NOMINOE, CHEF DE TOUTE LA BRETAGNE, DUX TOTIUS BRITTANIAE. LA NATION BRETONNE SOUS LE DUX NOMINOE.

louis mélennec 1 
Louis Mélennec, historien de la Bretagne.
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 NOMINOE
Dux totius Brittanniae ou
Roi de Bretagne ?
L’étude qui suit est strictement fidèle aux textes – nombreux -, que nous avons conservés et retrouvés. L’essentiel de ce travail de recherche est dû à la Borderie. Notre vision diffère assez profondément, sur plusieurs points importants, des interprétations qui ont eu cours jusqu’à ces dernières dizaines d’années.
Contrairement à ce que l’on croit parfois, Nominoé n’est pas du tout un chef inconnu ou fantomatique. On va en juger. Alors que les sources historiques bretonnes sont peu nombreuses du début du cinquième siècle au début du huitième siècle, elles se multiplient – au moins d’une manière relative – à partir de 818.  Elles ne se suffisent certes pas à elles-mêmes. Il est nécessaire de les commenter, au regard de ce que l’on sait aujourd’hui de l’histoire des peuples et des nations, et surtout du fonctionnement des institutions politiques des sociétés depuis l’antiquité, et pas seulement d’Europe. Partout, lorsque les sociétés auxquelles ils appartiennent sont parvenues à des stades comparables, les hommes se gouvernent sinon selon des règles identiques, en tout cas très largement similaires. On ne peut plus écrire l’histoire sans des connaissances plus que solides en sociologie. Ce que l’on sait sur certaines sociétés, permet de comprendre les autres, au delà de la sécheresse des textes.  Mais pour n’être pas très détaillées, les sources dont on dispose sont précises, et surtout concordantes.
La parfaite continuité de l’histoire des relations franco-bretonnes – qui n’a cessé d’être une haine vigilante, des contentieux et des conflits permanents, en dépit de quelques accalmies au moins apparentes -, donne une cohésion quasi parfaite à l’exposé ci dessous, qui s’intègre dans cette histoire, que le vol des territoires de Nantes et de la Loire Atlantique par le prédateur colonial vient de raviver, et de rappeler aux Bretons qui il est, et ce qu’ils sont.

La période 825 – 830 coïncide à quelques années près, avec l’ascension d’un chef breton qui va jouer un rôle considérable dans l’histoire de la Bretagne : Nominoë.

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NOMINOE, CHEF DE TOUTE LA BRETAGNE, DUX TOTIUS BRITTANIAE. LA NATION BRETONNE SOUS LE DUX NOMINOE.

De ses origines, on ne sait rien : prince ou simple laboureur ? Les documents ne permettent pas de trancher. Pourvu du titre de « comes » ( = comte) par l’empereur franc Louis le Pieux, on pense qu’il est issu d’un grande famille bretonne, peut-être même royale ou souveraine : il n’était pas d’usage, chez les Francs, de nommer à ces fonctions des gens du peuple. Il a pu paraître plus glorieux, pour certains historiens bretons, d’affirmer qu’il est sorti du peuple : rien ne corrobore cette hypothèse. Aux yeux de certains, cela fait très « chic » d’être sorti d’une masure. C’est absurde : seule la valeur des individus compte.

On ne sait ni pourquoi, ni comment cela s’est réalisé, ni quelles sont ses motivations au début de sa « carrière ». Le fait est que, étant reconnu comme comte par l’empereur franc, il est censé représenter celui-ci dans la ville de Vannes et dans le territoire qui en dépend. On le trouve au « service » de l’empereur Louis le Pieux aux alentours de 830 (probablement en 831) . Il apparaît dans les actes, à partir de cette époque, sous des titres divers : comte de Vannes (Comes Venetice civitatis), prince de la cité de Vannes (princeps Venetice civitatis), délégué de l’empereur Louis (missus imperatoris Ludovici), gouvernant en Bretagne (gubernans in Brittaniam), régnant en Bretagne (regnans in Brittaniam), maître en Bretagne (magister in Brittaniam), duc en Bretagne (dux in Brittaniam), dominant la Bretagne (dominans Brittaniam). Plusieurs textes francs, rédigés par des abbés, le désignent sous le titre de « dux ».

S’agissant de l’étendue de ses pouvoirs, il exerce certainement – comme les autres comtes, agents ordinaires et délégués généraux du roi dans leurs circonscriptions, assez comparables aux « préfets » actuels – la plénitude des compétences, l’ensemble de la judiciara potestas, c’est à dire de la puissance publique, sans limitation ni spécialisation, soit comme exécutant des instructions impériales, soit pour son propre compte, soit les deux, qui ne s’excluent nullement .

Mais a-t-il exercé son autorité sur toute la Bretagne, comme le laissent entendre les titres – quelque peu pompeux – qu’il utilise, notamment celui de “Dux in Brittaniam? “. Cela est plus que douteux. « Fonctionnaire » révocable d’un souverain étranger – mais seulement pour la région de Vannes, et seulement pendant une durée limitée, il faut le souligner avec force, cette région étant traditionnellement sous domination ou sous influence franque  -, il est improbable qu’il ait pu exercer un contrôle effectif sur un peuple ingouvernable, jaloux de son indépendance, divisé en tribus, chefferies ou royaumes souvent en conflit les uns avec les autres, et qui n’acceptera un gouvernement ducal centralisé que de nombreux siècles plus tard. La vérité est qu’il a exercé son autorité comme il l’a pu, et là ou il a pu le faire, au gré des alliances toujours fragiles avec les chefs locaux, jaloux de leurs prérogatives, rétifs à toute autorité au dessus d’eux, et d’ailleurs prêts en permanence à sortir de ces alliances conclues.

Les actes semblent démontrer qu’il est resté fidèle à l’empereur franc jusqu’à la mort de celui-ci, les liens étant certainement très lâches entre le Dux et l’Empereur, puisqu’il n’y a à l’époque aucun pouvoir central digne de ce nom, ni aucune administration, au sens ou nous l’entendons aujourd’hui, mais seulement des relations de personne à personne. S’il n’y a pas de traces dans les textes de conflits violents ni de guerres entre les Bretons et les Francs de 830 à 840, actes n’ont conservé aucune trace de conflits violents entre les Bretons et les Francs, cela signifie-t-il qu’il n’y en a pas eu ? Le silence des archives sur ce point ne permet en aucun cas de l’affirmer. Et cela signifie-t-il que la Bretagne a été  soumise aux Francs durant cette courte période ? Comment et par quels moyens aurait-elle pu l’être? Plusieurs auteurs écrivent que Nominoé a été parfaitement fidèle à l’homme qui l’a chargé de gouverner la Bretagne en son nom durant cette période : Louis le Pieux, empereur. Nous ne pensons pas que cela soit vrai, ni même possible. Il est beaucoup plus probable qu’en sa double qualité de breton et de chef nominal d’un pays étranger à l’Empire, chroniquement agité, rebelle et fortement hostile aux Francs, Nominoé ait joué durant cette période un double jeu, attendant l’heure propice pour s’émanciper d’une tutelle qu’il ne peut avoir sincèrement ni souhaitée, ni acceptée. Il serait totalement incohérent qu’après plus de trois siècles de conflits guerriers avec les Francs, de l’an 500 à l’an 800 -, il se soit trouvé un chef de la stature de Nominoé, pour courber le front et se soumettre à ses ennemis; plus encore : les guerres féroces qu’il conduit contre les Francs à partir de 840-843, démontrent qu’il n’est pas du tout devenu un « fidèle » de l’empereur franc, mais qu’il est resté fondamentalement un ennemi furieux du peuple qui jouxte les frontières bretonnes à l’est. Les  temps n’ont pas changé : les préfets des départements bretons de 2016 sont français, ils ne sont pas bretons, ils ne sont jamais que les représentants de la puissance qui tient encore le manche du marteau aujourd’hui.

