux se distinguant par des différences fondamentales, le premier (la France) évoluant vers l’absolutisme, le second (la Bretagne), vers le consensualisme, c’est à dire la démocratie. (Contrairement à ce que l’on pense, les tendances démocratiques sont très présentes au moyen-âge; voir l’ouvrage de François-Tommy Perrens, La démocratie en France au moyen âge, Paris, 1873, et Genève 1975). CHACUN EXERCE DANS SA PRINCIPAUTE LES POUVOIRS REGALIENS tels que définis ci-dessus: l’autorité du roi de France s’arrête NET aux frontières de Bretagne; symétriquement, les prérogatives du Duc de Bretagne s’arrêtent NET aux dites frontières (Marcel Planiol, tome 3, pages 51 et suivantes, pages 94, 95, 123, 124 ….). Marcel Planiol résume toute la question de la manière suivante: « On ne pourrait citer une seule ordonnance royale (= une seule loi promulguée en France), qui ait reçu son exécution en Bretagne. le pouvoir législatif s’exerce à l’intérieur du Duché d’une façon SOUVERAINE et INDEPENDANTE. Celui du roi  S’ARRETE AUX FRONTIERES ».

Les deux pays entretiennent des rapports quasi-constamment conflictuels, avec des phases d’accalmie plus ou moins longues, le plus puissant des deux (la France) essayant en permanence d’empiéter sur les prérogatives de la Principauté de Bretagne. Celle-ci se défend avec un acharnement féroce, avec succès, jusqu’au moment ou elle succombe sous les invasions de son ennemi millénaire, en 1488, puis en 1491.

Au début de chaque règne, le Duc de Bretagne prête, comme on dit, « hommage » au roi de France: par là, il CONCLUT AVEC LUI UN CONTRAT D’ALLIANCE, rien d’autre. Il reconnait la suprématie HONORIFIQUE du roi de France, ce qui est normal, celui-ci étant à la tête d’un pays beaucoup plus étendu et plus puissant, mais ne lui concède strictement RIEN de sa propre souveraineté sur SES ETATS. Le fait que l’un prête hommage à l’autre ne change rien au fait que, dans sa Duché , le Duc est souverain.

TOUTES LES DONNEES DU DEBAT SONT CONTENUES DANS LES LIGNES CI-DESSUS.

Ce débat relève, non des historiens, mais des juristes et des spécialistes de la science politique. Chacun possède ses compétences, dans son propre domaine. Les compétences des historiens sont précieuses, mais ne contiennent rien qui puisse permettre de comprendre, au plan juridique, les tenants et les aboutissants des relations entre les deux Etats sus-cités. Les textes exhumés et publiés par eux sont indispensables; sans ces textes, rien ne serait possible (voir Lobineau, Morice, La Borderie, Michael Jones…..).  Mais on est ici dans le domaine de la théorie politique pure. Il faut accepter cette réalité, et en prendre son parti. Toutes les thèses qui seront écrites sur le sujet dans le futur sur ce sujet devront désormais être laissées à la compétence des seuls spécialistes capables d’en comprendre tous les aspects, les historiens pouvant, bien entendu, Y ETRE ASSOCIES.

Voila les préliminaires de tout débat sur la question, qu’il va bientôt être temps de rendre claire.

NOTA. Les deux textes ci-dessus sont authentiques. Ils sont classiques, parmi quelques dizaines – ou centaines – d’autres , familiers à ceux qui fréquentent les archives, plutôt que les mauvais manuels diffusés dans le commerce. Ils sont STRICTEMENT conformes aux originaux. Je les ai simplement traduits en français moderne, pour qu’on puisse en mesurer l’incroyable portée. Si je parcours ce qui s’écrit sur le net, il semble que certaines de mes phrases sont si contraires à ce qu’on a lu jusqu’à présent, que mes écrits semblent à certains « révolutionnaires », comme me l’ écrit récemment le directeur de l’ABP. Qu’on se rassure: TOUT EST STRICTEMENT EXACT. Une carrière universitaire commencée en 1960 interdit toute fantaisie ou toute inexactitude. Je compte bien, qu’on le sache, flanquer par terre tous les tabous de l’histoire de Bretagne. Pour les raisons exposées ci-après, ce travail ne peut être réalisé dans la précipitation. Les vérités destinées à se substituer aux contre-vérités enseignées ne peuvent être « ingurgitées » en une seule fois: elles doivent être méditées, réfléchies, controlées, comprises.

L’INCROYABLE LETTRE CI-DESSUS, du duc JEAN IV, adressée au roi de France Charles V, grand père de Louis XI, est publiée par Planiol (tome 3, page 58, note 32), et, dans son intégralité, par l’admirable Michael JONES, dans son « Recueil des actes de Jean IV , Duc de Bretagne » (Devonshire Press, Torquay, Devon, 1983, tome 2, pages 373 et suivantes). Tout le monde y a accès, donc.

On trouvera un texte semblable, qu’on pourrait, sans trop abuser du terme, comparer au texte d’une « Constitution coutumière » de la Bretagne, très complète, rédigée par le gouvernement breton, signée par François II, père d’Anne de Bretagne, dans les compte-rendus du 107 ème Congrès national des sociétés savantes, tenu à Brest en 1982, présenté par Philippe CONTAMINE, professseur d’histoire médiévale à la Sorbonne, excellent spécialiste de la Bretagne. On trouve, en particulier, cette lettre adressée AU ROI DE FRANCE LOUIS XI, sous la plume du Duc Souverain François II, des phrases admirables telles que celles-ci:

 » Le Duc (de Bretagne) a la charge DE TOUTE SA NATION… Il ne peut (quitter) son Pays sans mettre en danger sa personne et son Pays « .

 » Il n’est pas de la coutume de Bretagne que le Duc puisse faire la guerre sans l’avis, la délibération et le CONSEIL DE SES SUJETS, spécialement des prélats et des barons de son Pays…

 » Jamais il n’a été trouvé (= jamais il n’a existé ) que les rois de France … aient pu contraindre le Duc à faire la guerre avec eux … sauf DANS LES CAS OU LE DUC S’EST ASTREINT à la défense du roi et à la défense du royaume, PAR L’EFFET D’UN TRAITE …..Si, plus d’une fois, il est advenu que les Bretons ont participé à ses guerres, CELA A ETE LIBREMENT ET VOLONTAIREMENT, et par l’effet de LEUR FACULTE (= de leur libre volonté), ET DE LEUR PLAISIR…. » Etc.

