COMMENT RENEE DE BRETAGNE (dite de France), fille de la duchesse ANNE, a été éliminée par la France du trône breton .

(Article en cours d’élaboration. L’article sera complété selon les loisirs de l’auteur).

COMMENT ET POURQUOI ELLE A ETE DEPOUILLEE  DE SA FORTUNE, DE SES BIENS, DE SES SEIGNERIES, ET DU DUCHE DE BRETAGNE

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Lecture préalable, indispensable : L’élimination de Claude de France du Duché de Bretagne, par Louis Mélennec, dans ABP.

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Pour accéder au site de Louis MELENNEC :

www.site.louis-melennec.fr

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Le sujet, je l’ai dit maintes fois, est surabondamment documenté. Pourtant, il n’a suscité aucune thèse ni aucune recherche de la part de l’université de Bretagne : tout ce qui est scandaleux – ou presque – dans le passage de la Bretagne indépendante à la Bretagne occupée et soumise a été éliminé. La connaissance du destin assez tragique de Renée de France est pourtant une pièce maîtresse de notre histoire.

Fille des deux souverains les plus puissants et les plus fortunés d’Europe, Anne de Bretagne et Louis XII, le destin de RENEE DE FRANCE ne pouvait être que fabuleux. Son grand malheur est d’avoir perdu sa mère alors qu’elle avait trois ans (Anne est morte le 9 janvier 1514), puis son père un an plus tard (Louis XII est décédé le 1er janvier 1515). Dès lors, elle et sa soeur furent prisonnières de deux authentiques crapules, prédateurs de grande envergure, connus et jugés comme tels de leur temps, détestés d’une manière unanime : François 1er, et sa mère Louise de Savoie. Ce qui est gravissime, surtout pour Renée, qui a vécu jusqu’en 1575, c’est QUE TOUTES LES DEUX, D’UNE MANIERE DELIBEREE ET VOULUE, ont été soigneusement maintenues dans l’ignorance totale de leurs droits. Ce qui a rendu possible ce que d’aucuns ont dénommé  » le plus grand hold up du siècle « .

LES SPOLIATIONS DES  » SOUS AGES « .

De tous temps, les mineurs ont été menacés d’être spoliés par leur entourage, spécialement par ceux qui sont chargés de leur tutelle, et qui, à ce titre,  sont juridiquement autorisés à prendre des mesures en leur nom, jusqu’à leur majorité. Plus l’enfant est jeune, plus le prédateur a de chances d’être à l’abri de sanctions. S’il s’avère qu’il est puissant – à plus forte raison s’il est roi de France -, l’impunité lui est assurée, quelle que soit la gravité de ses crimes. (Du temps de la minorité d’Anne de Bretagne, trois personnage au moins se dirent ducs de Bretagne, alors même qu’elle avait été couronnée : le roi Charles VIII de France, son proche parent le vicomte de Rohan, René de Brosses – Bretagne, descendant de Jeanne de Penthièvre et de Charles de Blois).

Les juristes  du moyen âge connaissent parfaitement le problème des mineurs, et ont écrit maintes dissertations sur le sujet, pour tenter de prévenir et punir les tuteurs et autres personnes  « baillées par la justice aux sous âgés  pour les défendre, les garantir et les garder, et pour maintenir leurs droits  » (Philippe de BEAUMANOIR, tome 1, page 275, n° 570; ce traité classique a été écrit au 13 ème siècle. Cet ouvrage – et les autres écrits après lui – doivent être des livres de chevet pour les historiens actuels qui ont la prétention d’écrire sur le moyen âge; faute de quoi, on est exposé à de grossières erreurs d’interprétation, sur presque tous les sujets importants. En particulier sur l’hommage, et les obligations qui en résultent; les lecteurs savent, parce que je l’ai répété souvent, que l’hommage que le Duc de Bretagne prête au roi de France lie les deux hommes par un contrat d’alliance simple et réciproque, en aucun cas par des relations de sujétion du Duc, qui est un souverain dans sa Principauté, comme le roi de France l’est dans la sienne. L’un des adages célèbres du Duché ( » Le Duc de Bretagne est Roi dans sa Duché, comme le roi de France l’est dans son royaume « ), n’est pas une formule à visée publicitaire, mais traduit la réalité : je renvoie, pour la centième fois au moins, les  » hystoriens  » bretons à l’épais chapitre rédigé par Marcel PLANIOL dans son histoire des Institutions (notamment, tome 3, pages 72 et 73, ainsi que les notes en bas de ces pages) …. afin que TOUS SACHENT ENFIN QUE LA BRETAGNE MEDIEVALE EST UN ETAT SOUVERAIN, entièrement et pleinement, non un fragment de la France, pays entièrement et TOTALEMENT ETRANGER, et de surcroît, ennemi). (Sur la Souveraineté totale des Ducs de Bretagne, une fois de plus, lire et relire PLANIOL, tome 3, pages 51  à 92, sans omettre les références très nombreuses).

François Ier, tuteur de sa belle soeur Renée, et Louise de Savoie, sont jugés d’une manière plus que péjorative par les ambassadeurs italiens et les témoins du temps qui osent écrire la vérité, ce qui semble avoir échappé aux historiens modernes. Ceux-ci – à quelques uns près -, n’ont retenu de lui que l’image d’un bâtisseur de châteaux, de commanditaire d’oeuvres littéraires, picturales, poétiques ou autres, alors qu’il fut un roi prodigue, dépensier, totalement inconséquent, inapte ni aux fonctions gouvernementales, sans aucune vue sur une vraie politique, entièrement voué à ses plaisirs, sans aucune considération pour son peuple, ni d’ailleurs de personne (hors sa mère, Louise de Savoie, dont il fut l’enfant docile et attardé, et sa soeur Marguerite), laissant après lui un gouvernement absolu, et une France ruinée et en lambeaux. Aujourd’hui, on les désignerait, le fils et la mère, du terme peu flatteur de  » truands « . François Ier n’a pas été un roi gentilhomme, mais un roi-bandit, l’un des pires que la France ait connus. Ces termes sont d’ailleurs généreux et timides. Cette observation préliminaire est utile pour faire comprendre ce qui est advenu sous son règne à la Bretagne, à sa femme Claude, à sa belle soeur Renée.

(Voir, sur ce point :

– Sismondi, Histoire des Français, Bruxelles, 1837, pages 199 et suivantes; cet ouvrage est une mine de références, et de citations précieuses. Les Bretons exècrent François d’Angoulême dès que, marié à Claude, en mai 1514, son beau père lui donne la direction des affaires de Bretagne. Avant que l’année soit écoulée, ils envoient une délégation se plaindre en plein parlement de Paris, en présence de Louis XII (de Maulde la Clavière, page …). François devenu roi le 1er janvier 1515, à la mort de son oncle, impose le silence à tous, car il sera un roi absolu, auquel personne n’osera plus s’opposer, sous peine de perdre la vie; il sera un maître en matière de corruption, par ailleurs, ce dont on a des preuves surabondantes.

– De Maulde la Clavière, page 381;

– Le bibliophile Jacob, Louis XII et Anne de Bretagne; KK.240; Mignet, pages …

– Lemonnier, La lutte contre la Maison d’Autriche, …. Cet auteur est au moins aussi sévère que Sismondi, et, comme lui, fournit des preuves surabondantes sur l’incompétence et la malhonnêteté foncières de François 1er, homme foncièrement sans scrupules.).

Nous verrons, à la fin de cet article, en évoquant le procès intenté par Renée à son neveu le roi Charles IX de France, en quoi consistait l’héritage de Renée, dont on peut dire qu’il était littéralement fabuleux. Les biens matériels dont elle a été délestée, ne sont pourtant pas l’essentiel de l’affaire : c’est la Bretagne qui a été écrasée sous la botte de François 1er, par des procédés répugnants) : la jeune fille a été piétinée, la Bretagne, qui devait retrouver sa pleine indépendance, est passée sous la coupe de son pire ennemi.

Si elle n’avait été dépouillée par son beau frère François 1er, le mari de sa propre soeur Claude,  cette femme de caractère, très intelligente, très cultivée, d’une morale aussi stricte que sa mère, aurait fait une magnifique duchesse de Bretagne. Les lois fondamentales du royaume de France écartant les femmes du trône, on lui prête d’avoir dit :  » Si Dieu m’eût donné de la barbe au menton, et que je fusse un homme, les Français seraient tous mes sujets, ils seraient tels, si cette loi salique ne me tenait trop de rigueur  » (Brantôme, page 216). (Aux termes de la loi dite  » salique « , les femmes ne peuvent régner en France, alors qu’en Bretagne, les femmes sont jugées dignes d’être placées à la tête de l’Etat).

Renée ayant été mariée à 18 ans au duc Hercule de FERRARE, souverain d’une petite principauté italienne, fils de Lucrèce BORGIA, petit fils du pape Alexandre BORGIA, les italiens, eux, se sont passionnés pour ce personnage exceptionnel, petite fille de François II, deuxième fille de ANNE de BRETAGNE. Comme d’habitude, nous sommes très largement en retard, dans l’écriture de cette importante page de notre histoire nationale, pour cause de  » bouclage  » intellectuel quasi-total de tout ce qui gêne durant cette période, pendant laquelle nous avons été spoliés et écrasés.

Le présent article se limitera à ce qui nous concerne, directement, quant à la manière dont à usé notre ennemi millénaire pour s’emparer de la Principauté souveraine de Bretagne. Le reste, notamment les péripéties étonnantes de la vie de Renée en Italie, ont été explorés, et racontés avec un grand luxe de détails, par d’autres auteurs (voir la bibliographie sommaire ci-dessous).

1 – LES ENFANTS D’ANNE DE BRETAGNE. Anne de Bretagne a été une épouse très prolifique. L’un de ses détracteurs, Bernard QUILLET, dans des termes vulgaires, a dit qu’elle était une dégénérée, une  » fin de race « , ce qui expliquerait, selon cet éminent auteur, que si peu de ses enfants aient survécu (Louis XII, Paris, 1986, éditions Fayard, pages  C’est stupide. A cette époque, la mortalité infantile est effrayante. ….