Comme nous allons le voir, à la lecture des lettres et archives qui persistent de cette époque, la haine que Nominoé et les Bretons éprouvent à l’égard de leurs voisins et ennemis est implacable : elle se maintiendra jusqu’à la révolution française, et est loin d’être éteinte aujourd’hui. Cette haine que se vouent ces deux peuples est naturelle dans le contexte du temps, elle est un mode de « fonctionnement » constant dans l’histoire des peuples. Personne n’a à s’en excuser : ce fut une loi de l’humanité toute entière.

L’ « émancipation » de Nominoë ; les campagnes militaires contre les francs.

La mort de l’empereur Louis le Pieux, le 20 juin 840, inaugure entre ses trois fils une suite de conflits. Conformément aux usages du temps, ils se disputent l’héritage avec férocité. Chacun, écrit Nithard, «guidé par sa cupidité, cherchait son propre avantage». Par le traité de Verdun, signé en août 843, l’empire est divisé en trois parties. A Charles (dit le Chauve) est dévolue la partie occidentale du regnum Francorum (la France actuelle, approximativement). Louis (dit le Germanique) reçoit le royaume oriental, correspondant, grosso modo, à l’Allemagne actuelle. Lothaire reçoit en partage un royaume médian, situé entre ceux de ses frères, s’étendant de la mer du Nord au nord de l’Italie ; le titre impérial lui est dévolu : les Francs maintiennent la fiction d’un Empire unique, mais le divisent en royaumes, leurs rois étant souvent en conflits violents et destructeurs.

Nominoë fait mine de rester fidèle à Charles pendant deux ou trois ans. C’est du moins ce que l’on croit, cette période n’étant marquée par aucun conflit violent entre les Bretons et les Francs.

En 841, le roi franc Charles le Chauve se rend au Mans, pour s’assurer de l’alliance de ses très turbulents voisins bretons, qui ne lui est évidemment pas acquise :

“(Charles) envoya des émissaires auprès de Nominoë, duc (c’est à dire chef) des Bretons, pour savoir s’il accepterait de se soumettre à son pouvoir. Celui-ci, écoutant les conseils de la majorité des siens, expédia des présents à Charles et promit par serment de lui garder fidélité”.

Une sorte de « bail », en quelque sorte, fut donc reconduit entre les deux hommes, d’une commune volonté. En tout : un accord temporaire, un contrat.

 Mais dès cette époque, les conflits entre les Francs et les Bretons reprennent, et se succèdent à un rythme accéléré. De 830 à 843, l’accalmie a duré moins de quinze ans. La sanglante défaite infligée par les Francs aux Bretons en 818, n’a donc eu aucun effet durable, ce qui est toute l’histoire de ces deux peuples, jusqu’à aujourd’hui. Ceci s’ajoute au reste : l’Empereur, souverain théorique d’un vaste empire, n’a, en fait, exercé AUCUNE AUTORITE dans les zones frontières de cet empire, soumises par des peuples hostiles, ayant leurs propres souverains, leurs propres coutumes, et un sentiment d’appartenance remontant presque toujours à loin dans le temps. En Bretagne pendant la période considérée, contrairement à ce qu’affirment encore quelques historiens bretons, l’empereur franc n’a, en réalité exercé aucune autorité réelle.

En 843, une bataille se déroule à Messac :

« L’an 843 de l’incarnation du sauveur … Renaud, duc éminent de Charles (= c’est à dire lié au roi par un serment de fidélité, pour s’exprimer simplement), originaire d’Aquitaine, comte de Nantes, ayant réuni contre les Bretons une nombreuse troupe d’amis et de proches, livre bataille au lieudit Messac, en bordure de la Vilaine . Au premier engagement, les Bretons, vigoureusement pressés, tournent le dos . Lambert amène du renfort. Alors seulement, il résiste activement à ceux qui jusque là le poursuivaient, si bien qu’il force à la fuite ceux qu’il fuyait auparavant . Ils en font un tel carnage qu’une foule immense tombe avec ce chef, et qu’ils peuvent emporter chez eux un butin considérable, ayant réservé un effectif important en vue de l’échanger contre rançon » (Chronique de Nantes).

La chronique d’Aquitaine et les annales d’Angoulême observent :

 «Cette année là … Renaud fut tué par Lambert.»

L’empereur Charles le Chauve vient en Bretagne, et cause dans le pays des dégâts importants:

« Charles, pour la première fois, dévaste la Bretagne par le fer et par le feu » (Chronique d’Aquitaine).

Mais dès l’année suivante, en 844, ce sont les Bretons qui remportent des succès importants :

« Lambert, avec des Bretons, tue certains des marquis du roi Charles, interceptés au passage d’un pont sur la Maine ». (Chronique de Saint Bertin).

La même année, les annales de Saint Bertin notent :

« Le Breton Nominoë, transgressant de façon insolente les frontières qui lui avaient été assignées, ainsi qu’à ses prédécesseurs, parvient jusqu’au Mans, pillant tout de long en large, brûlant même la plus grande partie. Arrivé là, il est contraint de revenir sur ses pas, à cause d’une irruption menaçante des Normands sur ses terres ».

Au mois d’octobre 844, les trois rois francs, Lothaire, Charles, Louis se réunissent à Thionville. Ils adressent un mandement commun à Nominoë, et le somment de se soumettre (Annales de Saint Bertin).

 En 845, a lieu une importante bataille à Ballon, près de Redon :

«Charles, ayant imprudemment attaqué la Bretagne de Gaule, avec des forces limitées, les siens lâchent pied par un renversement de fortune ; en hâte, il retourne au Mans, puis son armée, reconstituée, il se prépare à une nouvelle attaque ». (Annales de Saint Bertin).

« … Les Francs, étant entrés en Bretagne, engagent le combat avec les Bretons ; le 22 novembre, aidés par la difficulté des lieux et les emplacements marécageux, les Bretons se révèlent les meilleurs » (Annales de Fontenelle).

En 846, un accord intervient entre les deux chefs belligérants. Charles tient une assemblée à Epernay, près de Reims, dans le courant du mois de juin. Puis, il gagne avec son armée les contrées bretonnes, et conclut un traité avec Nominoë, duc des Bretons. Les clauses de cet accord ne sont pas connues.

À la fin de l’année 846, des Bretons occupent le Bessin et ravagent la région. L’histoire ne dit pas si ce sont des Bretons agissant de leur propre chef, ou si Nominoë est seulement complice de cette expédition.

En 847, les trois rois Lothaire, Louis et Charles se réunissent à Meerssen, du 27 février au 5 mars. Louis le Germanique déclare :

 « Nous dépêchons aux Bretons nos envoyés. Nous les exhortons à poursuivre l’intérêt commun ainsi que la paix ; que ceux-ci l’entendent ou non, nous voulons agir en conséquence avec l’aide de Dieu et de votre conseil ».

Cette même année 847, au palais de Baizieux :

« … arrivèrent des messagers adressés au seigneur roi, lui annonçant la mort du Breton Mangil et de ses compagnons, tués par le comte Geoffroy » (Premières annales de Fontenelle).

En 849, Charles se rend vers l’Aquitaine. Au mois de juin, il tient une assemblée générale à Chartres :

« Nominoë, le tyran des bretons, parvient jusqu’à la ville d’Angers, la Marche (= la zone frontère) est rendue au comte Lambert » (Premières annales de Fontenelle, année 849) .

Les annales de Saint Bertin confirment :

« Le Breton Nominoë, avec sa perfidie habituelle, envahit Angers et les lieux avoisinants ».