LE DEUXIEME TEXTE CI-DESSUS, du Duc François II, père d’Anne de Bretagne, est accessible depuis au moins … 1746 (Morice, tome III, page 478). Sauf erreur de ma part, Alain Bouchard, d’Argentré et Lobineau l’avaient également publié.

II –  DE LA NECESSITE DE LIRE DES OUVRAGES DIGNES DE CREDIT, ET DE S’INFORMER EN LISANT LES SOURCES, NON DES « RESUCEES » écrites de troisième ou de quatrième main par des « hystoriens » auto-proclamés.

1 – MEME EN BRETAGNE, IL EXISTE D’EXCELLENTS ONVRAGES SUR L’HISTOIRE DE NOTRE PAYS.

Je cite parfois des références essentielles, se rapportant notamment au monumental ouvrage de Marcel Planiol – mais aussi à des thèses plus spécialisées, de Le Moy, rébillon, Bonvallet, etc. -; on s’obstine à ne pas les lire, bien que ces auteurs  ont sinon tout dit, en tout cas  tout compris.

S’agissant des évènements de 1532 , Planiol ne les qualifie évidemment jamais de « Traité », mais d’ANNEXION (le chapitre Premier du tome cinquième de son livre, est précisément intitulé, en très gros caractères: L’ANNEXION; ce texte est l’un des plus importants qu’il ait écrits). Voici, par exemple, ce qu’il écrit page 9:

 » La guerre était finie. Mais la guerre ne décide pas tout. VAINCUE, LA BRETAGNE N’ETAIT PAS ENCORE REUNIE A LA FRANCE. Il restait à déterminer sous quelle forme et à quelles conditions SE FERAIT SON ANNEXION. Cette opération FUT SI LABORIEUSE qu’elle se termina seulement en 1532…. le roi (de France) avait pris soin DE DONNER A SES PRETENTIONS L’APPARENCE DU DROIT … »

 » Ces parchemins (étaient) sans valeur »… Etc.

2 – LA DESTRUCTION DES TABOUS EXIGE UNE ENERGIE PHENOMENALE.

Combien d’universitaires ont compris la portée de ces analyses? Pour comprendre cela, la connaissance des faits, des datesdes sources, ne suffit pas: il faut avoir reçu une formation adéquate pour les interpréter au regard du droit, et, qui plus est, d’avoir blanchi sous le harnais. Cela demande non pas quelques années, mais des dizaines d’années. Le médecin qui sort de la faculté possède un titre, non une compétence. Cela est encore plus vrai pour le juriste, qui n’apprend son métier qu’en le pratiquant.

Nous sommes trois juristes à avoir réalisé la même analyse quant à l’annexion de la Bretagne par la France: l’illustre d’Argentré, le grand Marcel Planiol, moi-même. Je ne revendique aucune antériorité quand à l’analyse juridique de ce qui s’est passé. J’ai poussé la » dissection » plus loin que mes prédécesseurs, pour trois raisons:

– Je me suis donné le temps de le faire, en me concentrant particulièrement sur cette période;

– J’ai eu accès à un nombre de documents beaucoup plus importants qu’eux;

– Ma passion pour l’histoire du monde, l’histoire comparée, des civilisations, des sociétés, l’histoire des Institutions (cette matière est une discipline à part entière, enseignée comme telle dans les facultés, je ne cesse de l’étudier depuis….1960, soit 48 ans (!) ), m’a fourni une masse de connaissances, des éléments de comparaison qui m’ont permis de comprendre, les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce qui s’est passé en Bretagne.

IL FAUT, SANS CESSE ET SANS CESSE, répéter cette vérité essentielle: la Bretagne n’a pas été  » réunie  » à la France par l’effet du Droit, mais par la force, CAMOUFLEE par des manoeuvres destinées à dissimuler la réalité. Elle a été envahie, détruite, subjuguée par son voisin, plus puissant qu’elle. Des « collabos »locaux ont apporté, hélas nombreux (voir la thèse de Dominique LEPAGE, souvent citée, qui procède à une véritable « dissection » du processus, à partir du moment ou l’envahisseur s’est trouvé en mesure de contrôler peu à peu TOUS LES ROUAGES DES FINANCES ET DE L’ADMINISTRATION; mes recherches, davantage centrées sur l’appareil de l’Etat, confirment et amplifient les données qu’il a mises au jour de son coté). Le concours de ces « collabos » à cette oeuvre de destruction, qui ont partagé les dépouilles avec l’envahisseur, a été essentiel. (Le phénomène n’a pas disparu, si honteux soit-il, mais a au contraire prospéré; les collabos n’ont jamais été si nombreux; ils forment une secte particulière, informelle, que je dénomme la « secte des mangeurs de soupe »; celle-ci, qui manipule avec talent les discours ambigus, bretons en Bretagne, mais étroitement « clientélisés » par Paris, faute de quoi elle n’existerait pas).

L’une des vérités qu’il N’EST ABSOLUMENT PAS BON DE DIRE EN PUBLIC, EST CELLE-CI: La Bretagne a payé, compte tenu de l’ exiguité de son territoire et la faiblesse de sa population, un tribut d’une lourdeur invraisemblable  dans les conflits que la France , presque toujours en guerre par sa volonté destructrice de s’agrandir aux dépens des autres, a entretenu sur le continent européens. (Cette volonté d’envahir les autres n’est pas inventée ici pour les besoins de la cause; elle fut connue et dénoncée depuis longtemps, notamment par l’archevêque de Cambrai, l’illustre Fénelon, précepteur du Duc de Bourgogne, dauphin destiné à succéder au roi régant, dans une lettre anonyme au roi Louis XIV). Il ne s’agit pas de juger ce pays pour ces faits de guerre des siècles après qu’ils ont eu lieu, mais de dire objectivement les choses. Après qu’elle ait été annexée, contre son gré, la Bretagne, entre autres choses, a servi de réservoir de chair à canon. La France, en 1532, s’était solennellement engagée à ne pas utiliser les soldats bretons hors de leur pays. Or, violant ses engagements, elle leur a accordé une préférence marquée pour les sortir de chez eux, pour les placer en première ligne, notamment lors de la première guerre mondiale d e 1914-1918. Ils ont laissé, sur le terain, plus de 200 000 morts, une « saignée » effroyable que les Bretons, ouvertement imputent à la sottise de la France, car leur pays ne s’est jamais relevé de cette hécatombe. ATTENDEZ VOUS, JOURNALISTES FRANCAIS, qu’on vous demande des comptes pour vos misérables vomissures irresponsables sur le prétendu « nazisme » des Bretons. LES NAZIS, c’est VOUS.