De Charles VIII, elle a six enfants, dont un seul – Charles-Orland – né le … dépasse l’âge de trois ans.

De Louis XII, elle conserve deux filles – Claude et Renée – née le 11 octobre 1492 et le ….. Deux enfants de sexe mâle meurent.

On ne connait les défaillances de la santé d’Anne qu’à la fin de sa vie, en 1513-1514, et les causes de sa mort, une infection urinaire récidivante affreusement douloureuse. En ma qualité de médecin, je n’ai décelé chez elle aucune tare ou maladie susceptible d’expliquer la mort de ses nombreux enfants. Chez elle, en tous cas. Mais il n’est pas exclu que ses maris (Charles VIII et Louis XII), aient été atteints de syphilis, pour avoir  » pratiqué  » un nombre considérable de femmes, parmi lesquelles des putains avérées ou de profession. Elle laisse, malgré tout, par ses deux filles Claude et Renée, une très abondante descendance. Psychiquement, quoique très sensible et facilement blessée, elle ne présente AUCUN SIGNE PATENT de névrose ou de psychose. Avec des moments difficiles, elle est un monument de solidité mentale, du début jusqu’à la fin (voir : Mélennec, psychiatrie, névroses, etc.).

2 – L’INDEPENDANCE DE LA BRETAGNE, garantie ad vitam aeternam, par le TRAITE DE JANVIER 1499, conclu entre la Bretagne et la France, à la faveur du mariage de la duchesse ANNE et du roi LOUIS XII DE FRANCE.

On connaît les évènement spectaculaires qui ont suivi la mort (par traumatisme crânien, c’est à dire par accident de Charles VIII, roi de France et mari d’Anne de Bretagne, le 7 avril 1498 …

Anne, son pays ayant été réduit à néant par Charles VIII, de 1491 à 1498, impose un nouveau statut pour la Bretagne, par un traité négocié pied à pied avec Louis XII. Ce traité, ouvrage capital d’Anne de Bretagne, condition sine qua non de son mariage avec Louis XII, est signé à Nantes le 7 janvier 1499.

Pour résumer ce contrat complexe (Mor. Pr. III, 813) :

– La Bretagne et la France sont et resteront à jamais des pays distincts et séparés, comme ils l’ont toujours été.

– La Bretagne sera gouvernée par son Duc, et aura, à jamais, ses institutions propres (premier ministre, gouvernement, parlement, chambre des comptes …).

– Le trône de Bretagne échoira au deuxième enfant du couple royal – fille ou garçon -, après la mort d’Anne et de Louis. S’il n’y a qu’un enfant, la clause reste valable pour les générations suivantes. En toute hypothèse, ce sont les « vrays et plus proches héritiers » qui « succèderont auxdits Duché et seigneuries », sans que « les rois en puissent rien quereller » ( = contester).

Ce traité, absolument capital, qui, hélas, sera une fois de plus violé par la France, EST L’ŒUVRE MAJEURE d’Anne de Bretagne. N’aurait-elle que ce traité à son actif, cela ferait d’elle une héroïne.

Contrairement à ce qu’on peut lire dans le pamphlet publié chez FAYARD en 1999, réédité en …. Anne a été une grande reine, plus encore une grande Duchesse …Elle n’a cessé d’oeuvrer pour le pays de ses ancêtres, qu’elle pensait – très sincèrement -, comme infiniment plus noble et plus ancien que les autres principautés d’Europe ..

3 – LES TRAITES DE MARIAGE DE CLAUDE ET DE CHARLES D’AUTRICHE, futur Charles QUINT.

(Dans les lignes qui suivent, nous désignerons, bien que les textes du temps lui donnent des titres multiples, le futur Empereur Charles Quint sous le nom ce Charles d’Autriche. Cela évitera des confusions).

La volonté féroce d’Anne de Bretagne de mettre son pays à l’abri de son voisin prédateur, la France, ne se démentira jamais. Le fait d’être mariée à deux rois de France, non seulement ne changera rien à sa détermination : au contraire, elle utilisera sa qualité de reine de France, en tout cas sous Louis XII, qui lui abandonne le libre gouvernement du Duché, pour tenter de parvenir à ses fins, pour faire échapper la Bretagne à l’emprise française.

Après avoir signé, à Nantes, avec son mari Louis XII le traité de janvier 1499, attribuant la couronne de Bretagne à l’un de ses enfants, Anne va se montrer extrêmement déterminée à s’opposer au mariage, voulu par son mari, de leur fille Claude avec l’héritier du trône de France, François d’Angoulême.

Par Les traités de 1501 et 1504,  Claude, destinée – à cette époque, sa soeur renée ne viendra au monde qu’en 1510 – à devenir Duchesse de Bretagne, épousera Charles d’Autriche, le futur Charles QUINT. Ce projet échoue, par le fait de Louis XII, à la grande colère d’Anne de Bretagne.

Ce chapitre a été longuement traité dans notre mémoire de DEA sur le rattachement de la Bretagne à la France (pages 49 à 54).  Il est nécessaire de s’y reporter, comme constituant un aspect essentiel de la politique menée par Anne de Bretagne, défendant becs et ongles son pays, décidée à tout pour empêcher que le Duché Souverain ne tombe sous la coupe de son ennemi millénaire, la France. Ce chapitre étant peu connu – et de surcroît traité d’une manière plus que cavalière par les historiens français – et même bretons, en particulier QUILLET et MINOIS -, …..il est nécessaire de s’y reporter, et de le relire avec soin.

On y ré-apprendra que, alors que Louis XII, roi de France, VEUT ABSOLUMENT que leur fille Claude, héritière naturelle du Duché souverain de Bretagne jusqu’à la naissance de Renée, leur deuxième enfant (Claude est née en 1499, Renée en 1510), épouse François d’Angoulême, son neveu, appelé à devenir roi de France (il le deviendra le Ier janvier 1515, le jour de la mort de Louis XII), Anne s’oppose avec FEROCITE à ce mariage, ceci JUSQU’A SA MORT, le 9 janvier 1514. Pour une raison simple, qui est clairement connue et exposée par les auteurs ses contemporains : si Claude épouse effectivement le roi de France, LA BRETAGNE, A COUP SÛR, tombera sous la coupe de l’ennemi millénaire haï : la Bretagne ne pourra échapper à une annexion. En revanche, si Claude épouse un prince étranger (en l’espèce : Charles d’Autriche), non seulement la Bretagne conservera toutes ses Institutions, mais aura son Prince particulier, si l’on garantit que le deuxième enfant du couple sera l’héritier du trône breton : la Bretagne ne deviendra pas une province de l’Empire – comme on peut encore le lire dans certains livres mal informés -, mais conservera son indépendance. Cet aspect de la politique d’Anne de Bretagne est tout-à-fait remarquable.

4 – Renée de BRETAGNE est écartée par son père, Louis XII, du trône de Bretagne, au profit de sa soeur CLAUDE.

Pourquoi Renée n’a-t-elle pas été proclamée Duchesse de Bretagne, dès la mort de sa mère, en janvier 1514 ? On  manque malheureusement d’archives pour la période qui suit la mort d’Anne de Bretagne. Les documents ont ils disparu, comme tant d’autres? Ont-ils été détruits, comme cela est d’usage lorsqu’un nouveau souverain monte sur le trône, et qu’il ordonne la destruction de tout ce qui peut le compromettre ? Ou se produira-t-il le miracle qui a permis à M. Alain MORGAT, auteur d’une thèse précieuse pour la Bretagne, de mettre la main sur une volumineuse liasse de documents à la bibliothèque nationale …

Selon le traité régulièrement conclu par Anne de Bretagne et Louis XII en janvier 1499, à Nantes, Renée est, juridiquement, l’incontestable duchesse héritière, en qualité de deuxième enfant du couple royal.

On prête à Anne de Bretagne d’avoir voulu, dans les mois qui ont précédé son décès, prendre toutes les dispositions pour que cela soit, et même d’avoir exprimé à nouveau sa volonté ferme sur son lit de mort (Anne PUAUX, page 5). Bien qu’il n’y ait présentement aucune archive sur ce point, cela est sûrement vrai, PUISQUE LEDIT TRAITE DE JANVIER 1499 a ETE FAIT DANS CE BUT. Dans le fracassant procès que Renée intente de longues années plus tard à son neveu, le roi Charles IX de France  (mémoire de DEA, page 58), ce sera son argument majeur : à la mort de sa mère, elle aurait du être proclamée duchesse de Bretagne, elle a été spoliée. Ses avocats écrivent, répétitivement et avec fermeté : » Par le traité de mariage entre le Roi Louis XII et la Reine Anne, ses père et mère, le DUCHE DE BRETAGNE APPARTIENDRA AU SECOND ENFANT DE LEUR MARIAGE, (que cet enfant) soit mâle ou femelle « . Ce qui est juridiquement INDISCUTABLE. La clause de succession aurait du être appliquée d’une manière automatique, puisqu’elle exprimait le Droit (voir ci-après : Morice).