L’année 850 est marquée par plusieurs évènements importants : Le Comte Lambert de Nantes fait sédition, se détourne des Francs, et s’allie avec Nominoë :

« Le Comte Lambert et son frère Garnier, visant à la tyrannie, manquent à la foi jurée et s’allient avec Nominoë, tyran des Bretons… Le Roi Charles, avec l’armée, parvient jusqu’à la ville forte de Rennes et y place une garnison . Mais lorsqu’il s’en éloigne, Nominoë et Lambert, avec une troupe de fidèles, entreprennent le siège de la ville. Effrayés par la crainte, nos défenseurs se résolvent à capituler et sont relégués en Bretagne » (Premières annales de Fontenelle).

« En ces jours, le Comte Amaury et beaucoup d’autres sont pris dans la ville de Nantes par Nominoë, duc des Bretons, et par le tyran Lambert. Puis ils gagnent le Mans, avec une indicible furie appuyés par le tyran Lambert, traître (à sa foi). Les grands, capturés, sont dirigés sur la Bretagne, le reste du peuple est renvoyé désarmé » (Annales de Fontenelle).

« En l’année 850, Charles le Chauve, pour la troisième fois, vient avec une grande armée en Bretagne » (Annales d’Angoulême).

À peu près à cette époque, Nominoë dépose l’évêque de Nantes, Actard, et le remplace par son homme Gislard, venu de Vannes. Nantes et Rennes sont prises, une partie des murs sont détruits, ainsi que les portes des deux villes (Annales d’Angoulême).

Les relations avec la Bretagne se sont à ce point détériorées, et la haine a atteint un tel sommet, qu’en juillet-août 850, les évêques francs, faisant corps derrière leur souverain, adressent à Nominoë une lettre très violente, en forme de factum, pour dénoncer ce qu’ils appellent ses « méfaits » – omettant, bien entendu de mentionner ceux commis par les Francs, qui ne sont certainement pas moindres : les moeurs militaires du temps sont également cruelles partout, les Francs ne sont sur les champs de bataille, pas plus doux que les Bretons.

La lettre qui suit est d’une importance capitale. Elle décrit admirablement le haine que les deux peuples se vouent; même si le destinataire en est Nominoé, c’est le peuple Breton tout entier qui est visé :

« Ta damnable cupidité et ton horrible cruauté ont tourmenté des nobles et des non nobles, des riches et des pauvres, des veuves et des orphelins…. Par ta cupidité, la terre des chrétiens a été dévastée, les temples de Dieu en partie détruits, en partie incendiés avec les ossements des saints et les autres reliques… les biens des églises … ont été détournés à ton usage d’une manière illicite ; les nobles ont été dépouillés de leurs héritages; une très grande multitude d’hommes ont été tués ou réduits en servitude ; les plus cruelles rapines ont été commises ; des adultères et des viols de jeunes filles ont été perpétrés un peu partout … Tu as blessé toute la chrétienté, en méprisant le vicaire de Saint Pierre, le pape Léon. Tu as offensé les évêques…. Mets un terme à tes mauvaises actions ; tournes-toi vers Dieu …. Nous portons tout cela à la connaissance des hommes de Lambert, et à ceux de toute la nation, parce que, s’ils font cause commune avec lui et participent à sa rébellion, ils seront frappés de l’anathème et livrés à Satan…. »

Nominoë est sûrement peu impressionné par cette philippique. Les Francs, en effet, ont conquis leur Empire, et envahis les territoires qu’ils occupent, par le fer et par le feu, par les mêmes moyens que les Bretons, sans aucune indulgence, pitié ou sentiment humain. La France auto-proclamée pays des droits de l’homme, est d’ailleurs familière de ces massacres cruels, on sait maintenant ce qu’elle a fait à Nantes et en Loire Atlantique, en 1793 et en 1794 : des crimes abominables, de même nature que ceux des Turcs sur les Arméniens, et que ceux de DAESH ces dernières années.

En 851, reprenant les armes, Nominé ravage la Mayenne, l’Anjou, le Maine. Sans aucun doute, les armées bretonnes commettent des actes violents. Ce comportement est celui de toutes les armées en campagne, ni plus, ni moins. Malheureusement. On ne peut les juger selon nos critères actuels.

LOUIS 10

LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE NOMINOE. 

Dans le domaine religieux, le principat de Nominoë est marqué par deux affaires importantes :

LA PREMIERE EST CELLE DES EVEQUES SIMONIAQUES.

Une partie non négligeable du clergé breton, par le canal des plus élevés dans la hiérarchie ecclésiastique – les évêques et les abbés, nommés par les francs ou acquis à leurs intérêts -, subissent de longue date la tutelle du royaume voisin. La Bretagne, au plan religieux, appartient à la province ecclésiastique de Tours; à ce titre, le métropolitain, l’évêque de cette ville est franc. Le moins qu’on puisse dire est qu’il a témoigné à de multiples reprises son antipathie, voire son aversion pour les Bretons. C’est réciproque. On décide, pour se débarrasser d’eux, de susciter des difficultés à plusieurs évêques francs occupant des sièges ecclésiastiques en Bretagne ( parmi lesquels Susannus de Vannes), en leur cherchant noise. On les accuse d’avoir abusé de leur ministère en percevant d’une manière illégitime des dons et des présents indus, plus précisément à l’occasion des ordres conférés à leurs clercs. Le roi franc n’est pas en état de leur prêter secours, car il ne dispose de rien en Bretagne, et n’y exerce aucune autorité effective.

Les prélats sont convoqués par Nominoë, et invités à se défendre; l’accusateur, n’est autre que Convoion, abbé de Redon. Deux d’entre eux – Susannus de Vannes et Félix de Quimper – partent pour Rome, pour s’expliquer, et pour se justifier auprès du Pape. Convoion, de son côté, fait le voyage pour soutenir l’accusation.

Le pape réunit une assemblée de prélats pour délibérer de l’affaire. Il est confirmé, dans le principe, que l’évêque qui a reçu des présents pour les ordinations doit être destitué et remplacé dans l’exercice de ses fonctions. Mais dans la forme, il est clairement dit que la sentence ne peut être prononcée que par une assemblée de douze évêques. La Bretagne ne comptant que sept évêchés, cela rend un procès dans les formes canoniques impossible, sauf à recourir à des juges étrangers.

Autoritairement, d’une manière canoniquement irrégulière – tout comme avait été irrégulière la destitution de l’évêque Actard de Nantes, et son remplacement par Gislard de Vannes –, Nominoë convoque une assemblée à Couët-Louh. Terrorisés, les accusés avouent, et sont destitués.

Deux d’entre eux vont chercher refuge dans le royaume du roi franc Charles le Chauve. Nominoë place sur les sièges vacants quatre créatures à sa dévotion, portant des noms bretons.

Bien plus tard, en 866, un climat plus apaisant ayant été rétabli, Salomon, devenu roi de Bretagne, rétablira deux de ces évêques, parce qu’ils étaient Bretons, de nation et de langue.

LA DEUXIEME AFFAIRE EST LA CREATION D’UN ARCHEVÊCHE A DOL.

Les Bretons avaient toujours témoigné dans leur pratique religieuse d’une certaine originalité. A plusieurs reprises, ils avaient fait l’objet d’admonestations et de mises en demeure de la part des évêques francs, et du Métropolitain de Tours, dont ils dépendaient au plan religieux, quoique Tours fût situé dans le royaume franc, et non en Bretagne.

Un concile, réuni à Tours en 567, avait ordonné qu’aucun Breton ne fût « sacré évêque en Armorique sans l’autorisation du Métropolitain et des co-provinciaux », sous peine de « la sentence prévue dans les lois canoniques ».

Les limites des provinces ecclésiastiques, héritées de l’empire romain, ne coïncident pas avec celles des Etats, d’ailleurs très instables, sans cesse modifiés dans leur étendue et dans leurs frontières par les guerres, les querelles, les héritages. L’intérêt évident de la Papauté – et de la Chrétienté, qui souhaite une gouvernance stable – est que ces limites ne soient pas changées au hasard, et que les provinces ecclésiastiques, non confondues territorialement avec les royaumes, les principautés, gardent les mêmes limites, facteur d’équilibre pour tous.