Patrick Le Lay, ex président de la chaine de télévision TF 1, avait causé un énorme scandale, il y a peu, en lançant cette bombe: la France a accompli en Bretagne un génocide culturel et linguistique (le mot « génocide » n’est pas adéquat, mais il a le mérite, en cette phase historique d’appauvrissement considérable de la culture pour « les masses populaires », d’être compréhensible).  Le Lay vend du coca-cola, comme il l’a avoué publiquement, ce qu’il n’aurait pas du faire. On peut lui pardonner cette approximation dans l’usage du vocabulaire; il a accompli un acte  de courage en parlant comme il l’a fait. Même si l’on savait ce qu’il a dit, il n’était pas évident, dans sa position, de le faire. On regrette qu’il n’ait pas récidivé, et qu’il n’en ait pas tiré les conséquences, de même qu’on déplore le silence effrayant des Bolloré et des Pinault sur le sujet, ainsi que d’autres.

3 – LE PLUS FORT DISPOSE DE FORCES OCCULTES POUR MAINTENIR LA VIOLATION DE L’ETAT DE DROIT.

LA PRESSE, contrôlée et consentante, par un mécanisme typiquement fasciste, vient d’escamoter sous nos yeux la plus belle, la plus pacifique de nos manifestations identitaires, dans notre capitale historique. On me dit que ceux qui ont fait cela dorment sur leurs deux oreilles: cela me semble impossible. Pour ma part, je n’oserais plus me montrer nulle part, je serais mort de honte.

LA BRETAGNE EST MANIPULEE de l’extérieur, LES PARLEMENTAIRES ne sont pas élus, mais cooptés par l’effet d’un trompe-l’oeil dénommé « le suffrage universel ». Leur stratégie est simple, mais humiliante pour leur pays: ils s’agenouillent devant les états-majors des partis français, ils sont sélectionnés en raison de leur docilité (ce sont de si braves gens!!!!), on les adoube, ils sont présentés comme candidats officiels en Bretagne, ils sont élus, après un simulacre de combat électoral. De toutes manières, s’il ne sont pas élus, ce sera la prochaine fois. Pas très brillant, convenons-en ! Hélas pour eux: TOUT CELA EST CONNU, et maintenant clair pour tous.

LES TABOUS DE L’HISTOIRE BRETONNE.

L’histoire du Monde comporte ce phénomème étrange, qui permet de mieux comprendre ce qui se passe en Bretagne, qui n’est qu’un aspect de l’histoire universelle: LORSQUE DES IDEES FAUSSES ont été enseignées et répandues comme étant la vérité, cet ordre falsifié devient confortable pour ceux qui l’acceptent. Dans de nombreux cas, leur silence est récompensé. Quiconque tente de remettre les faits à leur vraie place, se heurte non pas seulement à une levée de boucliers, mais à des manoeuvres qui vont jusqu’à l’injure, l’insulte. On est en présence du tonneau des Danaides, avec cette différence fondamentale: un tonneau percé d’un orifice par lequel l’eau s’écoule, doit être rempli sans cesse. Le tonneau breton lui, n’a pas de fond. A peine a-t-on démontré une chose, qu’il faut recommencer. On a beau dire que la Bretagne est annexée depuis l’invasion de 1491, un parti breton s’obstine à vouloir la faire commencer en 1532. On a beau avoir démontré  que le prétendu traité de 1532 n’est pas davantage un traité que les « protectorats » instaurés par la force ( en Tunisie, au Maroc….), on a tellement l’habitude de le dire, qu’on ne peut même pas réaliser l’argument formidable que constitue cette analyse pour la reconstruction de la Bretagne, face au pays qui l’a saccagée et envahie ….

Ainsi en est-il pour l’hommage prêté au début de chaque règne par les Ducs de Bretagne. Les historiens postérieurs à 1789 ont tellement eu peur de dire la vérité – la sauvegarde de leur carrière explique leur attitude – que presque tout est encore à faire. (Rappels: la chronique du bon docteur Louis Mélennec sur « La trouille bretonne », à relire, sur Google; le mémoire de DEA du même auteur, soutenu devant la Sorbonne en 2001).

IL EXISTE, INDISCUTABLEMENT, UNE HISTOIRE OFFICIELLE DE LA BRETAGNE. Il y a les propos que l’on peut tenir, d’autres qui doivent être tus. Il y a les thèses qui peuvent être mises en chantier (les choux, les navets, les carottes, etc.), et celles qu’il ne faut pas mettre en oeuvre, à peine de précipiter dans le péril à la fois le Professeur et l’élève (que l’on appelle aujourd’hui  le » doctorant », comme on dénomme l’élève des écoles « l’apprenant »). Si, malgré tout, le professeur des Universités fait preuve de hardiesse, il doit ne laisser traiter que des sujets savamment neutralisés et maitriser ses propos – ce qui, il est vrai, de la part de gens de talent (qu’on n’imagine pas que je ne les connais pas, et que j’ignore ce que la Bretagne leur doit), produit malgré tout des perles (Kerhervé, Lepage, Tonnerre, Coativy, Cassard, Le Menn et d’autres …).

J’ai rappelé dans mon mémoire de DEA – qui circule largement sur la toile -, les ennuis graves auxquels s’exposa le Grand d’Argentré, en publiant en 1583 (Planiol, tome 5, page 12, note 20), les conditions dans lesquelles la concussion initiée par la Cour de France, la trahison des collabos bretons furent les grands moteurs de la mascarade que d’aucuns s’obstinent encore à appeler  » Le Traité de réunion de la Bretagne à la France ». Et comment  les historiens suivants, de siècle en siècle, muselés d’une manière au moins implicite – mais aussi gratifiés pour leur complaisance, en vertu de la politique dite « de la carotte et du bâton »-, surent naviguer entre les écueils pour exprimer, malgré tout, des vérités intéressantes (Voir le mémoire de DEA; pour d’Argentré, pages 6 et suivantes; pour Morice, pages 13 et suivantes; pour la Borderie, Dupuy,  Pocquet, pages 23 et suivantes: A LIRE ABSOLUMENT). Il m’est très pénible d’écrire ici que l’historien de qualité qu’était Emile GABORY, dans les pages conclusives de son livre « Anne de Bretagne, Duchesse et Reine », publié chez Plon en 1941, parfaitement documenté – GABORY est archiviste – A MENTI D’UNE MANIERE EFFRONTEE en écrivant la fin de l’indépendance de la Bretagne comme la lune de miel au terme de laquelle la Bretagne est fécondée par la France (pages 277 à 282). La vérité fut toute autre: en 1488 et en 1491, C’EST UNE ARMEE DE FRELONS qui fondit sur la Bretagne, qui ne s’en est jamais relevée. Ces dernières guerres d’indépendance se firent dans un climat de haine ATROCE (voyez La Borderie, je vous laisse travailler un peu : au moins UNE FOIS, trouvez vous mêmes les références!).