Que s’est-il passé ? Pourquoi Claude se retrouve-t-elle duchesse de Bretagne – jusqu’à sa mort, en 1524, alors que, juridiquement, c’est sa soeur Renée qui devrait l’être ? Les textes du temps sont assez clairs et concordants pour l’expliquer. Louis XII, seul maître en Bretagne  après la mort de sa femme Anne, et jusqu’à sa propre mort, un an plus tard (dans ses actes, il porte le titre de Duc de Bretagne), a toujours témoigné sa crainte que la Bretagne, si elle recouvrait sa totale indépendance, comme sous ses anciens Ducs, serait à nouveau la source de menaces pour la France, voire de guerres, avec le soutien, notamment, de ses alliés Anglais. Il n’y a pas d’autre explication plausible que celle de garantir la paix future de son royaume, d’avoir écarté sa fille Renée – en dépit de la très profonde affection qu’il lui porte -, du trône breton. (Louis XII aime les enfants, les siens par dessus tout). C’est une décision politique, certes gravement préjudiciable aux intérêts de la Bretagne, contraire au droit, mais qui se comprend dans dans une optique française : roi de France, scrupuleux, très soucieux de la prospérité et de la sécurité du pays dont il a la garde, Louis XII n’est en rien l’ennemi des Bretons; proche parent de la  » tige royalle  » de Bretagne, il a combattu avec eux dans leurs armées à Saint-Aubin-du-Cormier, et a subi un dur et long emprisonnement à cause de cela. Mais il a une très haute idée des impératifs liés à sa fonction : en mariant sa fille Claude à François d’Angoulême, et en autorisant celui-ci à s’intituler duc de Bretagne – en sa qualité de mari de la Duchesse – (Morice, Preuves, III,  …), il incarne l’affection qu’il porte à son pays et à son peuple. C’est son devoir – pense-t-il -, et, du point de vue d’un roi de France, cela se comprend aussi aisément que l’on comprend aisément la volonté féroce d’Anne de Bretagne de soustraire son Pays à la menace de phagocytose par la France.

CLAUDE DEVIENT DUCHESSE DE BRETAGNE A LA MORT DE SA MERE, et épouse FRANCOIS D’ANGOULEME, qui devient Duc de Bretagne, et en porte le titre jusqu’à son accession au trône de France, en 1515.

C’est donc Claude, alors âgée de 15 ans, qui porte le titre de duchesse de Bretagne, jusqu’à sa mort, en 1524. Sans aucun doute par la volonté de son père Louis XII, qui a toujours eu la volonté de la marier à son neveu François, pour faire d’elle non pas seulement une reine de France, mais aussi la duchesse en titre. (Sur ce point, les preuves sont surabondantes).

De fait, elle épouse François d’Angoulême en mai 1514, quatre mois après le décès de sa mère. D’excellents développements sur ce mariage sont dispersés dans l’ouvrage érudit de R. de Maulde la Clavière, inconnu en Bretagne, et d’ailleurs introuvable). Il n’y a aucune trace d’opposition de la part des Bretons pour qu’il en soit ainsi : ils avaient consenti à ce mariage dès 1506 (aux Etats généraux de Tours, Georges PICOT, Histoire des Etats généraux, Genève 1979, Mégariotis Reprints, réimpression de l’édition de Paris de 1872, tome 1, pages 552 et 553). Et sans aucun doute avaient-ils à craindre que si Renée, âgée de quatre ans à la mort de son père, devenait duchesse, les minorités des souverains ayant toujours mis en péril leur pays, et occasionné des troubles souvent graves, la Bretagne mise en situation d’être gouvernée par le tuteur de la vraie duchesse héritière – son beau frère François -, eut été encore bien plus vulnérable, incapable de se défendre, et broyée. Non seulement la qualité de Duchesse de Claude n’a jamais été mise en cause par les Bretons, mais ils l’ont même souhaité et demandé à Louis XII qu’elle le devînt, et que son mari François d’Angoulême portât le titre de duc de Bretagne : naïfs, ils crurent que si François accédait à cette haute dignité, ils seraient gouvernés  » comme ils l’avaient été sous les Ducs  » (le témoignage de Dom Morice, page 246, tome …, lève tous les doutes).

Mais leur illusion ne dura guère. Marié en mai 1514 avec Claude, ils eurent tôt fait de découvrir à quel personnage ils avaient affaire. Et le 1er janvier suivant, Louis XII étant décédé, François d’Angoulême devint roi de France : dès lors, la Bretagne fut captive de la couronne de France, et bientôt serve.

Il ne faut pas croire que le silence des Bretons durant cette période équivaut à l’ acceptation de la situation. François 1er ne fait l’objet d’aucune contestation ouverte, non pas parce que les bretons sont heureux de le voir marié avec leur Duchesse, mais parce que s’opposer à lui serait, à coup sûr, mettre sa carrière et sa vie en péril. Cet homme est détesté dans tout son royaume, il l’est encore plus en Bretagne, pays xénophobe et résolument anti-français, ou il n’est qu’un prince non seulement étranger, mais menaçant pour l’indépendance nationale. La naïveté de Pocquet, sur ce point, relatant la  » réunion  » de la Bretagne à la France (Histoire   , tome 5, page) confine à la sottise. Et son ignorance de cette période risible, lorsqu’il écrit que …..

5 – RENEE DE BRETAGNE EST PROMISE PAR SA MERE ANNE ET SON PERE LOUIS XII au futur empereur du Saint Empire Romain germanique.

RENEE, PAR LA VOLONTE DE SES PERES ET MERE, EST MARIEE – par  » paroles de futur  » (per verba de futuro), c’est à dire fiancée – à CHARLES, futur Empereur.

Ecartée par son père du trône de Bretagne – quoique celui-ci, dans l’acte du 27 octobre 1514, réserve expressément les droits de sa fille au trône breton (Morice, Preuves, III, page 925), Renée n’en est pas moins destinée par la volonté du Roi son père et plus encore par celle de sa mère Anne de Bretagne, à un destin très brillant : tous deux veulent faire d’elle une Impératrice du Saint Empire, à tout le moins une reine, puisque tel est son destin naturel de fille des deux plus puissants Souverains d’Europe.

LE TRAITE DE BLOIS, DU 1er décembre 1513 : RENEE EST MARIEE A CHARLES, FUTUR EMPEREUR CHARLES QUINT.

Ce traité est intitulé :  » Traité de mariage de Charles, Prince de Castille, avec Madame Renée de France, deuxième fille du Roi Louis XII « .

Les négociations en vue de son mariage futur avec Charles d’Autriche – ou à défaut avec son frère Ferdinand -, sont menées par le roi lui-même, et par Anne de Bretagne. (Il serait oiseux d’énumérer les projets de Louis XII pour sa fille Renée; voir cependant, R. de Maulde la Clavière, Louise de Savoie et François Ier, Paris, 1895; cet ouvrage de très haute érudition est précieux. Pages 353, 357 et 358).

Le traité de Blois, conclu le 1er décembre 1513 par Louis XII, arrête les conditions du mariage futur de Renée et de Charles, alors prince de Castille, en sa qualité d’héritier de Jeanne la Folle, reine de Castille, ou, à défaut, du mariage de Renée et de son frère Ferdinand.

L’accord contient les dispositions suivantes :

 » Le Roi donnera à sa fille, Dame Renée, la Duché de Milan, le comté de Pavie, la seigneurie de Gênes, pour elle et les descendants qu’elle aura de Charles ou de son frère « .

Les deux parties contractantes prennent toutes les précautions d’usage pour que le mariage ait bien lieu : serment sur les Saints évangiles et sur le canon de la messe, sur la vraie croix, serments prévus des princes, barons de leurs royaumes.

Le 16 novembre 1513, sous la pression de sa femme Anne de Bretagne, Louis XII fait don à sa fille Renée, de ses droits sur le Duché de Milan, le comté d’Asti, la seigneurie de Gênes (Sismondi, page 149; Dumont, Corps diplomatique, tome 4, pages 82-83), afin qu’elle les apporte en dot à son mari (Charles, ou, à défaut, son frère Ferdinand).

LE MARIAGE FUTUR DE RENEE ET DE CHARLES EST CONFIRME PAR FRANCOIS Ier, QUI VIENT D’ACCEDER AU TRÔNE DE FRANCE, à la mort de Louis XII, PAR LE TRAITE D’ALLIANCE DU 24 MARS 1515 (Morice, Preuves III, pages 927 et suivantes).

Ce n’est, EN AUCUN CAS, pour respecter les volontés du roi défunt Louis XII, encore moins dans l’intérêt de la princesse Renée  que le projet de mariage est confirmé entre CHARLES d’AUTRICHE, et FRANCOIS Ier le 23 mars 1515. Les deux souverains souhaitent ce traité. En réalité, François Ier, a le projet, arrêté avant même la mort de Louis XII (De Maulde la Clavière, page …..), auquel il a succédé moins de trois mois auparavant, le Ier janvier 1515, d’envahir l’Italie, et de conquérir avec ses armées autant de territoires qu’il lui sera possible, en premier lieu le très riche duché de Milan, et le royaume de Naples. Être en paix avec Charles d’Autriche est un préalable à cette invasion. Renée étant duchesse de Bretagne de DROIT, en sa qualité de deuxième enfant d’Anne de Bretagne, et ayant des droits, par son père, sur le Duché de Milan, le comté d’Asti, la seigneurie de Gênes, il importe que les prétentions que  Renée pourrait émettre dans le futur soient annihilées. Le traité relatif au futur mariage de Renée et Charles fournit à François Ier les moyens d’éliminer sa belle-soeur. Personne n’est en mesure de protester, certainement pas la Bretagne, QUI N’A PLUS d’ARMEE, ni de gouvernement capable d’agir efficacement, ni, par conséquent, de politique.

Les clauses du traité de Paris, du 24 mars 1515 (Morice, Preuves III, 929 et 930; Lemonnier, page 133), sont ahurissantes, eu égard de l’importance de l’immense fortune des père et mère de la princesse (Morice, II, 248), et de ses droits à en hériter avec sa soeur Claude.

– LE SEUL AVANTAGE qui est concédé à la princesse Renée par la volonté de son beau-frère François 1er, est UNE DOT de six cents mille écus d’or, cent mille devant être payés le jour de la célébration  » et de la consommation  » du mariage, cent mille autres devant être payés un an plus tard. Pour le reste de la somme, soit les quatre cents mille écus restants, elle obtient la jouissance – non la propriété – du Duché de Berry, le roi en demeurant, bien entendu, le souverain.