A partir du moment où les Bretons furent nombreux dans la péninsule armoricaine, devenue leur pays et leur patrie, il leur devint insupportable d’être régentés, fût-ce seulement au plan religieux, par le Métropolitain étranger de Tours, dont le siège était situé hors des frontières bretonnes, et, de surcroit, était le sujet d’une nation ennemie.

Ici qu’apparaît dans toute sa lumière la volonté farouche des Bretons de ne dépendre en rien des Francs, et d’être totalement Maîtres chez eux.

Nominoë témoigne avec fermeté de la ferme volonté de rompre toute attache avec le métropolitain de Tours, et d’établir une métropole bretonne à Dol, c’est à dire de créer de toutes pièces une nouvelle province ecclésiastique, dont les limites se confondront exactement avec le territoire de la Bretagne, et dont le Chef religieux, breton, sera l’évêque de cette ville: toute ingérence franque, ainsi, sera expurgée de Bretagne, d’une manière radicale.

La Borderie situe l’événement en 848. On est assez mal informé de la chronologie des faits. On sait, d’une manière certaine, que la rupture entre le clergé franc et le clergé breton survient avant 850. Cela déclenche l’ire des évêques francs, qui réagissent avec une extrême aigreur.

La lettre synodale adressée par ces évêques à Nominoë en juillet-août 850, document capital pour comprendre les conflits de cette époque, fait allusion à la rupture des relations des églises bretonnes et franques dans des termes sévères :

« L’ancienne province ecclésiastique de notre patron Saint Martin (= Tours), dont vous ne pouvez nier faire partie, a été violemment déchirée ; tous les ordres ecclésiastiques ont été bouleversés ».

 Plus violente encore : la lettre du concile de Toul (ou de Savonnière) de 859 dénonce les Bretons comme ayant abjuré depuis vingt ans (!). La lettre rédigée lors du concile national des Gaules à Soissons, en 866, destinée au pape, exhorte celui-ci à intervenir avec fermeté auprès des Bretons. Elle est extrêmement injurieuse, et dépasse toute mesure :

« Les Bretons, barbares gonflés d’une férocité extrême, méprisent tous les préceptes sacrés, toutes les prescriptions des Saints Pères… Ils ne sont chrétiens que de nom. Ordonnez à leur chef (Auctor Brittonum) de revenir à la coutume de ses prédécesseurs ».

Les correspondances papales, postérieures, mais peu éloignées des faits, énoncent clairement les prétentions bretonnes.

La lettre du pape Nicolas 1er, écrite au roi Salomon de Bretagne, en 863, est claire :

« La loi de l’Eglise, notre mère, est que tous les évêques de votre Royaume (= observez, en passant, que le pape désigne la Bretagne sous son appellation de Royaume, et non autrement), doivent être soumis par vous à l’archevêque de Tours et à sa juridiction … c’est leur métropolitain, et ils sont leurs suffragants ».

La lettre du même pape à l’évêque Festinien de Dol, datée du 17 mai 866, affirme d’une manière très nette :

«Nous ne voyons pas dans la tradition ecclésiastique de fait qui vous autorise à avoir une métropole … »

« Vous nous avez écrit que l’évêque Restoald, votre prédécesseur, comme on le voit dans nos registres, aurait été consacré archevêque de Dol par le pape Séverin, Pontife de la Sainte Eglise romaine, et qu’un certain Juthmaël, a été gratifié du Pallium (= c’est à dire du grade d’archevêque) par le pape Adrien. En vain, avons-nous feuilleté les registres de ces deux papes: nous n’y avons rien trouvé de cela. »

LES REACTIONS.

Ces deux affaires suscitèrent dans le monde chrétien une émotion considérable.

S’agissant de la première, tous les commentateurs sont d’accord sur le fait que la destitution des évêques accusés de simonie, avait pour but de débarrasser la Bretagne de prélats acquis aux intérêts des francs, et de les remplacer par des Bretons, supposés plus dociles. Les évêques étaient-ils coupables de ce dont on les accusait ? Des indices multiples donnent à le penser, notamment leur aveux d’avoir perçu ce que l’on nommait des « eulogies ». Mais il est probable que le clergé breton était aussi corrompu qu’eux : la simonie était une pratique très répandue ; les mœurs des Bretons de ce temps n’étaient pas plus vertueuses que celles des francs, peut- être était-ce l’inverse.

Le pape, de longues années plus tard, dans une lettre adressée à Salomon, Roi de Bretagne, successeur d’Erispoë, émet des doutes très sérieux sur la manière dont leurs aveux des évêques furent « extorqués » en leur temps. Ce qui est sans doute vrai.

 La mort de Nominoé. 

Le 7 mars 851 (selon la tradition), Nominoë meurt brutalement à Vendôme, dans des circonstances mystérieuses, alors qu’il se prépare à envahir la région de Chartres. Ce fut, selon l’abbé Réginon de Prum, l’oeuvre de Dieu : alors qu’il se préparait à une damnable entreprise, il vit surgir devant lui Saint Maurille, premier évêque d’Angers qui, l’ayant apostrophé en lui disant qu’il ne pillerait plus les églises, l’abattit d’un coup de crosse. Selon les annales d’Angoulême et d’Aquitaine, il mourut frappé par l’ange d’iniquité (!). C’est dire qu’il était fort peu aimé de ses ennemis. Ces légendes sont plaisantes. Pour les Bretons, il est un grand ancêtre, et fait partie de leur Panthéon.

En Gaule, ce fut un grand soulagement, comme en attestent toutes les annales conservées.

L’OEUVRE DE NOMINOE.

Le rôle de Nominoë a été diversement interprété. L’historien romantique La Borderie, au siècle dernier, exaltant ses actions d’une manière emphatique, a voulu en faire le père de la patrie (tad ar vro), pire, le père de la nation (pater patria). Les chroniques franques et les actes du cartulaire de Redon, les quelques lettres émanant des évêques francs et du Pape sont très suffisants pour brosser d’une manière assez « objective » ce que fut son “œuvre”.

Au plan politique, il a, indiscutablement, totalement libéré la Bretagne de l’emprise des francs. Ceux-ci, à vrai dire, en dépit de quelques succès militaires, n’avaient jamais pu la réduire au rang de province. Ils avaient toujours été refoulés chez eux. La nomination de Nominoë en qualité de Comte de Vannes visait à instaurer, si l’opération avait réussi, une sorte de “gauleiter”, de gouverneur local qui aurait mieux tenu les hommes de son peuple qu’un fonctionnaire étranger.

Les multiples victoires remportées après 853 firent voler en éclat les prétentions du Roi franc.

D’une certaine manière, Nominoë a été le Vercingétorix des Bretons. A ceci près que Vercingétorix a été vaincu, trainé à Rome, et assassiné, et que Nominoé a battu magistralement, à plusieurs reprises, la formidable puissance franque, lui infligeant des humiliations sanglantes.

 

Il a, d’autre part, réussi à imposer son autorité, peu ou prou, à toute la Bretagne, non certes en qualité de chef d’un gouvernement “centralisé”, mais de chef militaire unique, ce qui ne s’était jamais vu auparavant.

Nominoë a-t-il été le premier roi des Bretons, comme on l’a laissé entendre ?

Il faut répondre à cette question, très importante pour les Bretons – plus encore aujourd’hui, où le sentiment national subit une renaissance spectaculaire, après l’étouffement moral dont ils ont été victimes pendant plusieurs siècles de la part de leurs voisins (comme les Grecs et les Bulgares de la part des Turcs, les Gallois et les Ecossais de la part des Anglais, les Catalans de la part des Castillans ….) -, d’une manière aussi claire que possible.