Cela m’a fait chaud au coeur, dans l’ouvrage publié en 2004 aux Presses Universitaires de Rennes – hélas très peu diffusées auprès de grand public, vouées par destination au petit cercle d’intellectuels capables de « s’accrocher » à ces textes très spécialisés -, de lire, sous la plume de M. Vincent WYART – prudente, il est vrai -,  des développements très pertinents, et même souvent aigus, sur cette histoire officielle imposée de Paris, et les persécutions qu’ont du subir les auteurs comme Reynald Secher (page 75), non pour avoir écrit des choses fausses, mais pour avoir écrit la vérité, de surcroit, dans ses célèbres albums illustrés, lus par plus de DEUX MILLIONS de personnes. Cet auteur a été persécuté pour des raisons qu’il faut qualifier d’authentiquement RACISTES: il appartient à une famille politique de droite; il est catholique pratiquant; il va à la messe; IL PRATIQUE LES VERTUS CHRETIENNES (moi, athée, je m’honore de son amitié; cela fait une différence d’attitude, je crois, dans l’approche des êtres humains par rapport à ces fouchtri-fouchtras de Télérama, du Nouvel Observateur et autres ). Le journaliste Olivier Millot, sommé par moi de participer à un débat contradictoire sur l’histoire de la Bretagne, a fui dans la campagne, plutôt que de se faire laver la tête en public; idem pour ce bon M. Barbier, du Nouvel Observateur.

Quelques phrases seulement de Vincent Wyart, extraites du livre précité:

 » Que reproche-t-on, au juste, à cette bande dessinée de Reynald Secher et de René Le Honzec ? D’être une réécriture de l’histoire ? COMPAREE A L’HISTOIRE OFFICIELLE, ELLE L’EST TRES CERTAINEMENT « .

 » Pour les Bretons, leur Histoire est plus qu’un devoir de mémoire, C’EST UNE NECESSITE ».

 » L’histoire bretonne constitue un enjeu de société… elle est le support nécessaire à la construction de l’identité…L’identité culturelle est pour les Bretons le moyen d’accéder à une légitimité sociale et politique QUE LA FRANCE LEUR A TOUJOURS REFUSEE ».

(Nathalie Dugalès, Ronan le Coadic, Fabrice Patez et autres auteurs, ET LA BRETAGNE ? Héritage, Identité, Projets (Presses universitaires de Rennes, Rennes 2004).

On est loin, n’est-il pas vrai, des ….conneries de Télérama, du Nouvel Observateur, et autres journaux « démocratiques » qui abondent en France, et aussi en Bretagne !

Un souvenir personnel honteux: il y a quelques années, je fus mis en rapport avec Rozen Millin, collaborarice de LE LAY, à TV Breizh. Je lui proposais de faire en direct, des émissions d’histoire de Bretagne, comme celles d’Alain DECAUX à la télévision française.

Que croyez vous qu’il arriva?

RIEN, RIEN, RIEN.

Bis repetita: que font donc ces bons M.M.M. Bolloré, Pinault, Le Lay ? ….. Silence, on tourne!

II – S’AGISSANT DE LA NOTION D’HOMMAGE, et des relations de la France et de la Bretagne au Moyen-âge, l’ignorance est sans fond: c’est un abîme.

Les Bretons sont responsables de cette situation. Nos archives nationales sont magnifiques, ce sont celles d’un important Etat souverain jusqu’à la fin du 15 ème siècle. Difficile de n’être pas au fond du puits lorsqu’on s’obstine à ne rien lire sur le sujet. Ni à vouloir s’aider de travaux superbes comme ceux de Planiol. Ou bien à rêver du retour au massacres de 1789, de 1917, et autres, ceux-ci, c’est bien connu, étant le critère des progrès du genre humain.

De surcroit, comme je l’ai souvent répété, les ouvrages spécialisés sur le monde féodal et sur son analyse juridique et politique sont légion. Il est impardonnable de n’avoir pas lu ces travaux, de ne pas s’être doté des connaissances théoriques sans lesquelles aucune analyse des relations brito-franques n’est possible.

Dans un site breton, je lis plusieurs choses étonnantes:

1) Du moment que les Ducs de Bretagne prêtent hommage au roi de France, ils RECONNAISSENT QU’ILS SONT LEURS SUBORDONNES (!!!).

L’auteur de cette affirmation ignore donc que l’hommage ne crée pas un lien de subordination, ce qui est grave: voir ci-dessous, pour la n ième fois, la définition du CONTRAT vassalique; se reporter au livre de F.L. GANSHOF, Qu’est-ce que la féodalité, Pluriel, Paris, pages 115 et suivantes. L’investtissement (10 euros, une demi-heure de lecture pour ce chapitre) lèvera D’UNE MANIERE DEFINITIVE ET IRREMEDIABLE cette gravissime inexactitude répétée invariablement depuis plusieurs siècles, y compris par La Borderie. La Bretagne n’est pas un »fief ». Les Bretons tiennent leur pays d’eux mêmes, en aucun cas des rois de France.

2) Du moment que les Ducs se sont reconnus les subordonnés du roi de France, celui-ci est PROPRIETAIRE (vous avez bien lu: propriétaire !!!!) du Duché de Bretagne.

L’auteur de cette affirmation ignore donc que – même si le terme « propriétaire » se lit parfois dans les textes -, ni les rois de France, ni les Ducs de Bretagne ne sont les « propriétaires » du royaume ou du Duché. Ils sont titulaires d’une FONCTION – comme peut l’être aujourd’hui la reine d’Angleterre, toutes proportions gardées -, mais non pas propriétaires de leur Seigneurie.