– RENEE RENONCE (plus exactement, son beau frère renonce pour elle, par une spoliation invraisemblable), à tous ses droits sur le duché de Bretagne (qu’elle tient du traité de janvier 1499, signé par ses père et mère à Nantes), et sur le duché de Milan, sur le comté d’Asti, qui jouxte ledit duché, et sur la seigneurie de Gênes (qu’elle tient de son père Louis XII, qui lui en a fait don, par un acte solennel du 16 novembre 1513, sous la pression d’Anne de Bretagne (Jean Dumont, Corps diplomatique, page 177). Le traité du 24 mars précise bien que les avantages ci dessus, qui lui sont consentis en faveur de son mariage avec Charles représentent TOUS  » les droits successifs du côté paternel et maternel, ainsi que la dot qui lui est due par la couronne (de France), comme fille de roi  » (Morice, Preuves, III, page 930). Comme si ce n’était pas assez clair, il répète, plus loin :  » Dame Renée  …. renoncera entièrement à tous droits de succession paternelle et maternelle ….  »  (Morice, III, page 930).

De fait, d’une façon ostensible, François 1er affiche désormais les titres de  » Duc de Milan » et de  » Seigneur de Gênes « , qu’il s’est appropriés par une décision unilatérale, alors que ces droits ont été officiellement concédés à Renée par son père. Son expédition en Italie, dès lors, doit seulement lui permettre de prendre possession des seigneuries qu’il considère comme siennes.

Ce prétendu traité est une monstruosité juridique.  Renée n’est ni en âge de comprendre ce qui se passe, ni partie au contrat. C’est une spoliation quasi invraisemblable de la princesse que son protecteur et tuteur ose réaliser : le roi dispose, à son avantage exclusif, par simple traité, de principautés – considérables pour la Bretagne, Milan et Gênes -, qui ne lui appartiennent pas. De surcroît, la Bretagne n’est en rien consultée. Or, à supposer qu’un tel renoncement de l’héritière légitime du trône fût possible, SEULES LES AUTORITES BRETONNES COMPETENTES POUR L’ AUTORISER (en particulier  LES ETATS DE BRETAGNE) ont compétence pour signer un tel acte, CE QU’ELLES N’AURAIENT CERTAINEMENT PAS FAIT, la Bretagne étant un pays souverain, et ayant depuis mille ans, démontré à quel point les Français sont honnis dans le Duché. Ce double acte de cession, conclu par le roi étranger François 1er au nom de sa belle soeur, EST DONC NUL, DE NULLITE ABSOLUE. On va comprendre, plus loin, les arguments juridiques que Renée invoquera lorsqu’elle attaquera en justice le roi Charles IX de France, pour que ses biens lui soient rendus.

6 – PEU A PEU, RENEE EST PRECIPITEE DANS LE NEANT PAR LE ROI DE FRANCE, SON BEAU FRERE, TUTEUR, GARDIEN, ET PROTECTEUR NATUREL.

Même dépossédée de TOUS SES BIENS par son beau frère et protecteur naturel, François Ier, la situation de la jeune princesse peut encore, à cette époque, être considérée comme très brillante, au moins d’une manière relative : si elle est son  » fiancé  » survivent jusqu’à l’âge de s’ unir en légitime mariage, elle deviendra Impératrice, destin qui avait été promis à sa mère Anne de Bretagne, lorsqu’elle épousa Maximilien d’Autriche,  par procuration à Rennes, en décembre 1490, mariage réduit à néant à la suite de l’invasion de la Bretagne par les hordes françaises en 1491, puis à sa soeur Claude par les traités de 1501 et 1504.

Mais cette situation ne va pas durer longtemps. La suite va illustrer, parmi les autres exactions accomplies par François Ier, ce qu’est moralement ce triste sire.

RENEE EST  » DEMARIEE  » PAR SON BEAU FRERE FRANCOIS Ier EN 1516 par le traité de NOYON.

L’occasion propice pour rompre le  traité  conclu avec Charles d’Autriche survient dès l’année suivante.

Claude se révèle une reine extrêmement prolifique. En six ans, Anne de Bretagne avait donné six enfants à Charles VIII. Claude, en neuf ans de mariage (1515 – 1524), donne à François 1er ….. SEPT ENFANTS !

Le premier enfant, né en 1515, est une fille, que l’on prénomme LOUISE. Cette naissance paraît à François 1er une bien meilleure affaire pour son alliance avec Charles d’Autriche. Il a l’audace de proposer à celui-ci, que dans leur alliance, Renée soit éliminée de ce mariage futur convenu entre les deux souverains, et que la princesse LOUISE, âgée de UN AN (!), soit substituée à Renée. Celle-ci n’aura été la promise du futur Empereur d’Autriche que durant UN AN. Le futur Empereur a l’impudeur d’accepter la nouvelle combinaison qui lui est proposée, pour des raisons politiques.

A dire vrai, Renée n’est pas entièrement jetée par dessus bord : car elle peut encore, dans le cadre de ces négociations, être utile à son beau frère. Il est donc stipulé que Charles épousera Louise – ou toute autre fille du roi, si le mariage avec Louise ne peut se faire, par exemple si elle vient à mourir ! -, et que Renée, si les mariages avec les filles de son beau frère défaillent, c’est elle que Charles épousera. En somme, la fille de la grande Anne de Bretagne devient une fiancée de troisième rang, UNE REMPLACANTE ! François 1er, à cette époque, a impérativement besoin de son alliance avec Charles d’Autriche : Renée sert donc, si l’on peut hasarder ici cette expression, de roue de rechange.

Mais elle perd, bien entendu, déjà dépouillée de toute sa fortune, le duché de Berry, inclus dans sa dot en cas de mariage avec Charles d’Autriche. François 1er, qui a couvert sa mère, l’insatiable LOUISE de SAVOIE, de duchés, comtés, seigneuries nombreuses, donne en toute impudeur la jouissance de ce duché de Berry à sa soeur Marguerite. Ni duchesse de Bretagne, ni duchesse de Milan, ni reine de Naples, ni ceci, ni cela, ni cela encore …. Renée est une  » pensionnaire  » fort encombrante de la Cour de France.

Renée va être plongée dans un abîme, ou à peu près …

Ces combinaisons sont en soi incroyables. Mais elles ne sont qu’un début.

NOUVELLE DECHEANCE : RENEE EST PROMISE A JOACHIM, FILS DU MARGRAVE DE BRANDEBOURG (Mignet, pages 121 et suivantes; …..).

On a souvent oublié que François Ier a été candidat à l’Empire, lors des élections de 1519, quatre ans seulement après son accession au trône de France. Né le 12 septembre 1494, il a alors 25 ans. Son concurrent au trône impérial est de taille : Charles d’Autriche, l’ex-fiancé de Claude et de Renée, petit fils de l’Empereur Maximilien. Il n’y a pas de bassesses que ne commet François Ier pour parvenir à ses fins. A ceux de ses conseillers qui lui recommandent d’agir noblement (car il affecte d’être un Chevalier), et de n’employer ni la force, ni la corruption par l’argent, il répond négativement, et que tous les moyens lui seront bons pour parvenir à ses fins (Mignet, page …).On sait, aujourd’hui, par quels moyens il s’est emparé de la Principauté Haute et Noble de Bretagne).

L’Empire est à l’époque une vaste confédération de royaumes, de principautés, de duchés, de comtés, de villes libres, de margraviats, de landgraviats, de principautés ecclésiastiques de diverses sortes, de seigneuries multiples …. une mosaïque d’Etats et de principautés ressemblant à un capharnaüm, à un bric-à-brac … L’ensemble du  » système  » est  » coiffé  » par un Empereur élu. Depuis la  » bulle d’or « , promulguée en 1356 (voir ce nom), sept princes seulement sont électeurs, parmi lesquels le Margrave de Brandebourg. L’élection se déroule habituellement à Francfort. Elle confère à l’élu le titre de  » Roi des Romains « , dans l’attente du décès de l’Empereur en fonction, auquel il succèdera un jour, après être couronné. (On se souvient qu’Anne de Bretagne, mariée à Maximilien d’Autriche, a porté le titre de reine des Romains pendant un an, jusqu’à son mariage contraint avec Charles VIII de France, en décembre 1491).

La  » campagne électorale  » est à base de corruption, de versements aux électeurs de sommes considérables, de promesses de toutes natures, d’avantages accordés à leurs parents, leurs clients … ON SE CROIRAIT EN FRANCE, en 1981, en 1988, en 1995, en 2002, en 2007, en 2012 : au pays des droits de l’homme, on ne verse plus d’argent aux suppôts des candidats, mais on se partage les  » dépouilles  » avant même l’élection présidentielle : les postes de premier ministre, de ministres, de présidents de l’assemblée dite nationale, du sénat, du conseil économique et social, etc., etc., etc., font l’objet d’âpres marchandages sur le dos des citoyens : madame Royal se voit dès maintenant présidente de l’assemblée dite nationale, madame Martine Aubry, qui a ruiné la France pour plusieurs décennies, sera probablement promue Premier ministre  ….).

Pour devenir Empereur du Saint Empire, il faut convaincre les électeurs de voter pour François Ier. Celui-ci envoie donc en Allemagne de nombreux ambassadeurs, délégués, émissaires … D’ incessantes correspondances sont échangées (il en subsiste de nombreuses). Le  » ratissage  » est systématique : tous les électeurs sont en rapport avec la Chancellerie française, harcelée par elle, qui est dirigée par le cardinal DUPRAT, dont la moralité est l’exact reflet de celle de son Maître.

L’un des Grands Electeurs, le Margrave de Brandebourg, présente plusieurs avantages. Le Margrave ( les margraves sont des  » marquis « , dont le rôle, au moins à l’origine, est de défendre les frontières), est à la tête d’une principauté qui jouxte la Pologne, à l’est de l’Allemagne actuelle, à une grande distance du royaume de France. François trouve là le moyen de gagner UNE voix (il en faut quatre, soit la majorité), voire DEUX VOIX si le margrave parvient à entraîner avec lui son frère l’archevêque de Mayence, également Grand Electeur. Le Brandebourg est une province pauvre et peu peuplée. Son Souverain est éminemment achetable; dans l’Empire, on le surnomme  » le prince des avares « ; il peut donc, sans guère de difficultés, être acheté, à condition d’y mettre le prix. Fait notable, il est pourvu d’un fils, prénommé JOACHIM. François 1er décide de proposer au margrave de marier Renée à Joachim. Le moyen est excellent : on case enfin Renée; on s’en débarrasse; on l’expédie à l’autre bout de l’Allemagne; on n’en entendra plus parler, attendu que son mari n’aura jamais d’armée pour réclamer au roi de France l’héritage de sa femme. Proposition bien sûr acceptée. Le tout à peu de frais, comme on va le voir.