D’après des sources très postérieures (la chronique de Nantes, rédigée au 11ème siècle), Nominoé aurait écrit au Pape pour lui demander l’autorisation de porter le titre de Roi. Léon IV aurait répondu qu’on ignorait à Rome s’il y avait eu autrefois des rois dans la petite Bretagne, que les archives pontificales n’en contenaient aucune mention, que cette province avait été soumise aux rois francs depuis la constitution du royaume. En conséquence, il lui permit seulement de prendre le titre de Duc et de porter le cercle d’or. D’après les mêmes sources, Nominoë fut sacré roi par l’archevêque de Dol . Tout ceci est plausible, mais les preuves concernant ces affirmations, contradictoires manquent. Il est possible, mais non certain, que l’histoire a été plus ou moins « réécrite » après coup pour permettre aux Bretons de se défendre contre les prétentions des rois capétiens, qui, en effet, n’ont cessé, pendant des siècles, d’émettre des prétentions fantaisistes, revendiquant la propriété d’une Principauté dont on sait aujourd’hui, avec la certitude la plus absolue, que si elle a souvent dû faire face aux assauts des Francs, ceux ci n’ont jamais obtenu que des succès limités, dans le temps et dans l’espace, ont toujours été refoulés, et ont subi de cruelles défaites. Ce qui n’est pas glorieux pour eux, qui disposaient de si vastes territoires, et des forces colossales, là ou les Bretons, peu nombreux, n’avaient pour eux que leur courage et leur détermination à défendre leur pays.

Sur un autre point, il est hors de doute que les Bretons d’outre-manche, avant les émigrations en Armorique, ont eu des rois, comme presque toutes les nations. On en connait un certain nombre par leurs noms, et certains de leurs actes et de leurs victoires ou de leurs défaites militaires contre les Romains, et plusieurs autres de leurs ennemis. Emigrés en Bretagne Armorique, les Bretons ont également eu des princes et des rois. Il s’agissait alors de petits royaumes, souvent en lutte les uns contre les autres. D’après les documents qui nous restent, deux au moins ont eu une grande importance, attestée d’une manière certaine : le roi Judicael, qui a régné sur le royaume bifide de Domnonée, établi sur les deux rives de la Manche (le nord de la Bretagne et le sud de l’Angleterre actuelle), et le roi Morvan, dans la région de Vannes, qui a mobilisé contre lui les formidables armées de l’Empereur franc Charles le Chauve, fils de Charlemagne, et qui a été tué en 818 par ses armées.Ce qui a pu donner l’illusion aux Francs qu’ils allaient enfin réduire la Bretagne : il n’en fut rien. Ces deux chefs bretons sont désignés, d’une manière très explicite, par les textes francs, sous leur titre de « rex », c’est-à-dire de roi.

Dans la forme, d’après les actes conservés, Nominoë ne semble pas avoir porté le titre de Roi, c’est à dire, selon la terminologie de l’époque, de « Rex ».

Cela n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est de savoir si, oui ou non, IL A EFFECTIVEMENT EXERCE LES ATTRIBUTS DE LA PUISSANCE SOUVERAINE EN BRETAGNE, au moins au plan militaire.

La réponse, INDISCUTABLEMENT, est positive : Même s’il est n’est habituellement désigné que sous le titre de “princeps”, de “gouvernans”, de «dux»…etc., Il a réusi à devenir le chef suprême, au sens générique, de la Bretagne. Nul autre que lui n’a exercé, avant lui, des pouvoirs aussi étendus. En tout cas, nous ne pouvons l’affirmer, au vu des sources, fort lacunaires pour certaines époques. Il a eu la préoccupation de faire apparaître qu’il a exercé son autorité sur toute la Bretagne, ce qui résulte sans équivoque de sa titulature: «Dux totius Britanniae», «Principe in totius Britanniae», «Nominoë comes in tota Britannia»… Parmi les chroniqueurs francs, quel que soit le titre sous lequel on le désigne, il n’y a aucun doute : tous le reconnaissent, sous des titres divers, comme le chef suprême des Bretons.

A plusieurs reprises, les chroniqueurs francs le nomment sous l’appellation de « Rex ». le Pape Nicolas 1er, écrivant en 866, à son successeur le Roi Salomon, le désigne sous le nom de Roi, quinze ans seulement après sa mort; cette lettre est d’un poids considérable dans le débat. L’abbé Réginon de Prum, bien informé de tout ce qui se passe en Bretagne, se sert – au moins une fois -, du titre de « Rex » pour désigner sa fonction. Ces éléments, indiscutables, sont concordants.

Quand au fond, ayant exercé le pouvoir souverain sur tout son peuple, ayant en tout cas conduit les armées bretonnes réunies aux combats et à aux victoires, il ne fait pas de doute qu’il a été « Roi » de Bretagne – comme Judicaël l’avait été de la Domnonée (= le nord de la Bretagne), comme Morvan l’avait été pour le Vannetais, si l’on dépouille ce mot du sens sacral qu’il a pris par la suite. Son fils Erispoe, d’ailleurs, lui succède avec le titre de Roi, que l’empereur franc Charles le Chauve est contraint de lui reconnaitre, après la défaite militaire humiliante et terrible qui lui fut infligée en 851.

(Les historiens bretons actuels divaguent lorsqu’ils écrivent que le Royaume unifié de Bretagne a été créé par une « concession » de l’Empereur franc. Les Bretons ont conquis par le armes de nouveaux territoires; l’Empereur a été contraint de reconnaitre sa défaite, et que Erispoe, fils de Nominoé, est bien Roi en Bretagne. L’acte par lequel il reconnait la royauté du fils de Nominoe a la signification, tout au plus, ce que nous dénommons une « reconnaissance internationale », ce n’est EN AUCUN CAS un acte créateur: les Bretons ne doivent leur territoire agrandi (par les comtés de Rennes, et de Nantes, ainsi que du pays de Retz) qu’à leurs victoires militaires; l’empereur franc n’a aucune qualité pour CREER un roi des Bretons puisqu’ils en ont un; le Traité d’Angers de 851 est un traité de paix conclu par les deux souverains, l’empereur vaincu étant contraint, par sa défaite, de faire de larges concessions territoriales à ses vainqueurs bretons.

Nominoë n’a certainement pas été le fondateur de la Patrie, pas plus que celui de la Nation bretonnes. Le peuple breton existait avant lui. Les nations sont le fruit d’une longue existence en commun. Il peut arriver qu’un homme les révèle à elles-mêmes, et les consolident. Mais l’histoire du monde ne compte aucune nation qui ait été créée par un seul homme. La Nation bretonne, sans aucun doute, désignée d’ailleurs dans les textes sous le terme de « gens » avant Nominoé possède, dès cette époque, à un haut degré, ce que nous désignons aujourd’hui sous le terme de « sentiment d’appartenance ». Les auteurs bretons qui nient cette réalité doivent retourner à leurs études, et lire les sources – beaucoup ne l’ont pas fait -, en s’informant tout d’abord de ce qu’est une Nation, comment elle nait, se développe, et meurt, et ce qu’a été la nation bretonne dans l’histoire. (Par Google : Mélennec nation).

La plus grande qualité qu’on puisse attribuer à Nominoé est celle d‘Unificateur de la Principauté Bretonne. Avant lui, la Bretagne était extrêmement divisée. Après lui, même s’il est vrai que le pays se disloquera à nouveau (notamment lors des invasions normandes), il formera territorialement et affectivement un tout. C’est en cela que Nominoé a joué un rôle historique capital dans l’histoire du peuple breton, et qu’il occupe une place si importante dans l’inconscient collectif. Pour les Francs, ayant rompu sa foi, s’étant dressé contre leur Roi après lui avoir été fidèle pendant quelques années, et lui ayant infligé de cruelles défaites, il fut un traître, doublé d’un être pervers et cruel.

La mort de Nominoe. 