Au moyen age, les théologiens comme les docteurs de la loi admettent que le pouvoir du Prince, selon la doctrine catholique, vient de Dieu (« Omnis potestas a deo »), mais que c’est au nom du peuple, qui la lui délègue, qu’il gouverne, dans l’intérêt du peuple, non dans son intérêt personnel. Il en résulte que le peuple peut retirer le pouvoit au Prince, s’il est indigne. (Dans les cas extrême, il peut même … l’assassiner; voir le sort de quelques rois d’Angleterre). Détenant un pouvoir qui lui est seulement délégué, IL NE PEUT L’ALIENER, CAR IL NE LUI APPARTIENT PAS. C’est la célèbre théorie de l’INALIENABILITE (Fr. Olivier-Martin, page 338; PC Timbal et A. Castaldo, page 287; Bazin, Histoire de Louis XI, page … etc.).

Il en résulte que le duché de Bretagne est inaliénable, comme le royaume de France. Il n’est l’objet d’aucune propriété. On verra, notamment, que Charles VIII, se targuant de l’achat par son père Louis XI des prétendus « droits » à lui « vendus » par Nicole de Penthièvre, descendante de la duchesse Jeanne de Penthièvre, ne possède AUCUN DROIT SUR LE DUCHE DE BRETAGNE (= autre ânerie qui traine partout) lorsqu’il envahit le duché en 1488 puis en 1491, à plus forte raison lorsqu’il épouse Anne de Bretagne en décembre 1491: Le Duché, inaliénable, n’était évidemment pas à vendre, et LOUIS XI n’a rien acheté du tout à Nicole de Penthièvre, si ce n’est du vent; de plus, les Penthièvre avaient été déchus définitivement de tout droit à la couronne de Bretagne, et ne pouvaient pas céder ce qui ne leur appartenait pas (s’il y a matière, je publierai mes notes sur ce point).

(S’agissant des prétendus droits du roi de France sur le Duché, par le fait que le Duc lui prête hommage), on croit lire  la copie conforme de cette phrase insensée glanée dans un (mauvais) ouvrage publié par Fayard en 1993, sous une plume qui en a bien d’autres à son actif:  » Par le fait que le Duc de Bretagne prête hommage au roi, depuis au moins quatre siècles (FAUX: le premier hommage connu est celui d’Arthur, en 1199, le second en 1202, Boutruche, page 409; Lobineau, tome 1, page 180),  LA BRETAGNE fait partie du royaume. »

3) Le bon docteur Mélennec se refuse à tout débat sur la question de l’hommage.

Mais qui donc a sollicité un « débat » contradictoire sur ce sujet ??? Qui donc a apporté LE MOINDRE ELEMENT INTERESSANT SUR LA MASCARADE DE 1532 ? ? ?  Seraient-ce les Corbeaux de seconde génération, qui viennent d’écrire dans Wikipédia, à nouveau, sous la banière héroique de l’anonymat, le contraire du texte qui figurait  dans le bref article publié sur « Histoire et Identité bretonnes », rédigé par un ami, corrigé par moi (notamment sur le fait QUE JE NE FAIS PAS PARTIE DU « MOUVEMENT BRETON », si honorable soit-il, et malgré les nombreux amis que j’y compte; que je suis membre de l’UDF depuis 1994, du modem depuis 2008; que je ne suis pas un « NATIONALISTE BRETON », sauf si cette expression signifie que la Bretagne est mon Pays, que j’ai une affection naturelle et légitime pour le Pays dont je suis issu, sans aucune exclusive à l’égard des autres nations; que je ne passe pas mon temps, moi qui ne donne guère plus de deux ou trois conférences par an et qui déteste paraître en public,  à « évangéliser » les campagnes bretonnes pour faire des Bretons des « autonomistes » ou des « indépendantistes », comme s’ils avaient besoin de mon opinion pour décider eux mêmes de leur destin, Y COMPRIS CELUI D’ETRE FRANCAIS si telle est leur volonté.

Il vaut mieux que mon honorable « correspondant » n’ entre pas dans ce « débat », sans avoir rien lu sur le sujet, surtout pas les « hystoriens » non spécialisés en droit médiéval, qui ne savent ni ce qu’est la souveraineté, ni ce que sont la foi, le serment, l’hommage.

Voici quelques recommandations strictes destinées à ceux qui veulent réellement savoir ce qu’est l’hommage:

– Se reporter – c’est au moins la VINGTIEME FOIS que je fais cette recommandation, aux auteurs spécialisés, tant anciens (Philippe de Beaumanoir, Fulbert de Chartres, le Songe du Vergier….), que modernes (Achille Luchaire, Marcel Bloch, Le Marinier, Bouissou, Humbert, Philippe Nemo (indispensable), P.C. Timbal, J. Maillet, Fr. Olivier Martin (indispensable), Poly et Bournazel, Renouvin et Duroselle, R. Boutruche (2 tomes volumineux, irremplaçables….etc.).

Le meilleur traité sur le problème, est celui de F.L. Gansdorf, juriste de haut vol, intitulé « Qu’est-ce que la féodalité », constamment réédité dans la collection Pluriel, petit livre simple qui compte, tout de même…. 296 pages (Paris, 1982).

–  Lire tous les comptes rendus rédigés par les notaires et officiers ducaux et royaux établis à l’occasion de hommages des ducs souverains de Bretagne. A défaut de Lobineau ou de Dom Morice, ouvrages pesants et compliqués pour le non-spécialiste, ce ne sera pas un exploit si l’on utilise l’histoire publiée sous la signature d’Arthur de la Borderie, qui reproduit plusieurs de ces compte-rendus de ces prestations d’hommage, faites par le Duc de Bretagne, avec un dégout extrême.

– Lire, relire, relire, relire encore le remarquable Traité de Marcel Planiol sur l’Histoire des Institutions de la Bretagne, en particulier, si l’on ne veut pas trop se fatiguer, tout ce qui traite du gouvernement breton au Moyen-âge, soit le tiers du tome 3 (pages 5 à 162) (Mayenne, 1981).  A ceux qui militent du matin au soir, ce n’est surement pas trop demander. Ceux qui veulent reconstruire la Bretagne NE PEUVENT SE DISPENSER DE CONNAITRE PARFAITEMENT LES FONDAMENTAUX DE L’HISTOIRE, débarrassée des sottises qu’on lit partout.