Les négociations entre Cour de France, le Margrave et son frère l’archevêque de Mayence, lui aussi grand électeur, sont aussi peu  » ragoûtantes  » que possible. La documentation est abondante. On dénombre au moins TROIS traités, datés des ….

Résumons, et simplifions :

– Le Margrave et son frère, l’archevêque de Mayence, personnage également corrompu, s’engagent à apporter leurs voix à François 1er, lorsque la Diète sera réunie à Francfort.

– Renée – âgée de 7 ans en 1517, sera promise au fils du Margrave ….

– Une somme de …..

– Une fois de plus, une clause de renonciation de Renée à son héritage est incluse dans les traités de mariage.

En somme, le Margraviat de Brandebourg préfigure ce va être le duché de Ferrare neuf ans plus tard. Un pays sans moyens militaires, très éloigné de la France, dont le souverain sera plus que flatté de devenir proche parent du mirifique roi de France, qui coûtera peu d’argent à acheter, et qui jamais ne viendra réclamer à celui-ci l’héritage fabuleux qu’il a volé à sa belle soeur Renée.

Au moment des dernières   » tractations  » (1518 – 1519), la princesse, âgée de 9 ans, n’est pas même au courant des négociations dont elle est la pièce centrale, en tous cas de leur teneur.

CHARLES EST ELU ROI DES ROMAINS. LES ELECTEURS ENCAISSENT LES SOMMES ENORMES QUE FRANCOIS Ier LEUR A ADRESSEES. RENEE se retrouve sans fiancé : pas même un fils de Landgrave allemand à l’horizon!

Toute l’énergie dépensée par la Chancellerie française, dirigée par le corrompu cardinal DUPRAT (celui-là même qui instrumentralisera l’annexion de la Bretagne en 1532) se révèle vaine. Malgré les sommes considérables versées par François Ier aux grands électeurs, ceux-ci élisent son concurrent Charles d’Autriche : ils sont princes allemands, ils n’ont évidemment aucune envie de devenir français. François 1er ne devient pas Empereur. Charles d’Autriche est proclamé roi des Romains le 28 juin 1519; il sera couronné en 1530 (Lemonnier, La lutte contre la maison d’Autriche, page 20). Renée perd un fiancé de plus. Sa  » valeur  » sur le marché matrimonial européen, à ce moment, est très dépréciée.

L’INCROYABLE MESALLIANCE : LA FILLE DU ROI LOUIS XII ET DE LA DUCHESSE DE BRETAGNE EPOUSE LE DUC HERCULE DE FERRARE (1528).

Les années passent. François 1er a envahi l’Italie dès le mois d’ août 1515, sept mois après son accession au trône de France. Il a été vainqueur à Marignan, le 14 septembre suivant (Lemonnier, page 136). Mais il a été fait prisonnier à Pavie, en 1525. Les deux  » alliés  » des traités de Paris et de Noyon sont devenus des ennemis féroces. Charles d’Autriche, qui n’a pourtant rien d’un animal furieux, se montre intraitable. Sans cesse trompée – et humiliée – par la France, n’ayant plus depuis longtemps la moindre créance dans les promesses de ce pays, la Maison d’Autriche tient les moyens de se venger. (Il ne faut pas croire que les descendants de Maximilien, jadis marié à Anne de Bretagne, en 1490, ont  » digéré  » son humiliation, ni celle résultant de la dénonciation du mariage de Claude de France et de Charles d’Autriche convenu par les traités de 1501 et 1504 : les textes de l’époque, et pas seulement autrichiens démontrent à quel point ces affaires ont laissé de traces dans les consciences). Charles Quint fait emprisonner François 1er à Madrid, dans des conditions impitoyables, et exige pour sa libération une somme considérable. Après de longues négociations, un traité, dit  » de Madrid  » est signé, le …. Cette  » libération  » est assortie de conditions drastiques : au moment ou le roi de France, sorti de sa prison, franchit la frontière, pour regagner son pays, deux de ses fils la franchissent en sens contraire, pour être gardés en otages en Espagne, sous l’oeil vigilant de Charles. Ils sont emprisonnés, dans des conditions dures … de …. à  …..

A peine rentré en France, François Ier, bien qu’ayant juré sur les évangiles, dénonce le traité signé avec Charles, prétendant que son consentement a été forcé, ce qui est faux, absolument. Une fois de plus, l’Empereur est trompé. Il en est tellement ulcéré, qu’il propose à François 1er  …. de se mesurer à lui en combat singulier !

Lorsque Renée se marie, en 1528, elle a 18 ans, âge tardif pour un princesse de ce rang. Les candidats à sa main n’ont évidemment pas manqué. Parmi eux : Charles, futur Empereur, Ferdinand, son frère cadet, qui devient Empereur à son tour, de … à …..; Gaston de Foix, fils de la soeur de Louis XII (l’un des projets du roi est de marier sa fille et son neveu, et de leur céder ses droits sur la royaume de Naples), le duc de Savoie, le roi du Portugal, Henry VIII, roi d’Angleterre, le connétable de Bourbon (qui, après la défaite de François Ier à Pavie, cultive plusieurs projets, dont ceux de poser sur sa tête la couronne royale de France, ou de démembrer le royaume, une partie revenant à l’Empereur Charles Quint, une autre partie au roi d’Angleterre, une troisième à lui même, pour en constituer un royaume dans le sud de la France dont il deviendrait le souverain, royaume composé de ses anciens Etats confisqués par François 1er, agrandis de la Provence  ( Mignet, pages 73 et suivantes, en particulier la page 81. Sur la puissance considérable du connétable de Bourbon : Mignet, page 364; sur le projet de mariage : Sismondi, tome 11, Paris, 1837, page 264; ZUM KOLK, note 3). Les princes qui aspirent à la main de Renée sont tous des personnages considérables, appartenant aux principales familles royales d’EUROPE, ou même en passe de devenir rois.

Ce mariage avec la maison italienne d’Este est une grave mésalliance, pour des raisons évidentes, dénoncée par tous les auteurs du temps : comparé à ceux qui ont aspiré à épouser Renée, malgré la prospérité de Ferrare, il est une sorte de puceron, guère davantage.

Contrairement à ce qu’on peut lire dans certains ouvrages, le mariage de Rénée et du duc de Ferrare n’est en aucun cas motivée par la nécessité pour la France, dans ses visées de conquête en Italie, de s’assurer une alliance militaire indispensable. Cette alliance lui est assurée. La principauté de Ferrare est exigue, et s’il est vrai que son impressionnante forteresse et les quelques milliers de soldats qu’elle peut mettre à la disposition du roi de France ne sont pas d’un intérêt négligeable, la principauté a davantage besoin de la France que la France n’a besoin de la principauté. Celle-ci, en effet, est menacée par ses ennemis traditionnels, qui aimeraient bien la dépecer, et se partager ses dépouilles : au nord, la puissante république de Venise; au sud, les Etats du Pape. Elle est périodiquement en guerre contre ces deux puissances, et doit de surcroît se défendre contre les convoitises de ses autres voisins. Sa survie passe, notamment, par la protection et les alliances qu’elle recherche en fonctions des circonstances. Ferrare, par nécessité, est un allié versatile, toujours contraint de se ranger du côté du plus fort (voir l’excellent article de Gabriel BRAUN, ci-après). Au point que, à certains moments, elle doit même verser une somme non négligeable au roi de France pour que celui-ci la protège (Zum KOLK, note  ..).

Tous les auteurs du temps, toutes les cours européennes sont au courant de la situation de Renée, car elle est l’une des princesses considérables du temps à marier. L’Empereur Charles Quint, plus que les autres, puisqu’il fut fiancé à Claude (1501 et 1504), et à Renée (1513 et 1514), et deux fois trompé par la France. Les alliances des familles royales et princières de ce temps sont très étroites, et se font souvent entre proches parents. Ce milieu très fermé est informé de tout. De plus, les grandes principautés sont parfaitement renseignées par leurs espions et leurs ambassadeurs, surtout les principautés italiennes. Lorsque le mariage avec le petit duc de Ferrare – qui n’aurait jamais osé lever les yeux si haut – est déclaré, on n’est certes pas étonné – la réputation internationale de François Ier est exécrable -, mais plutôt scandalisé. A ce moment, Charles d’Autriche, jadis promis à Claude de Bretagne, par les traités de 1501 et 1504, puis à sa soeur Renée de Bretagne, roi des Romains depuis 1519, est en voie d’être couronné Empereur. Il est déja l’homme sur les terres de qui le soleil ne se couche jamais, car, outre les royaumes et principautés nombreuses qu’il possède en Europe, il est aussi à la tête d’un très vaste empire outre-mer ……. Les évènements de Bretagne sont très récents,  et très présents dans les esprits : les invasions françaises (1487, 1491), le mariage d’Anne de Bretagne avec Maximilien (1490), le remariage de la princesse avec Louis XII (1499); l’éviction des héritiers naturels du trône de Bretagne, la rupture par la France des contrats de mariage avec Claude (1506) et Renée (1516); les claires visées de la France sur la Bretagne, encore indépendante, bien qu’occupée et étroitement contrôlée par les Français (1528) … La haine que portent nombre de souverains européens à l’égard de François Ier, notamment l’Empereur Charles Quint, est féroce : le personnage, pour eux, est réduit à sa véritable valeur, qui est fort loin d’être un gentilhomme. Les Bretons le détestent, ses visées sur la Bretagne sont archi-connues. On le sait sans aucun scrupule, et capable de tout.