Louis3b copie

Le 7 mars 851 (selon la tradition), Nominoë meurt brutalement à Vendôme, dans des circonstances mystérieuses, alors qu’il se prépare à envahir la région de Chartres. Ce fut, selon l’abbé Réginon de Prum, l’oeuvre de Dieu : alors qu’il se préparait à une damnable entreprise, il vit surgir devant lui Saint Maurille, premier évêque d’Angers qui, l’ayant apostrophé, lui donna un violent  coup de crosse.

On ne possède aucun témoignage contemporain de ce qu’il fut en réalité. Sans doute fut-il un prince cruel. Les rois et les chefs de ce temps ne sont pas des tendres. C’est à ce prix qu’ils survivent. Les atrocités commises sur les champs de bataille sont atroces. Il n’y a aucune preuve, malgré la virulence des attaques franques à son encontre, que les propres généraux de ceux-ci aient été plus humains que lui, au fort des conflits qui ont opposé les deux peuples. La France, nous ne le rappellerons jamais assez, a commis d’innombrables crimes contre l’humanité en Bretagne et à Nantes, au moins jusqu’en 1794, crimes imprescriptibles pour lesquels les Breton attendent encore que ce pays soit jugé comme il se doit.

Personne n’a défendu Nominoe pendant longtemps. Les Bretons n’en ont pas fait un Saint. Il ne le fut pas. Les chefs francs ne le furent pas non plus. Comme pour tant d’autres personnages historiques importants, sa mémoire s’était presque perdue. Il fallut attendre le 14ème et le 15ème siècles pour que les historiens bretons s’en emparent et en fassent un héros.

Il est temps maintenant que son nom soit donné à nos rues, nos places, nos monuments. L’évocation de son seul nom rappellera que la Bretagne n’est pas française, et qu’elle ne l’a jamais été. Cruel ou non, c’est un personnage remarquable de notre histoire nationale.

Dr Louis MELENNEC 

Louis Mélennec est docteur en droit et en médecine, diplômé d’études approfondies d’histoire, diplômé d’études supérieures de droit public, de droit privé, de droit pénal, ancien chargé de cours des facultés de droit et de médecine, ex-consultant prés le médiateur de la République française, ancien élève de la Sorbonne et de l’École des Chartes de Paris.

NOTES.

Les notes ci-après seront adaptées au texte lorsque le loisir le permettra. Il y a tant à faire pour remettre d’aplomb l’histoire de Bretagne, falsifiée par ces auteurs pressés, non formés aux sciences historiques, peu scrupuleux, que je remets cette tache à plus tard. Je ne peux pas pourvoir à tout en même temps. Et le temps m’est compté, comme à tout le monde.

(1) CHEDEVILLE et GUILLOTEL, 58.

(2) Il semble que la marche de Bretagne n’ait été organisée qu’à la fin du huitième siècle ; Eginhard est le

  1. premier à y faire mention, dans le passage cbre relatant la mort de Roland : voir plus loin. Chédeville et Guillotel soulignent qu’il est impossible de déterminer avec précision la frontière britto-franque pour plusieurs raisons ; la principale étant que le peuplement de la partie « romane » a été progressif, et qu’il s’est fait d’une manière inégale selon les régions, les Bretons et les Francs coexistant – plus ou moins pacifiquement – (104). Dans les zones bretonnes ont probablement subsisté des « enclaves romanes » (Guillotel, 108) dont les habitants ne se considéraient pas comme Bretons.
  2. PLANIOL, Tome 1, 181.
  3. CHÉDEVILLEetGUILLOTEL,68.
  4. xv
  1. xvi Voir également : MORICE, Tome I, 203
  2. xvii Annales de Metz. Voir aussi la BORDERIE, Tome I, 499. Bien entendu, le rédacteur – franc – de ce texte en porte l’entière responsabilité. Ce qu’il affirme quant à la « soumission » des Bretons et quant à leur « rébellion », n’engage que lui et ne vaut pas preuve.
  3. xviii EGINHARD, Vie de Charlemagne. 9.
  4. xix K.F WERNER, 409.
  5. xx CASSARD (J.C.), Les Bretons de Nominoë. 11.
  6. xxi CASSARD (J.C.), 12.
  7. xxii CHÉDEVILLE et GUILLOTEL, 202 et suivantes.
  8. EGINHARD, Vie de Charlemagne. chapitre 9 ; Roland est désigné comme « Hruodlandus britannici limitis praefectus ».
  9. xxiii La BORDERIE, Tome II, 3.
  10. xxiv Annales du royaume Franc, année 811. La BORDERIE, Tome II, 5.
  11. xxv La BORDERIE, Tome II, 23.
  12. xxvi La BORDERIE, Annales d’Eginhard. 24.
  13. xxvii Voir aussi les extraits des annales d’Eginhard reproduits par La Borderie, Tome II, 24 et 25.
  14. xxviii L’Astronome, vie de Louis le Pieux, cité par La BORDERIE, Tome II, 25.
  15. xxix Les historiens bretons du quinzième siècle, en particulier, Alain Bouchart (67) ont voulu en faire « l’un des plus prochains de la ligne des rois de Bretagne ». Voir CHÉDEVILLE et GUILLOTEL, 231et 232, et J.C CASSARD, 31.
  16. xxx CHÉDEVILLE ET GUILLOTEL, 229.
  17. xxxi Voir La BORDERIE, Tome II, 27, 28, 30, 38, 39, 58.
  18. CHÉDEVILLEetGUILLOTEL,233,234,235….
  19. Cartulaire de Redon, n° 4, 5, 7, 11, 27, 41, 79, 97, 123, 148, 177, 179, 180, 194, 199, 249, 250, 251, 252, 264,
  20. xxxii MAILLET (J.), Histoire des institutions. Paris, 1956, 578 et suivantes.
  21. xxxiii Les comtes dépendaient directement du roi, la tendance se développa à grouper plusieurs comtes sous l’autorité d’un agent supérieur, le Duc. Une telle fonction resta longtemps épisodique, temporaire et particulière à certaines régions ; la fonction de Duc était principalement militaire et restait temporaire ; on la supprimait une fois le besoin passé. MAILLET (J.), Histoire des institutions. Paris, 1956, 579.
  22. xxxiv NITHARD, Histoire des fils de Louis le Pieux. Paris, 1964, 13.
  23. xxxv NITHARD, Histoire des fils de Louis le Pieux. Paris, 1964, 53.
  24. xxxvi La BORDERIE, Tome II, 46.
  25. CASSARD (J.C.), 46.
  26. xxxvii Voir cependant, l’allusion contenue dans la lettre adressée à Nominoë en juillet-août 850 par les évêques Francs : « Par amour de la paix, le seigneur notre Roi avait, à ton instigation même, éloigné (Lambert) de tes frontières et l’avait investi d’autres charges ». Ce passage est généralement interprété comme étant l’une des causes du traité de 846 : c’est à la demande de Nominoë que Lambert aurait été nommé comte d’Anjou et abbé de Saint Aubin d’Angers, et ainsi éloigné de la Bretagne.
  27. xxxviii CHÉDEVILLE et GUILLOTEL, 266.
  28. CASSARD (J.C.), 48,
  29. La BORDERIE, Tome II, 59 ; notes 2 et 3.
  30. xxxix Cité par Chédeville et Guillotel (266) et par J.C Cassard (48), sans indication de source.
  31. xl La BORDERIE, tome II, 60, Chédeville et Guillotel, 273.
  32. xli La BORDERIE, Tome II, 60.
  33. xlii A. De La Borderie, Tome II, 52 et suivantes ; 62 et suivantes ; 95 et suivantes.
  34. B.A Pocquet du Haut-Jussé, Les papes et les ducs de Bretagne, 13 et suivantes.
  35. J.C Cassard, Les Bretons de Nominoë, 200 et suivantes.
  36. xliii Gesta S.S. Roton. II, 10 ; Morice I, preuves , 253.
  37. xliv Selon la chronique de Nantes, il était chargé d’une mission plus importante : demander au Pape l’autorisation de porter le titre de roi. Rien n’exclut que cela ait pu être le cas, mais aucune preuve n’en subsiste, la lettre de Nominoë au Pape n’ayant pas été conservée (voir Morice I, 37 et 38).
  38. xlv En 866, le Pape Nicolas 1er écrivant au Roi Salomon de Bretagne confirme qu’il est prêt à recommencer les procès des évêques simoniaques, devant douze évêques, présidé par l’Archevêque de Tours (Morice I, preuves, 317).
  39. xlvi Nicolas 1er écrivant le 15 mai 866 à Festinien, évêque de Dol, revient très clairement sur cette nécessité:  » vous qui n’avez que sept évêques, surtout quand il est prescrit qu’un évêque doit être jugé non pas par sept mais par douze de ses collègues… si une telle occurrence se présente chez vous, vos

divisions avec le royaume voisin vous empêchant de vous adjoindre des évêques de ce pays, il y a là un

danger pour l’ordre ecclésiastique » (Morice, Preuve I, 320).