Pour la centième fois: le chapître sur « LA SOUVERAINETE DES DUCS » (pages 51 à 85) est PARFAIT. Si parfait que PERSONNE ne l’a lu en Bretagne, que n’importe qui en parle ….. pour la nier. Même l’Express. Et ce cher ami de la Bretagne: M. Mélenchon, qui a eu cette pensée profonde sur les Bretons qui prétendent transmettre le patrimoine linguistique de leurs ancêtres à leurs enfants: » C’EST UNE SECTE ! » Pas mal, pour ce membre de la secte française, qui par le bâton, les coups, l’humiliation, le LAVAGE DES CERVEAUX, la destruction des esprits et de la Dignité, a imposé son patois en massacrant celui des autres!

Attention!!! Même en allant vite, les milliers de pages citées ci-dessus vont  exiger, pour leur seule lecture, au moins une année entière de travail.

Sur la SOUVERAINETE, mention spéciale pour l’excellent article de Françoise AUTRAND, très connue pour ses travaux sur Charles V et sur Charles VI (voir Google), qu’elle a eu la bonté de me dédicacer, il y a une dizaine d’années, et que je relis encore. Elle a souligné de sa main cette phrase d’un avocat érudit, de 1430, qui écrit:… « Le pays de Bretaigne est moult noble et a moult grandes prééminences. Il a été royaume, et ne veut pas avoir de souverain (que le sien) … On y connait et punit de confiscation le crime de lèse majesté contre le Duc » (Le concept de souveraineté dans la construction de l’Etat en France; Axes et méthodes de l’histoire politique, éditions S. Bernstein et P. Milsza, 1998). (Madame Autrand fut membre du jury de la thèse de doctorat de Jean Kerhervé, dont elle m’ a parlé, à deux reprises, ainsi que de son voyage à Brest. J’espère au moins que les jeunes Bretons savent que Jean Kerhervé, un grand historien, lui, a publié sa monumentale thèse intitulée « L’Etat Breton », chez Maloine, à Paris, en 1987. Maloine était mon éditeur à l’époque, et je dois à son obligeance le cadeau de ce remarquable ouvrage).

3) MUNI DE CES PREALABLES, nous pourrons organiser, EN DIRECT, deux émissions de une heure sur radio Lumière 101. Et, s’il plait à l’ABP (qui est maîtresse de ses programmes, je le souligne), à participer à une émission de télévision de 1 heure au moins.
S’accrocher solidement au bastingage. Il y aura du roulis, si mon interlocuteur n’est pas prêt. On peut être certain que son niveau de connaissances sera sérieusement testé.

Comme je l’ai écrit au moins vingt fois, l’hommage du Duc Souverain de Bretagne ne traduit, NI DE PRES, NI DE LOIN, la moindre sujétion ou subordination à l’égard du roi de France, qui n’est que le souverain d’un pays voisin en tous points DISTINCT DE LA BRETAGNE. La cérémonie de l’hommage n’est que l’aspect formel d’un contrat synallagmatique, qui scelle l’alliance de deux souverains, lesquels se promettent par ce traité des prestations égales et symétriques: de se conseiller mutuellement (le « concilium »), de s’aider en cas de difficultés (l’ « auxilium »), enfin, de ne pas se nuire ou se causer de dommage (Ganshof, pages 134 à 155). Bien sur, dans la mosaique des Etats, le roi de France, plus puissant, a une prééminence honorifique. Mais c’est tout.

La situation du Duc de Bretagne est identique à celle de plusieurs rois (de Naples, d’Angleterre, de Hongrie…) qui, à une certaine époque, ont accepté de faire hommage au Pape, sans que celui-ci ait la moindre prérogative temporelle dans leurs Etats respectifs. Quiconque se donnera la peine de lire (enfin !!!) le chapitre si souvent mentionné écrit par Marcel Planiol sur la Souveraineté des ducs de Bretagne, n’aura plus besoin, sur ce point, d’attendre que je publie un article sur la matière.

(Sur la « vassalisation » du roi d’Angleterre par le Pape: Ph. Némo, page 858; J. Touchard, page 225; Ch. Petit-Dutaillis, page 221 …).

Je le ferai cependant, puisque je sais bien que ces nouvelles recommandations de consulter les sources, et non les inexactitudes ou approximations qu’on lit partout, ne seront suivies d’aucun effet. En plein 21 ème siècle, on colporte des erreurs qui nuisent à la reconstruction de notre Pays, qui ne peut se passer d’une Doctrine, erreurs qui seraient impossibles si la recherche et l’enseignement n’étaient muselés par la situation de fait dans laquelle vit la Bretagne depuis sa mise au pas par ses envahisseurs. Le thème de l’hommage sera traité d’une manière complète (mais non exhaustive) dans l’ouvrage des chroniques de Louis Mélennec, SI TOUTEFOIS IL APPARAIT QUE LE PUBLIC BRETON S’INTERESSE A SON HISTOIRE. S’il n’y a pas de demande, le livre ne paraitra pas. Voila tout. La voie restera ouverte à toutes les mélanchonneries que l’on voudra, si telle est la volonté de nos compatriotes.

MELENCHON; MELENCHONNERIE; MELENCHONNETE, ETC. L’apologie irresponsable de la persécution des langues mondiales et de « l’action civilisatrice » de la Chine au Tibet.

Savez vous que le vocabulaire français vient de s’enrichir d’un mot nouveau, d’un néologisme? L’invention est d’un breton, ce n’est pas mal trouvé.

On dit et on écrit maintenant: « une MELANCHONNERIE ». Comme le sens du mot n’est pas encore fixé, cela signifie quelque chose comme « bêtise », « sottise », »connerie », voire « cochonnerie ». (Rappelons qu’en France, selon la chanson bien connue, les cochons se promènent dans des landeaux, comme vient de le reconnaitre la Justice). Je livre à M. Mélenchon,  tout d’un coup célèbre, partisan inconditionnel du caractère universel du patois français, devenu en Bretagne bretonnante – au moins jusqu’à ces derniers temps -, langue « nationale » par la vertu du lavage des cerveaux post révolutionnaire, ces deux réflexions sur les langues des ploucs:

 »  Toutes les langues existant dans le monde ont une complexité de structure comparable. Celles parlées par les indigènes économiquement les plus démunis sont aussi riches que les nôtres (i.e. : les langues des pays industrialisés, comme … la France). Elles sont parfois dotées de structures plus complexes. Elles ont aussi une littérature et une poésie, même si celles-ci sont souvent uniquement orales… Etc. »

(Cavalli-Sforza, Qui sommes nous ? Champs, Flammarion, 1997, page 230). L’auteur est professeur à Stanford.