Le contrat de mariage que François Ier et le Chancelier de France Duprat, font signer à René en 1528 est littéralement scandaleux , nous expliquerons pourquoi plus loin (Morice, Preuves, III, pages 980 à 984) :

– On lui reconnait – en théorie -, comme fille de France, une somme de 250 000 écus d’or au soleil, payables le jour des épousailles.

– La France n’étant pas en mesure, en raison du déficit énorme creusé dans les finances du royaume par la gestion désastreuse du roi et de sa mère, et des dépenses immenses – et la volonté de continuer à tromper sa belle-soeur, qui n’a aucun moyen de se défendre contre ces exactions, il est convenu que 50 000 écus d’or seulement, le jour du mariage. Le reste, en principe, sera compensé par la jouissance – non la propriété -, de plusieurs terres ou seigneuries, censées procurer à Renée un revenu de 10 000 écus d’or de rente ou de revenu annuel.

– Ces terres et seigneuries sont les suivantes : le comté de Chartres, érigé en duché en faveur du mariage de Renée – ce qui ne coûte pas un sou à la monarchie; le comté de Gisors; la seigneurie de Montargis. Ce sont des seigneuries misérables, comme nous le verrons plus loin.

– La monarchie, ruinée par ses dépenses insensées, n’étant pas même en situation de verser le quart de la somme convenue (soit 50000 écus),  s’arroge le droit de transformer le versement de cette somme en une rente de 2500 écus. C’est donc une rente de 12 500 écus que percevra Renée ……  si la France respecte ses engagements.

– Bien entendu, on fait signer à Renée, une nouvelle fois, sa renonciation à tous les biens qui lui viennent de son père et de sa mère, en premier lieu le Duché de Bretagne.

Nous allons voir plus loin que ces clauses théoriques, quoique très gravement préjudiciables à renée, NE SERONT EVIDEMMENT PAS RESPECTEES. ….

………

7 – L’INCROYABLE PROCES : devenue veuve, et rentrée en France, Renée intente un procès à son neveu le roi de France Charles IX, et  réclame de rentrer en possession de tous ses droits, y compris le trône de Bretagne.

Hercule d’Este meurt en 1559. Renée lui a donné cinq enfants. Rien ne la retient dans la péninsule; elle rentre en France en 1560.

Même dépouillée de sa fortune par la France, du temps qu’elle était jeune, elle restait un parti fort intéressant pour ceux qui la demandèrent en mariage. Car outre la dot qui lui eût été versée, comme fille de France, et la jouissance des seigneuries qui lui eussent été reconnues, elle restait l’héritière légitime du magnifique Duché souverain de Bretagne, possédait des droits sur le Duché très prospère de Milan, sur le royaume de Naples, et sur bien d’autres seigneuries. Nul doute que si elle avait épousé un roi puissant, ou même le connétable de Bourbon, ces hauts personnages se seraient manifestés, LES ARMES A LA MAIN, pour réclamer les biens de leur épouse. Le misérable mariage de Ferrare écarte péremptoirement cette menace terrible.

(Pour mémoire, rappelons que les effectifs d’une grande armée à cette époque sont de 20 à 30000 hommes; même le connétable de Bourbon, l’un des candidats à la main de Renée,  non roi, peut mobiliser 20000 hommes, tant sa fortune est grande. Tous se souviennent qu’à Saint-Aubin-du-Cormier, l’armée bretonne comptait 12000 hommes, l’armée française 18000. Le duc de Ferrare ne peut guère mobiliser que 2000 hommes, encore seulement à proximité de son duché : il est donc HORS DE QUESTION qu’il puisse rien réclamer au roi de France).

LES NOUVELLES VIOLATIONS PAR LA FRANCE DE SES ENGAGEMENTS.

Bien entendu, la France, après toutes ces exactions dont Renée a été victime, ne respecte pas ses engagements :

– La dot de 250000 écus ne sera jamais payée. Pas davantage les 50000 écus promis le jour du mariage. Il se produit même un fait cocasse : le jeune duc de Ferrare s’étant rendu en France pour se marier avec Renée,  François 1er, vu l’état des finances, dont il porte avec sa mère la responsabilité, demande à son futur beau-frère …… de lui prêter 50000 écus !!!!

– La rente promise est payée irrégulièrement. De telle sorte que Renée est contrainte de batailler pour obtenir ce qui lui est du.

– Les terres dont la jouissance lui a été accordée (Chartres, Gisors, Montargis …), sont d’un rapport très médiocre. Renée doit assumer sur ses maigres recettes des frais de gestion, de réparations, de remise en état …  Elle assure elle-même la gestion de ses biens, par une correspondance suivie avec ses chargés d’affaires en France (grâce à la thèse de MORGAT, et à son patron de thèse, qui nous a mis en rapport, j’ai eu accès aux chiffres, correspondances, procès, etc. Ces recherches se sont faites à Paris, non en Bretagne, bien entendu).

– Elle est soumise à des tracasseries multiples, et doit soutenir plusieurs procès.

– Le comté de Gisors lui est enlevé, pour être donné au frère du roi … Elle doit donc intenter de nouvelles actions auprès de celui-ci, pour récupérer son bien. On lui dit que cela a été fait  » par inadvertance « ; ce qui est faux : il est de notoriété publique que la jouissance du comté lui appartient, et à elle seule.

D’après ce que l’on sait, Renée n’a réalisé l’effroyable spoliation dont elle a été victime de la part de son beau frère François Ier que sur le tard (Alain MORGAT page  ..), probablement avant la mort de son mari Hercule d’Este. A-t-elle, dans sa jeunesse, été amoureuse de son beau-frère, qu’on dit avoir été le plus bel homme du royaume ?  Personne ne l’atteste d’une manière certaine. En tout cas, comme tout le monde, elle a tremblé devant lui, car cet homme en apparence aimable, jovial, faisant participer la cour à sa vie de débauches et de plaisirs, inspirait à tous une terreur justifiée (un trait d’une extrême cruauté, entre autres : les malheureux paysans surpris à braconner dans ses terres et ses forêts étaient condamnés aux galères ou mis à mort, ce que Louis XI avait fait avant lui). Les enfants de Renée, en particulier son fils, successeur de son mari Hercule sur le trône de Ferrare, et sa fille Anne d’Este, très conscients de l’effroyable spoliation subie par leur mère, en ont conçu une amertume considérable. Ils ont été constamment à ses côtés durant le procès intenté au roi de France Charles IX.

Renée n’a pas eu froid aux yeux. Elle n’a peur de personne lorsqu’il s’agit de justice. Aussi réalise-t-elle l’impensable : rentrée en France, elle intente un procès contre le roi, son neveu Charles IX.

LE PROCES CONTRE LE ROI CHARLES IX DE FRANCE. Ce procès est extrêmement documenté. Alain MORGAT a eu la chance de découvrir à la bibliothèque nationale une liasse de documents, absolument précieuse, et extrêmement détaillée …

………………………………..

LE MONTANT DE LA SPOLIATION DE RENEE ET DE SA SOEUR CLAUDE : UNE MONSTRUOSITE.

Morice a publié, en … plusieurs mémoires produits en justice par Rénée, et par le roi Charles IX. Voila donc trois siècles que l’on est au courant. Pourtant, personne ne s’est préoccupé de cette affaire dans l’université de Bretagne.

J. Trevedy a publié en … une série d’articles détaillés. Magistrat, ancien président du tribunal de Quimper, probablement au courant des successions, il a chiffré – sans prétention d’exactitude mathématique, bien entendu -, d’une manière méritoire, les biens immenses que Louis XII et Anne de Bretagne laissent à leur mort en héritage à leurs filles Claude et Renée. La fortune des père et mère est telle qu’on en est surpris (voir ci-après). Après bien des efforts infructueux, j’ai eu accès à ces articles assez récemment. Ils confirment l’absolu scandale de la spoliation de Renée par son beau frère, qui atteint un chiffre pharamineux.

………………………

LA JUSTICE IMPOSSIBLE : LA TRANSACTION de 1570.

Un tel procès ne peut obéir aux règles du droit : la spoliation de Renée a été telle, qu’il serait impossible à la monarchie, comme elle en a le devoir, de réparer l’énorme préjudice subi par la princesse; le trésor serait ruiné si on lui reversait les sommes qui lui ont été volées, et qui, depuis l’origine, ont produit des revenus et des intérêts; les conséquences politiques seraient considérables : en premier lieu, reconnaître à Renée qu’elle est la duchesse légitime de Bretagne, aboutirait à reconnaître que ce pays est TOUJOURS UNE PUISSANCE SOUVERAINE, c’est à dire reconstituer, à l’ouest du royaume de France, un pays qui n’aurait jamais du être annexé par celui-ci; enfin, les forces en présence sont disproportionnées : le roi dispose de tous les moyens pour faire pression sur les juges; de toutes manières,  point n’est besoin, dans de telles affaires, d’exercer sur ceux-ci la moindre pression : il est dans l’ordre des choses qu’ils se couchent sur le sol sans qu’on le leur demande, pour des raisons évidentes, car dans ce type d’affaire, les magistrats sont couchés sur le sol, par nature. (J’ai écrit ailleurs ce que sont les  » affaires sensibles  » du pays de la Justice et des droits de l’homme pour que l’on soit maintenant informés).

Il ne sert à rien, en pareil cas, de s’obstiner à vouloir l’impossible. Quiconque a eu à se mesurer à l’appareil de l’Etat, sait ce qu’il en est. Les choses n’ont guère changé : le signataire du présent article le sait, pour en avoir été le témoin privilégié pendant quarante ans. (Madame Eva JOLY, pour laquelle l’auteur du présent article professe une très grande admiration, vient de réitérer, en ce mois d’Avril 2012, la terrible accusation – vraie -, valable pour tous ceux qui sont au pouvoir, de l’extrême gauche à l’extrême droite : le pouvoir nomme dans les postes  » sensibles  » des magistrats à la dévotion de ceux qui gouvernent (Ouest France, Le Parisien … 9 avril 2012).