  1. xlvii Chronique de Nantes, CAP. 11, Edition Merlet, 37.
  2. xlviii La Borderie, 100.
  3. xlix Vers 511 – 520, les évêques d’Angers et de Rennes, ainsi que Métropolitain de Tours, écrivent à deux prêtres Bretons une lettre agressive, dans laquelle ils dénoncent la pratique des Bretons d’aller  » de cabane en cabane, sacrifier le divin sacrifice de la messe, sur certaines tables » (des hôtels de bois), et les somment d’y renoncer. Pire : les Bretons osent associer au divin sacrifice de la messe, des femmes, appelées conhospitae , ce qui apparaît à ces francs, violents anti-féministes, comme  » une nouveauté, une superstition inouïe » , une pratique qu’on ne peut  » entendre ni prononcer sans une certaine frayeur d’âme propre à diffamer le clergé et à jeter la honte et le discrédit sur notre sainte religion » (sic !).
  4. l Planiol, Tome I, 199 et suivantes. Concilia Galliae, Edition de Clercq, Tournais, 1963, 179.
  5. li La Borderie, Tome II, 100, note 1, peu après la bataille de Ballon.
  6. lii Morice, Preuves, I. 309.
  7. liii La Borderie, Tome II, 95 et 96. Morice, Preuves, I. 321.
  8. liv La Borderie, Tome II, 97. Morice, Preuves, I. 317.
  9. lv Morice, Preuves, I. 323. La Borderie, Tome II, 99.
  10. lvi La Borderie, Tome II, 56. Morice, Preuves, 317.
  11. lvii Les sources sont perdues. C’est Le Baud qui décrit cette dernière campagne dans son histoire de Bretagne (111).
  12. lviii La Borderie, Tome II, 66 et 67.
  13. lix Morice, Preuves, I, 140. Planiol, Tome II, 27. La Borderie, Tome II, 58.
  14. lx Chronique de Nantes, chapitre 11, Edition Merlet, 39. Le Baud, 109.
  15. lxi Dans ce sens, voir Chédeville et Guillotel, ; J.C Cassard, . Planiol considère (Tome II, 28) que le sacre de Nominoë ne peut être mis en doute, sans justifier son opinion. F. Lot est très septique sur toute l’affaire (Mélanges d’histoire bretonne, 82).
  16. lxii La Borderie, Tome II, 58 .
  17. lxiii Réginon de Prun relatant sa mort écrit : « Nominoë, Roi des Bretons, meurt »(La Borderie, Tome II, 70).
  18. lxiv Morice, Preuves, I, 317. La Borderie, Tome II, 56.
  19. lxv La Borderie, Tome II, 65.
  20. lxvi J.C Cassard, 50 et 51.
  21. lxvii On dispose de jugements multiples sur sa personne, tous suspects :
  22. – Annales de Saint Bertin (année 844)
  23. – Lettre synodale adressée à Nominoë par les évêques en 850 (Loup de Ferrières, Correspondances, Tome II, Paris 1964, 57)
  24. – Geste des Saints de Redon
  25. – Chronique de Réginon de Prun
  26. – Annales d’Angoulême et d’Aquitaine.
  27. Tous les jugements postérieurs sont suspects, en particulier, ceux d’Alain Bouchart (Les grandes chroniques de Bretaigne, 67), de Pierre Le Baud (Chapitre XIV, 83), de d’Argentré. Les envolées lyriques de La Borderie sont absurdes :  » Ce qui est plus remarquable encore, peut-être, c’est l’enchaînement logique des actes et des pensées, des dessins et des exploits de ce grand homme. On y reconnaît cette unité puissante et forte, caractère des génies de premier ordre… Après Dieu, le génie seul sait maîtriser à ce point les circonstances et plier ainsi les faits extérieurs à son vouloir… »etc (Tome II, 66 et 67).
  28. lxviii La Borderie, Tome II, 73 et suivantes. Planiol, Tome II, 29 et suivantes. J.C Cassard, 57. Chédeville et Guillotel,
  29. lxix La Borderie, Tome II, 70.
  30. lxx Annales de Fontenelle.
  31. lxxi Réginon de Prun.
  32. lxxii La Borderie, Tome II, 51. Chédeville et Guillotel, J.C Cassard,
  33. lxxiii Saint SIMON, Traités politiques et autres écrits. Paris, 1996, 1 342 :  » La Bretagne relevait directement du Duché de Normandie, et médiatement par elle de la Couronne. Bien loin donc que les comtes de Bretagne ne fissent que des princes dans toutes leurs branches, personne n’ignore quelle était alors, et longtemps depuis, l’extrême disproportion de rang et de fonction des vassaux immédiats de la Couronne d’avec les vassaux médiats, qui, quelques grands qu’ils fussent, ne possédaient que des arrière-fiefs. »
  34. lxxiv La FONTAINE (Jean de

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

L’auteur du présent article ne pratique pas le procédé minable, constant dans l’université de Bretagne, qui consiste à rayer de la bibliographie les auteurs qui apportent des interprétations nouvelles ou des idées non conformes à la doxa, le discours officiel. Les écrits des auteurs qui pratiquent ces méthodes sont méprisables. Il ne restera rien de leurs travaux. …

 

Argentré (Bertrand d’A.). 

Cet très éminent juriste breton, l’un des plus brillants et des plus intelligents de la Bretagne, a écrit une histoire de la Bretagne, sur commande des Etats de Bretagne (Planiol Marcel, tome 5, pages  ….; Mélennec Louis, mémoire de DEA ..). Comme tous les historiens de son temps, d’Argentré accorde un crédit immodéré aux mythes et aux légendes sur lesquelles les Bretons ont fondé leur légitimité. Ce sont les moeurs du temps, et cela nuit à la compréhension de ses travaux. Les historiens français appliquent les mêmes méthodes à cette époque; la recherche historique existe, mais elle est encore très imparfaite. En l’absence d’archives, les historiens croient vrai ce qui est tenu pour tel, y compris certains mythes et légendes. Mais pour les faits dont il a eu connaissance, soit directement, soit par les témoins du temps, soit par les archives auxquelles il a eu accès, son témoignage est précieux. Notamment, ses analyses juridiques s’ajoutant à celles des autres (Saint-André, Alain Bouchard, Le Baud…), permettent de savoir ce que sont les relations juridiques des deux Etats : le Duc de Bretagne et le roi de France sont les souverains de deux Etats strictement distincts, le roi de France n’exerce aucune prérogative régalienne en Bretagne. Le Duché n’est en aucun cas un fief donné en « bénéfice » au Duc souverain, qui est roi dans son pays comme le Roi de France l’est dans le sien. (Voir par Google : L’hommage des ducs de Bretagne aux rois de France).

