1 – LES ECRITS THEORIQUES des juristes, des historiens, des philosophes, des hommes de lettres, des politiques, s’agissant du concept de « nation », sont très tardifs. Les plumitifs ne commencent guère à disserter sur ce concept., et encore timidement et d’une manière tâtonnante, qu’ à partir du 17 ème siècle.
Les débats étant lancés, les auteurs, en grand nombre, parmi les plus importants, s’y intéressent Durkheim, Mazzini, Mommsen, Fustel de Coulanges, Renan….).
L’intéret de savoir ce qu’est une nation, n’est pas seulement théorique, comme nous allons le voir. Reconnaître à un peuple ou à un groupe humain le statut de Nation peut comporter des conséquences immenses, par exemple le droit pour ce peuple de se gouverner lui-même, c’est à dire de se libérer d’ une tutelle injustifiée, souvent exercée à la suite d’une guerre de conquête, ou d’un rapport de force défavorable au peuple soumis (le cas le plus dramatique, au jour ou ce texte est écrit, est celui du Tibet, que d’aucuns (la France est dans ce cas), feignent honteusement de considérer comme étant « une partie de la Chine »(!!!!!!).
2 – Les nations sont aussi vieilles que l’humanité, ou peu s’en faut.
Les nations se mettent à exister dès lors que les hommes, animaux grégaires par nature, se réunissent pour vivre en groupes, facilitant leur existence, leur survie, leur reproduction, dans une nature par définition rude, voire hostile, se dotent d’institutions (si simples soient elles: un chef, un conseil), définissent des normes permettant la vie en commun (le permis, le défendu, l’obligation ), enfin, assignent à chacun (hommes, femmes, enfants, vieillards) … leur rôle dans le groupe social.De même, dès lors que les hommes sont réunis en groupes distincts dans des espaces géographiques suffisamment restreints pour qu’ils puissent être en contact (donc en conflit), il est nécessaire d’élaborer des normes leur permettant de coexister, ou de régler leurs contentieux, lorsqu’ils surviennent. C’est à juste titre que le juriste Le Gohérel (Que sais-je, n° 3090, page 1, Paris, 1996 ) écrit cette phrase qui aurait été jugée sacrilège il y a quelques dizaines d’années: « Le droit international a existé de tous temps …. il n’est une acquisition NI DE NOTRE EPOQUE, NI DE NOTRE CULTURE « . C’est ma doctrine, depuis longtemps: si le droit international existe depuis toujours, c’est parce que les nations sont nées avec l’humanité, en tout cas depuis le temps ou les hommes, ayant acquis la capacité de raisonner, ont cessé de vivre selon les règles de l’instinct, comme les autres espèces animales.
Le concept de « nations premières » ou « primitives », ou » autochtones » (ces termes étant à peu près synonymes), est aujourd’hui admis par tous les auteurs. (Précisons: les auteurs informés). Certaines de ces Nations existent encore, d’ailleurs, dans cet état primitif, et peuvent même être étudiées, pour peu que l’on prenne la peine de se rende en Amazonie, en Papouasie, en Australie, ou dans des régions reculées ou notre civilisation n’a pas encore pénétré.
Voila donc une première pierre (un rocher, à vrai dire) jetée dans le jardin de ceux qui, en Bretagne même, s’acharnent à vouloir nier que la Bretagne ait jamais été une Nation.
D’entrée de jeu, je réfute donc, catégoriquement, l’absurdité qui consiste à dire (ce que font quelques « hystoriens » bretons, mais non pas tous): « la Nation bretonne n’existait pas du temps des Ducs, pour la raison QUE LES NATIONS NE SONT PAS ENCORE NEES A CETTE EPOQUE (!!!!) », ou encore: » le sentiment national breton s’ébauche seulement au XV ème siècle, peu de temps avant la fin de l’indépendance.
3 – La présente dissertation, réalisée sur la foi de réflexions commencées depuis longtemps (obtention de mon Diplome de droit public: 1968, à Paris; professeur de Droit international: M. N GUYEN QUOC DINH), n’a pas seulement pour objet d’apporter une réponse claire à une question restée obscure pour certains auteurs.
(A suivre).