Et encore cette citation extraite de ma correspondance avec un grand linguiste breton – dont je dirai le nom en temps utile:

 » Le breton est plus nuancé que le français. Cela tient à la richesse des possibilités bretonnes de préfixation, et surtout de suffixation (ou le français est sans doute LA PLUS PAUVRE DES LANGUES ROMANES). Mais tout est relatif; par exemple, le russe ou le basque sont encore beaucoup plus flexibles et plus riches en nuances dérivatives que les langues brittoniques. CELA TIENT A LA DEFICIENCE DU FRANCAIS, plus qu’aux mérites du breton.  »

La chute est terrible pour ceux de nos voisins nés sots, et destinés à le rester:

« Car le français, si précis – aux dires de ses thuriféraires, QUI N’ENTENDENT PAS D’AUTRES LANGUES -, est un des IDIOMES LES PLUS MINABLES D’EUROPE ».

Vous avez bien lu:  » L’un des idiomes LES PLUS MINABLES D’EUROPE ». Ce n’est pas de moi: je ne suis pas linguiste.

Pan sur le bec du patois français! Pauvres Français, qui ne méritent absolument pas cela!  Mélenchon, pourquoi as tu pris le risque de t’attaquer à la Bretagne? ça pique; et ça fait mal. De plus, ces gens là sont réputés être les gens les plus obstinés du monde. Mélenchon, désormais célèbre et adulé, et qui a écrit autant d’oeuvres immortelles que Simone Weil (et que Giscard d’Estaing, que certains collègues académiciens  dénomment: « Le Bossuet des temps modernes »), est fin prêt pour l’Académie.

Le nom si commun de M. Mélenchon va-t-il devenir un mot illustre du vocabulaire français? Si cela devait se produire, il le devrait à la Bretagne, dont le génie inventif se libère peu à peu des servitudes du passé. Il ne faut jurer de rien: des noms illustres, à l’inverse, sont devenus des mots communs par la vertu inventive du français: ainsi, l’Empereur VESPASIEN a donné naissance à ces ustensiles joliment appelés « vespasiennes »; et le Préfet Poubelle a laissé son nom à ces récipients dans lesquels nous jetons nos détritus.

Mais comparaison n’est pas raison.

(Merci, chers lecteurs, d’adresser cette page au cher grand ami de la Bretagne (et des massacres du Tibet, bien sur!), au Sénat, 15 rue de Vaugirard, Paris (75006). Ne pas oublier ce cher M. Barbier, grand intellectuel aussi, comme chacun le sait. Son adresse mail:    redaction@nouvelobs.com      ).

Louis MELENNEC, docteur en droit.

LES DEUX NATIONALISMES : LE BON ET LE MAUVAIS.  COMMENT ON MANIPULE LES INDIVIDUS.

LE NATIONALISME ADMIRABLE: CELUI DE LA FRANCE.

LE NATIONALISME DES SALAUDS: CELUI DES BRETONS.

On me demande en quoi consistent mes réticences à l’égard du mot « nationalisme ».

Le mot ne me gêne en aucune façon: il existe, il est incontournable.  C’est l’usage qu’en font quelques polémistes intellectuellement peu doués qui me consterne, et la connotation qu’ils y mettent lorsque cela leur donne l’illusion qu’elle sert leur pauvre dialectique.

Parce que les Allemands, les Japonais, d’autres peuples à certaines époques, se sont servis des hommes, exaltant en eux un sentiment naturel, l’amour de leur pays, mais procédant à un authentique lavage de cerveaux, les conditionnant à se croire supérieurs,  puis, les ayant fanatisés et  manipulé pour les précipiter dans des guerres meurtrières, se sont emparés de territoires qui ne leur appartenaient pas, des théoriciens au petit pied ont voulu voir dans ces démarches ce qu’ils ont appelé « LE » nationalisme. Ils en ont tiré la conséquence que seule la République Universelle est de nature à empêcher que les hommes se détruisent dans des guerres ou dans des combats condamnables dans tous les cas.

Au nom de quoi ont été assassinés des millions d’hommes, des cultures, des langues, des civilisations, pour faire disparaître « LES » nations, et lui substituer une seule, ce qui a évidemment échoué.

C’est ainsi que quelques hommes, parmi lesquels d’authentiques malades mentaux, fabriquèrent « LA » France. Celle dont Nicolas Sarkosy dit:  » En France, c’est l’Etat qui a fait la Nation ».

C’est ainsi, d’une manière beaucoup plus monstrueuse, que fut « fabriquée » l’Union des Républiques Socialistes Socialiste ».

J’ai mentionné qu’un pseudo intellectuel français, parce que quelques dizaines de Bretons se sont, dans leur désespoir,  tournés vers les Allemands en 1940, s’est cru autorisé à clamer: « Derrière tout Breton, je vois un nazi ». Il devrait portant être en garde contre de tels raisonnements: si je ne me trompe, il appartient à un groupe humain qui, depuis deux mille ans, victime de la seule sottise des hommes, a été constamment persécuté, sans avoir jamais été coupable de rien.

Il oublie que des centaines de milliers de personnes ont été assassinées en 1789, sous l’accusation, sans autre forme de procès, d’être des « ennemis du peuple », que des millions de personnes ont été massacrées par les dictatures communistes au motif qu’elles étaient des « ennemis de la révolution » , que des paysans russes, dont le seul crime était d’être propriétaires de leurs terres, ont été abattus, que leurs enfants et leurs petits enfants ont trainé toute leur vie l’infâme accusation d’être les descendants de criminels, etc.

Cet homme, dont l’inconséquence est typiquement fasciste et totalitaire, oublie que c’est la France de 1940 qui a été collaborationniste, non la Bretagne. Il oublie que le nationalisme agressif et conquérant de la France, au cours de son histoire, notamment de la conquête de ses colonies (10 millions de klm carrés: 20 fois la France!) a été magnifié comme une religion.

Voici quelques cantiques:

 » Allons enfants de la Patrie, qu’un sang impur abreuve nos sillons  » (La Marseillaise, chant Patriotique des Français).

(A comparer, à l’hymne national breton, chant d’amour pour la terre des aieux, dans lequel on n’égorge personne, par bonheur!).

« Le jour ou, se souvenant qu’elle fut ET QU’ELLE DOIT ETRE LE SALUT DU GENRE HUMAIN, la France s’entourera de ses enfants et leur ENSEIGNERA LA FRANCE COMME FOI ET COMME RELIGION, elle se retrouvera vivante et solide comme le globe ». (SIC !).