Mais on en revient toujours au même constat : pour comprendre ce qu’il y a de génial dans l’oeuvre de d’Argentré, il faut savoir trier le bon grain de l’ivraie : il faut être juriste, et avoir d’immenses connaissances en droit médiéval. J’avoue être redevable de ses écrits, dans ce qu’ils ont de pertinent, et qui n’est pas mince !

Catalogue de l’exposition de 1985 pour le 15ème centenaire de la fondation de Landévennec. Indispensable. A comparer aux ignominies ridicules du « catalogue » de 2007, écrit et publié par des ignares et des idéographes.

 Cassard J.C. Les Bretons de Nominoë. Editions Beltan, Brasparts, 1990. C’est l’ouvrage le plus sérieux sur Nominoë, extrêmement fourni, et qui n’oublie aucune source fondamentale. On relève la très bonne analyse du caractère très relatif du titre de roi en Bretagne, pages 299 et 300 : ce titre n’a de signification véritable que dans l’Empire carolingien. Les Ducs sont les chefs de leur pays, tout comme le roi de France l’est du sien : ils portent un autre titre, voilà tout. Dux, ducis, duc, duce, doge, ces mots signifient chef.

Le Duc de Bretagne est le chef de la nation bretonne, point n’est besoin qu’il porte le titre de roi pour le faire savoir.

Chadwick Nora, Early Brittany, Cardiff, 1977.

Chedeville André et Guillotel Hubert, La Bretagne des saints et des rois, 5ème-10ème siècle, Rennes Ouest-France, 1984. Guillotel échafaude des interprétations inutiles, et fort hasardeuses. Tout est questions dans la chapitre qu’il consacre à Nomimoé dans son livre -d’ailleurs bien documenté – sur « La Bretagne au temps des saints et des rois (5ème-10ème siècle). Il n’y a guère d’interprétations qui satisfassent. Guillotel « comble les trous » de la documentation, par des interprétations à lui. Il suffit, la documentation étant abondante, de citer les textes, et de les commenter brièvement. Ils sont suffisamment explicites pour qu’on en rajoute.

Cornette Joël. Un jeune auteur breton a écrit de lui : « Cornette rime avec sornette ». C’est  très excessif. En poids et en volume, son histoire de la Bretagne témoigne d’un énorme travail, et contient une bibliographie précieuse, à laquelle on se reporte volontiers. Le génie n’y est présent nulle part. Ce travail est celui d’un historien très appliqué, auquel manquent totalement les connaissances juridiques et en histoire des institutions, sans lesquelles on ne peut comprendre ce que sont les relations entre les deux Etats voisins. On me dit que Cornette aime la Bretagne, et qu’il se sent breton. Je veux bien le croire. Mais son gros livre est globalement raté, comme ceux des idéologues héritiers du marxisme.

 Croix Alain. A notre connaissance, cet auteur n’a rien écrit sur Nominoé, ni sur les institutions politiques bretonnes du moyen-âge. Cet auteur, qui a écrit quelques excellents ouvrages sur les problèmes de sa compétence, ne sait rien de la période ducale, ni de l’histoire des peuples, des nations, du monde, pas davantage des modes de gouvernement des peuples, de l’histoire des institutions, des concepts fondamentaux du droit international, etc. Il prend place ici en tant qu’ignorant de ce qu’est la Bretagne nation-peuple-pays, de son antiquité, de sa constitution. Beaucoup d’étudiants l’ont cru, comme ceux qui ont gobé l’imposture selon laquelle l’histoire du monde commence en 1789 : beaucoup de bruit et de dégâts pour la honte de l’humanité. Les écrits de Croix sur maints sujets qu’il ignore frisent le ridicule (Anne de Bretagne, dans le catalogue de l’exposition de 2007 à Nantes,  Bertrand d’Argentré, dans le volume publié par Ouest France, quoique ce livre contienne de très bons chapitres aussi …)

Ermold Le Noir, Poème en l’honneur de Louis le Pieux. Texte précieux. Le chef breton Murman est désigné, sans ambiguité, sous son titre de « rex », et son épouse sous son titre de « reine ». A preuve – notamment -, que les bretons ont eu des rois bien avant Nominoé et Erispoé. Ils avaient, bien entendu des rois et des reines avant Jules César et Jésus-Christ.

La Borderie Arthur Lemoine de, Histoire de Bretagne, Rennes, 1898. L’effort de recherche de La Borderie est colossal. Presque toutes les sources sont reproduites dans son ouvrage. Dans son enthousiasme de découvrir tant de sources nouvelles, qui justifient de longs siècles plus tard son amour sans condition pour son pays, La Borderie s’est laissé aller à quelques excès, attribuant à son peuple et à ses chefs des qualités parfois excessives. Mais son oeuvre est irremplaçable. Aucune histoire de Bretagne ne peut se passer de son apport. Lui aussi mérite de figurer dans toutes nos villes bretonnes, comme l’un de nos grands hommes, même s’il fut contraint de composer avec l’Etat colonial, qui l’aurait écrasé comme un pou s’il n’avait accepté de faire quelques concessions mineures, inéluctables à son époque.

Dupuy Antoine,

Guillotel Hubert, Les cartulaires de l’abbaye de Redon, MSHAB, tome LXIII, 1986, pages 27-48.

Kerhervé Jean. A notre connaissance, Kerhervé n’a rien écrit d’immortel sur Nominoé. Son nom figure ici pour qu’on ne pense pas, comme on le fait dans l’université marxiste, qu’on « scotomise » le nom des historiens dont on ne partage pas les idées, ce qui serait un procédé indigne. En tout cas l’ historien nommé Mélennec ne pratique pas ce genre d’exercice. Nous avons relaté ailleurs comment cet historien, recevant par erreur, par mail un de mes articles, a répondu immédiatement par une lettre grossière qu’il se dispensait de lire mes articles, mais … que je pouvais lire les siens ! Il a reçu une réponse cinglante. (Taper dans Google : Mélennec Kerhervé). Ceux qui ne lisent pas les travaux des autres se condamnent eux mêmes à disparaître de la scène.

Planiol Marcel, Histoire des institutions de la Bretagne, tome II, Mayenne, 1981. Remarquable, même si quelques analyses méritent d’être actualisées.

Pocquet du Haut-Jussé Barthélémy, Nominoé et la naissance de la Bretagne, MSHAB, tome XXV, 1945, pages 1-25. Indispensable, mais manque de rigueur.

Tonnerre Yves-Noël, Naissance de la Bretagne, Angers 1994. 626 pages. Une analyse très intéressante de cet ouvrage est publiée pat Cassard …

Tourault Philippe,

LES LECTEURS ECRIVENT.

Jean-Yves LE DRIAN MEPRISE ET INTERDIT LE DRAPEAU BRETON.
Après l’interdiction du Drapeau Breton lors de la cérémonie commémorative du 16 Octobre 2014 à Sainte Anne d’Auray, c’est de nouveau son interdiction lors de la cérémonie du 11 Mai 2015 à Saint Nazaire, en mémoire de la Libération. Des personnes, membres de BRETAGNE REUNIE, ont été agressées avec violence par les forces de l’ordre, se sont vues confisquer leurs drapeaux, et pour finir trainés au commissariat, alors qu’elles manifestaient pacifiquement sur une plage. Souffrant de contusions et de troubles psychologiques, ces personnes attendent réparation de cette agression policière non fondée. BRETAGNE REUNIE les soutiendra dans leurs démarches en justice. BRETAGNE REUNIE met en demeure Jean Yves Le Drian de s’expliquer sur son comportement, contraire à ses engagements pour la BRETAGNE et sa réunification, son manque de reconnaissance des efforts et sacrifices Bretons, notamment lors de la Libération de la Poche de Saint Nazaire, ainsi que de la violence exercée ce 11 Mai dernier sur fond de mépris du Drapeau Breton.
Jean François LE BIHAN
Président de BRETAGNE REUNIE
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