Une transaction intervient donc, dans une très grande amertume pour Renée et ses enfants…….

Renée meurt en 1575 .. Elle laisse le souvenir d’une femme foncièrement bonne et charitable, comme sa mère.

CONCLUSION.

A ce stade, notre contribution personnelle à la ré-écriture de l’histoire de la Bretagne est très avancée, et peut-être proche de sa fin. Les Bretons – du moins la minorité de ceux qui s’intéressent ET QUI FONT l’ Histoire de leur Pays,  -, sont en situation d’être au courant de l’essentiel, et combien ils ont été trompés.

Renée, descendante de deux lignées prestigieuses, la lignée des rois, princes et ducs de Bretagne, la lignée des rois de France, était destinée à devenir impératrice, reine, et duchesse d’une Bretagne indépendante. On ne peut certes pas dire que les palais de Ferrare, dans lesquels elle a vécu, après sont mariage avec Hercule d’Este,  sont des chaumières, ni qu’elle a été précipitée dans un cul de basse-fosse. Mais de tomber  » aussi bas que Ferrare « , par la volonté du roi de France son beau frère, pour une princesse si grande, en espérance d’un rang prestigieux et d’une fortune considérable, était inimaginable.

Depuis les invasions de 1487 et des années suivantes, jusqu’à la fin du seizième siècle, la France prédatrice a usé de tous les moyens en sa possession pour s’emparer de la Bretagne, d’une manière scandaleusement illégitime. La prétendue  » réunion  » de la Bretagne à la France, par le consentement réciproque de deux Etats souverains, est une farce QUI EST ENCORE ENSEIGNEE DANS LES FACULTES BRETONNES. Réduire la prétendue  » réunion  » de la Bretagne et de la France à trois mariages ducaux (Anne, en 1491 et en 1499, et Claude, en 1514), et à un faux traité (le prétendu traité de 1532) est indigne, et place l’historiographie bretonne à un niveau très bas, que les Bretons ne méritent pas, car il existe des chercheurs éminents, qui savent écrire, et qui sont intellectuellement honnêtes de surcroît. On est éberlué de toutes les inexactitudes qui ont été répétées de génération en génération, CAR LES ARCHIVES SONT A LA PORTEE DE TOUS LES CHERCHEURS.

Nos travaux, qui ont porté dans les premiers temps sur la période 1480- 1532, ont relevé des faits qui ne pourront plus être niés par les historiens futurs, fussent-ils marxistes comme l’ont été nombre d’entre eux depuis deux générations. Pas davantage ne sera-t-il possible de priver encore longtemps les écoliers et les étudiants bretons de l’enseignement de LEUR histoire, et de leur imposer celle d’un PAYS ETRANGER.

Après les invasions de 1487 et de 1491, la France s’est livrée à un vrai dépeçage d’un pays totalement souverain, en usant de tous les artifices, de toutes les violations du droit, de toute la mauvaise foi dont elle sait faire preuve avec tant de talent et de maîtrise.

S’agissant de la triste histoire de Renée, celle-ci constitue une PIECE MAÎTRESSE de notre histoire nationale bretonne, car elle s’intègre dans la succession des manoeuvres opérées année après année par l’Etat prédateur, jusqu’à la digestion totale de notre pays, et sa néantisation.

Il n’est pas inintéressant de souligner, tandis que Renée perd la totalité de ses biens,  la fortune extraordinaire de Louise de Savoie et de Marguerite d’Angoulême, mère et soeur du roi, au fil des années. La mère reçoit, entre autre, le duché d’Angoulême, le duché d’Anjou, le comté du Maine et de Beaufort; puis, elle s’enrichit des dépouilles du connétable de Bourbon,  …….

Je suis sincèrement AFFLIGE qu’il ait fallu attendre CINQ SIECLES pour que cette imposture de la prétendue  » réunion  » de la Bretagne à la France, par un prétendu  » Traité  » consenti par les Bretons, soit enfin démontée PIECE PAR PIECE. Ce n’était pas mon travail de le faire. Mais j’ai raconté ailleurs pourquoi je l’ai fait : IL N’Y AVAIT PERSONNE D’AUTRE POUR CELA, encore moins pour s’exposer au moindre risque pour mener à bien l’opération.

(Relire : De la trouille bretonne et de l’autocensure, dans le site de louis MELENNEC : pour cela, écrire dans la barre des adresses : site.louis-melennec.fr, puis rechercher l’article cité).

Tant pour Claude que pour Renée, j’ai lu et dépecé avec un soin particulier les mémoires et écrits diplomatiques du temps, les relations des historiens contemporains des 16ème et 17 ème siècles, les traités concernant les promesses et projets successifs conclus par la cour de France pour mener Renée, cette grande princesse vers la déchéance progressive que fut son mariage avec le duc de Ferrare. Bien entendu, je me suis très longuement entretenu avec les deux auteurs contemporains qui ont consacré des années à l’étude du personnage : M. Alain MORGAT (qui n’est pas breton, en dépit de son nom), Madame Anne PUAUX, qui a effectué une partie de ses recherches en Italie (son mari a été ambassadeur à Rome). Ils étaient en possession de certains éléments que je n’avais pas; ET RECIPROQUEMENT. Il ne reste AUCUNE ombre sur cette affaire, qui est enfin décryptée.

La masse de documents recueillis, trouvés, analysés, est COLOSSALE. Ceci s’ajoutant à ce que j’ai déjà porté à la connaissance des Bretons – et des rares Français qui nous lisent -, il en sort une vision tout à fait nouvelle de cette période.

Les Bretons sont en possession, maintenant, d’une histoire TOTALEMENT REVISITEE (y compris, l’imposture post-révolutionnaire, la destruction programmée des consciences, le lavage des cerveaux impitoyable infligé aux Bretons), mais aussi, D’UN CORPS DE DOCTRINE COMPLET, qui devrait leur permettre de faire ce qui reste a faire – s’ils existent encore en tant qu’hommes, ce qui n’est pas vraiment prouvé : chasser les imposteurs et les lâches, FAIRE ENFIN REAPPARAÎTRE LEUR PAYS SUR LA SCENE INTERNATIONALE.

La Bretagne n’a jamais été française, elle ne l’est pas, elle ne le sera jamais. Elle n’a AUCUNE PLACE à occuper dans la France, surtout pas comme  » province autonome « . Le contentieux entre les deux pays est beaucoup trop lourd, maintenant que la vérité est faite.

Louis MELENNEC.

(Lire : De la trouille bretonne …).

(A suivre. Le présent article n’est pas terminé; il est en cours d’élaboration; il y manque, essentiellement, les références, qui seront indiquées si le temps le permet : les journées n’ont que 24 heure. Dans l’attente, on peut essayer de se renseigner auprès de M.M. Alain CROIX, CORNETTE et autres : AUCUN renseignement ne vous sera communiqué sur cette hallucinante affaire, qui est incluse dans le tabou des circonstances de la prétendue  » réunion  » de la Bretagne à la France, et qu’AUCUN hystorien breton n’a voulu connaître. Notre histoire nationale ne relève pas seulement de ce que Reynald SECHER appelle  » le mémoricide  » : il s’agit de L’ERADICATION de la vérité. Honte aux complices qui ont perpétré cela).

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE.

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Il y a peu d’ouvrages de qualité sur le sujet en France. A plus forte raison en Bretagne, dont la lâcheté, à l’égard de sa propre histoire, est connue. Toutefois :

BABELON Jean, Charles Quint (1500 – 1558), Paris 1947.

BERENGER Jean, L’histoire de l’Empire des Habsbourg, Paris, 1990, éditions Fayard.

BRANTÔME (seigneur de), Dames illustres françaises et étrangères, Paris, 1823, éditions Foucault, tome cinquième, pages 213 et suivantes.

BRAUN GABRIEL, Le mariage de Renée de France ..

De MAULDE la CLAVIERE, Louise de Savoie et François 1er, Paris, 1895, librairie académique Perrin. Ouvrage irremplaçable par son érudition et l’honnêteté absolue de l’auteur. Lire, en particulier les pages 353, 354, 355, 357, 358, 379, 381 (important : sept délégués bretons viennent se plaindre de François, mari de leur duchesse, et exposer leurs doléances en plein parlement de paris, qui leur fait l’honneur d’une audience solennelle : on rêve d’une telle délégation en 2012, ayant à sa tête nos vénérables Jean Yves LE DRIAN et Marylise LEBRANCHU !).

De MAULDE le CLAVIERE, Procédures …

GIL Christiane, Renée de France, Paris, éditions Perrin, 1990. L’auteur est professeur de lettres classique. L’appareil de notes est très maigre.C’est, au plus, une initiation bien écrite sur la vie de Renée de Bretagne. L’auteur n’est pas historienne.

LEMONNIER Henry, Charles VIII, Louis XII et François 1er (1492 -1547), Paris 1911, réédition de 1982, Hachette. Malgré son ancienneté, cet ouvrage reste excellent, toujours très près des textes.

LEMONNIER Henry, Henry II, la lutte contre la maison d’Autriche, Paris, 1907, réédition de 1907, éditions Hachette. Même remarque.

MELENNEC Louis, Le rattachement de la Bretagne à la France, mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies d’histoire moderne (DEA), 2001, Université Paris – Sorbonne, pages 58,  ….. (accessible sur Internet).

MELENNEC Louis, notes manuscrites, non publiées, rédigées d’après les sources, très détaillées (l’article ci-dessus est un résumé de ces notes).