Jules Michelet, le Peuple, 1846 cité par Suzanne Citron, page de garde, in Le Mythe National, Paris, 1989).

 » L’exploitation répugne au génie français. Il est essentiellement COLONISATEUR, dans la vraie conception du terme. Si vous prétendez faire du Français une contre-façon du Hollandais (et de l’Anglais!), vous n’y parviendrez pas! »

Abbé Raboisson, Etudes sur les colonies et la colonisation.

 » le peuple qui colonise le plus est le premier peuple ».

Paul Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes.

Etc., etc., etc….

Pour en savoir plus: Le nationalisme français, anthologie, Points Histoire, Paris 1983, 276 pages.

Plus encore: contre culture.org      Vous allez être HORRIFIES sur ce que les nationalistes ont osé vomir sur les Bretons…

Ce nationalisme là a été exalté, et enseigné dans les écoles. De le dire et de l’écrire, n’est en rien condamner d’une manière EXCLUSIVE la France:  TOUTE L’HISTOIRE DU MONDE, DEPUIS LES ORIGINES, est une histoire coloniale et esclavagiste: puisque condamnation il y a, elle doit  nécessairement englober TOUS LES COLONIALISMES et tous les ESCLAVAGISMES, sans en excepter aucun, ce qui inclut les Arabes, les populations d’Afrique, les populations d’Asie, les civilisations d’Amérique, notamment pré-colombiennes.

Dans le même temps, les Bretons qui osaient aimer leur pays, envahi à la fin du quinzième siècle, martyrisé, détruit, ont été qualifiés par les imbéciles de « nationalistes », et désignés comme des criminels, des retardés, des gens à abattre. Toute carrière, pendant les cinq générations qui ont suivi la glorieuse Révolution de 1789 leur a été interdite. Comme le rappelait l’ancien président de l’Organisation des Bretons de l’Extérieur (OBE, actuellement « Bretons du Monde »): « NOUS ETIONS DES PARIAS, DES PESTIFERES ». Au nom du nationalisme français.( La citation est authentique, retranscrite mot à mot).

Une confidence sinistre, émanant de l’un de mes amis, un homme d’une morale remarquable, qui a vécu sa jeunesse en Bretagne, au moment même ou la France continuait à étendre son Empire colonial: « Jeunes, on nous avait tellement endoctrinés par cette propagande contre les prétendus « Nationalistes bretons », que, SI J’EN AVAIS RENCONTRE UN, JE L’AURAIS ABATTU SANS HESITER. »

C’est terrible! Ces bretons là n’étaient coupables de rien. Aujourd’hui, nous le savons.

LE NATIONALISME BRETON, S’IL EXISTE, EST CONFORME AUX IDEAUX ELEVES DE NOTRE CIVILISATION.

Nous ne sommes en aucune façon dupes de ces manipulations des mots. S’il y a un nationalisme en Bretagne, il ne peut qu’être d’inspiration élevée, ouvert sur les autres cultures et sur les autres civilisations. Nous refusons toute autre analyse, et rejetons avec force toutes les assimilations grossières. Notre fond culturel, ce sont les Chevaliers de la Table ronde, Lancelot, la fée Mélusine, l’Enchanteur Merlin, surtout: le Roi Arthur, Tristan et Iseult. J’ai passé toute ma jeunesse et mon adolescence en Bretagne bretonnante. Je connais les valeurs qui m’ont été inculquées.

Pour tout dire: les Bretons sont, dans leur grande majorité, EUROPEENS et CITOYENS DU MONDE. C’est dans l’Europe et dans le Monde qu’ils se réaliseront: là, ils n’auront pas à craindre qu’on assassine leur langue, leur culture, leurs valeurs. Non seulement il n’y a aucune contradiction à cumuler ces trois qualités, c’est le contraire qui n’est pas concevable. La plus importante de toutes les valeurs, celle dans laquelle sont contenues toutes les autres, est le respect d’autrui.

Les politiques bretons, dont beaucoup sont veules, ont commencé à retourner leurs vestes: comme on sait qu’on ne pourra s’en débarrasser, malgré le peu de respect qu’ils nous inspirent (avec, toutefois, quelques exceptions, soyons justes, j’en connais de fort respectables, et qui le seraient encore plus s’ils étaient courageux)), on leur demande d’aller plus vite dans leur métamorphose. Qui a beaucoup voyagé, a beaucoup vu et beaucoup compris. Aucun de nous ne s’attend à voir la plupart, immergés à l’état de chrysalides, devenir papillons flamboyants. Par définition, ils font partie de la race des mutants: donc, qu’ils mutent, qu’ils mutent, bon sang ! ! !  Lorsque le vent aura tourné, et qu’il sentiront d’ou il vient, ce leur sera un jeu d’enfants de se tourner dans le bon sens.  On sait, de toutes les manières, qu’ils s’accrocheront à leurs prébendes, de même que les dignitaires communistes des pays de l’Est sont les milliardaires d’aujourd’hui. Donc: Hue Cocottes !!!

Je souhaite que nos compatriotes cessent d’ écrire un seul livre sur les prétendus crimes qu’on nous impute au début de la guerre de 1940. Nous n’en avons commis aucun. Les quelques exactions qui ont été commises l’ont été par des individus, en leur nom. Nous devons consacrer notre énergie à dénoncer les injustices dont nous avons été et continuons à être victimes, afin qu’il y soit mis un terme. Et surtout: QU’ILS CESSENT DE SE DEFENDRE, et QU’ILS DEMANDENT ENFIN A CEUX D’EN FACE DE SE JUSTIFIER !

Nous reviendrons sur ce sujet qui est devenu meurtrier pour les Bretons, trop NAIFS pour comprendre ce qui se passe réellement: ceux d’en face, infiniment plus pervers et plus nationalistes qu’eux, ont réussi à créer cet amalgame imbécile, à la hauteur de leur bassesse d’âme : à partir d’un nombre INFIME DE BRETONS EXTREMISTES, il ont réussi à amalgamer toute la nation bretonne, en l’accusant d’être complice du nazisme et du fascisme. Cette accusation, D’UN RIDICULE ABSOLU, ne discrédite que ceux qui la formulent. Mais les Bretons, crédules, aux circonvolurions cérébrales non encore tordues, se laissent gruger, et  dépensent une énergie colossale, la ou ils ne sont coupables de rien.

Dr LOUIS MELENNEC

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