MIGNET M. Rivalité de François Ier et de Charles Quint. Paris 1875; Genève 1978, éditions Mégariotis Reprints; pages

MONTARASSO Pauline, Le baptême de Renée de France en 1510, éditions du CNRS, 2011, 50 euros. L’ouvrage, savant, détaille les préparatifs et les frais engagés pour le baptême de Renée. La cérémonie est simple, en aucun cas fastueuse. Le dernier chapitre, surtout, est intéressant, par la description de ce trait de caractère d’Anne de Bretagne, que connaissent bien ceux qui ont beaucoup étudié le personnage, et qui ridiculise une fois de plus les pamphlétaires. En sa qualité de reine et de duchesse, elle  » tient son rang « , et reçoit, dans sa vie officielle, avec faste. Mais dans sa vie privée, elle et son mari vivent dans une simplicité austère : elle porte des vêtements simples, sans dorures et sans bijoux; elle parle avec franchise, sans affectation et sans fard; elle est très attentive à écouter ses visiteurs. De plus, elle est bien loin d’être « dépensière « : elle gère son patrimoine avec sérieux, ce qui ne l’empêche pas d’être très généreuse – alors que son mari est avare; elle laisse un héritage immense, car elle a le sens de l’épargne. Elle est très attentive à la santé de ses filles, qu’elle ne nomme pas par les titres d’usage (madame), mais par leurs prénoms, ce qui surprend dans ce milieu habituellement guindé. S’agissant de leur vie matérielle, la reine veillait à ce qu’elles jouissent du nécessaire, mais pas davantage :  » La duchesse – reine n’aurait pas toléré qu’elles se montent la tête « , simplement parce qu’elles étaient princesses. L’auteur(e) souligne que la reine avait un penchant pour l’austérité, voire même l’ascétisme. Mais, dit-elle, étant reine, elle ne pouvait assumer ce penchant naturel, car sa fonction le lui interdisait. Tous ces faits ne sont que la confirmation que les auteurs sérieux connaissent bien, ce qui rend navrant les sottises écrites sur Anne de Bretagne par les pamphlétaires et ceux qui militent – bêtement – pour tenter d’en donner une idée péjorative.

MORGAT Alain, …… Ouvrage précieux, non publié, qui m’a été confié par l’auteur pendant deux ans. De larges extraits figurent dans mes documents.

MORICE (Dom), Histoire … Preuves, III, pages 1372 et suivantes, pages 1376 et suivantes; requête de Renée au roi, et plaidoyer contre Renée au nom du roi. Ces documents, très détaillés, ont une importance capitale.

NASSIET Michel, Les traités de mariage d’Anne de Bretagne, in  » Pour en finir avec Anne de Bretagne « , Journée d’études du 25 mai 2002, Nantes, pages 71 à 81. L’auteur rappelle, à bon escient – ce que peu d’historiens savent -, que les Bretons ont toujours fait preuve, avec férocité, de leur volonté très affirmée d’avoir leur propre souverain, même en cas de mariage de la Duchesse avec un roi étranger. Ceci est une preuve de plus que les Bretons NE SUPPORTENT PAS MÊME L’IDEE que la Bretagne puisse un jour être  » réunie  » ou absorbée par une puissance étrangère, ou gouvernée par un souverain non-breton. Lorsque la jeune princesse est promise en mariage à l’héritier de la couronne d’Angleterre, puis à Maximilien d’Autriche, puis lorsqu’elle épouse Louis XII, le gouvernement breton prévoit que le deuxième enfant né de ces unions succèdera au trône de Bretagne. De même, lorsque des seigneurs bretons en révolte contre François II, en 1484, vont proposer au jeune roi Charles VIII de succéder à François II, ils n’en prévoient pas moins que la Bretagne sera gouvernée, si cette éventualité se réalise, par l’un des fils de Charles VIII, afin que le Duché reste breton, et non pas français. De même encore, lorsque Claude de Bretagne meurt, en 1524, les Bretons réclament pour souverain, par devant notaire, le deuxième fils de Claude, le prince Henri. Ce sont les malversations de la couronne de France qui parviennent à substituer à cet héritier légitime de la couronne de Bretagne, son frère aîné, le dauphin François : celui-ci est bien, comme nous l’avons écrit, UN IMPOSTEUR, par la volonté malhonnête de son père François Ier, et, il faut le préciser, de quelques « collabos » bretons. Je relève par ailleurs dans cet article par ailleurs bien documenté, plusieurs erreurs, graves : Nicole de Brosses, descendante de la duchesse Jeanne de Penthièvre et de son mari Charles de Blois,  n’a RIEN VENDU à Louis XI, car elle n’avait AUCUN DROIT sur la couronne de Bretagne; celle-ci n’était pas à vendre; le trône était dévolu par les lois constitutionnelles du Duché, non par un vulgaire acte devant notaire. En d’autres termes, IL EST NAVRANT que les historiens actuels parlent encore, aujourd’hui, des prétendus droits de Charles VIII à la couronne de Bretagne : au moment de son mariage, ANNE SEULE AVAIT LE DROIT DE REGNER, Charles VIII n’en avait AUCUN; strictement AUCUN … Je poursuivrai, pour le reste.

PUAUX Anne, La huguenotte Renée de France, Paris, 1997, éditions Hermann. Ouvrage sérieux, bien écrit, mais privé de toutes ses références par le souci de son éditeur d’économiser du papier. Madame PUAUX a été l’épouse de l’ambassadeur de France à Rome, ce qui lui a donné accès à des documents intéressants. Bien entendu, elle n’a bénéficié d’aucun écho en Bretagne.

RODACANACHI Emmanuel, Renée de France, Genève 1970, réédition éditions Slatkin.

SISMONDI … Histoire des Français …..

TREVEDY J., Liquidation des successions d’Anne de Bretagne et de Louis XII, Revue de Bretagne, septembre 1898. Cette publication, un peu  » vieillotte « , reste indispensable, quoique Alain MORGAT ait fait beaucoup mieux. Elle est le reflet de cette époque, de savants bretons, repliés dans des sociétés confidentielles, car la religion française du temps est intransigeante, fondée sur le culte ridicule de la révolution, cette période qui a retardé l’avènement des droits de l’homme, et tant coûté à la France, dans tous les domaines. Elle est accessible par Gallica, mais introuvable dans les bibliothèques. Recherche difficile : aller dans Gallica; taper : revue de bretagne et de vendée; dérouler le menu; s’arrêter sur l’année 1899; les six articles de Trévedy ont été publiés en 1899 : pages 97 à 106;  ……. pages 111 à 122 (dernier article, le plus important).

TURIAS Odette, Renée de France, thèse soutenue à Tours en 2004, disponible sur microfiches (au prix de 21 euros; téléphone : 05 49454556).

TURIAS Odette, L’héritière d’Anne de Bretagne : Claude ou Renée de France ? In le Catalogue de l’exposition sur Anne de Bretagne au château des Ducs, en …, pages 113 et suivantes. ….Madame TURIAS fait partie des auteurs recrutés pour tenter de  » démolir  » l’image d’Anne de Bretagne, lors de l’affligeante exposition sur Anne de Bretagne, au château ducal de Nantes en 2007 … L’article qui lui a été commandé à cette occasion, qui figure dans le  » catalogue  » de l’exposition donne de Renée une image cocasse : descendante de presque toutes les dynasties européennes, fille de rois et de reines, elle est d ’emblée marquée au fer rouge, à cause de ses origines ; ce n’est pas une femme, mais une sorte de monstre : c’est une mauvaise, une calculatrice, une femme près de ses sous, une dépensière … c’est une capitaliste avant l’heure … Elle a été spoliée : tant mieux :  » François 1er l’éloigna JUDICIEUSEMENT (sic !), en la mariant avec le jeune Hercule d’Este « . Elle reste fidèle à son pays d’origine, la France : quelle horreur ! Elle respecte son beau frère : RE ! (Il eût été honnête de dire qu’elle l’a respecté, et défendu les intérêts de celui-ci jusqu’au moment ou elle a découvert qu’il était un monstre). Elle est charitable, elle se ruine pour abriter trois cents protestants dans son château : ne vous y fiez pas : ce  » sens de la charité est spectaculaire  » : une pure mise en scène, en somme, car  » elle se veut royale … comme le roi son père et la reine sa mère  » (!). C’est une hypocrite, bien sûr :  » Protée au féminin, habile à se métamorphoser, elle sut prendre diverses apparences pour se protéger .. » Et intéressée avec ça : elle ose intenter un procès au roi Charles IX, car elle est près de ses sous, et a besoin d’argent pour réparer son château de Montargis. Etc., etc. C’est monstrueux, pire : consternant. Ce portrait haineux rejoint celui que MINOIS donne d’Anne de Bretagne dans son pamphlet précité. Il est PEREMPTOIREMENT DEMENTI PAR LES CONTEMPORAINS, les lettres les actes diplomatiques, surabondants. Renée a été une femme exemplaire, comme sa mère, Anne de Bretagne, que Brantôme n’hésite pas à comparer à Blanche de Castille, le modèle des reines de France, la mère de Saint Louis. On n’arrive pas à comprendre les motivations de cette manière d’écrire l’histoire. Les erreurs abondent : ne perdons pas de temps à les citer.

VRAY Nicole, Renée de France et Anne de Guise, Lyon 2010, éditions Olivétan, 21 euros. Ce livre bref, bien informé quant aux relations de Renée avec sa fille Anne d’Este, mariée au puissant François de Lorraine, duc de Guise à la mort de son père. C’est une bonne initiation à la vie de Renée de Bretagne. Mais l’ouvrage est centré sur les relations de la mère et de la fille, et est silencieux sur la spoliation de Renée, l’auteur ayant délibérément centré ses recherches sur un aspect jusqu’alors méconnu, et qui, en effet, méritait d’être porté à la connaissance du public. Une erreur d’optique : le mariage de Renée et d’Hercule d’Este n’a pas été motivé par le souci de la France de se ménager en Italie un allié – la Principauté de Ferrare est quasi insignifiante sur l’échiquier italien, en tous cas pour un Etat aussi puissant que la France -, mais par la volonté d’expédier Renée au loin, et de la mettre dans l’impossibilité de réclamer son héritage.

ZUM KOLK Caroline, Les difficultés des mariages internationaux : Renée de France et Hercule d’Este. Excellente étude, qui met très bien en évidence la monstrueuse mésalliance de Renée, fille d’un roi et d’une reine de France, avec un petit prince italien (étude accessible sur Internet).

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