L’OPERA ANNE DE BRETAGNE ET YANN BREKILIEN . HOMMAGE A UN TRES VIEIL AMI.

Je suis étreint par la honte, lorsque je me remémore les circonstances dans lesquelles le projet d’opéra sur Anne de Bretagne, auquel j’ai travaillé avec Yann Brékilien à partir de 1989, nous fut, dans des conditions lamentables, « subtilisé  » dans des conditions si bêtes, que, nos travaux avancés, j’eus le tort d’aller en parler en 1999 à Yvonig Gicquel, à Lorient, non certes pour faire valoir nos recherches et nos projets, ni pour en tirer aucun avantage personnel d’aucune sorte, MAIS POUR LES OFFRIR A LA BRETAGNE, pour qu’elle les propulse dans le monde entier, avec les moyens considérables dont dispose le pays, pour faire connaître à tous ce que fut notre histoire, et comment nous avons été conquis, envahis, subjugués, détruits par notre voisin et ennemi millénaire , LA FRANCE.

 

 

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Je m’étais assuré de grands concours.

LA VIE D’ANNE DE BRETAGNE ! Ce projet mirifique et pacifique, attrayant, plus beau qu’un roman de cape et d’épée, une épopée qu’un romancier n’oserait pas imaginer, tant les péripéties en sont surprenantes, avait pour but avoué de faire connaître au monde le martyre de la Bretagne, et de lui apporter des arguments pour se sortir de son intolérable situation de colonie française, en voie de perdre totalement sa langue et sa culture, par les fautes conjuguées du colonisateur et de la classe politique passive, veule, et intéressée, installée dans le Pays.

Le dossier est épais, et contient des documents accablants. Deux lettres de Bernard Le Nail, alors Directeur de l’Institut culturel de Bretagne y figurent notamment, qui éclairent cette sinistre affaire. Autres protagonistes : Marcel Texier – qui a été le premier confident de ce projet -, l’Ambassadeur Menguy (tous deux ex-présidents de l’OBE), Marie France Barrier – auteur d’une biographie d’Anne de Bretagne, dont la loyauté à mon égard ne s’est jamais démentie -, Christine Morel, directrice de l’Arcodam (cf. ma lettre du 15 mars 1989) ….

(Voir dans Google : Bernard Le Nail; Marcel Texier; Marc Menguy; Marie France Barrier Anne de Bretagne).

A ce stade, j’avais approché plusieurs librettistes internationaux très connus – Yann Brékilien (avec qui j’ai publié de nombreux articles et deux ouvrages de droit : voir les références dans Google en tapant les deux mots : melennec sicard), était chronologiquement celui que j’avais contacté le premier, en raison de notre amitié, et de son admirable talent d’écriture.

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Je m’étais aussi rapproché de plusieurs opéras des capitales mondiales (Paris, Bruxelles, Milan, Tokyo, Buenos-Aires…). Surtout, j’avais répertorié les compositeurs mondiaux capables de s’attaquer à un sujet aussi immense. J’en avais dénombré six ou sept, tout à fait aptes à composer un ouvrage grandiose, non pas de la facture d’un Gounod, d’un Saint Saens, d’un Bellini…, ce qui n’aurait pas été si mal, mais d’un WAGNER, ou d’un VERDI. Même à notre époque, il existe des musiciens de cette envergure.

Les pays qui veulent envoyer une fusée dans l’espace, essaient d’identifier les ingénieurs capables de garantir le succès de leur entreprise. S’il n’y en a pas chez eux, ils cherchent ailleurs.  Je voulais un chef d’oeuvre international : ce fut donc le but de ma recherche de le trouver. Quelque regret que l’on en ait, la Bretagne n’a pas encore produit son Beethoven, son Mozart. Il fallait donc tourner notre regard, au moins pour l’écriture de la partition musicale, vers d’autres horizons. Je ne suis – Dieu merci !!!! – pas atteint de racisme pro-breton, ni d’ailleurs d’aucune sorte de racisme, sauf pour l’étroitesse d’esprit, la mesquinerie, la sottise.

Une compositrice française alors très connue, Grand Prix de Rome, qui m’a fait l’honneur de m’initier au solfège jadis, – et qui, dix ans plus tard insista fortement pour que je complète ma formation en harmonie – ce que j’ai eu le tort de ne pas faire, car elle m’acceptait amicalement comme élève -, Yvonne DESPORTES, professeur au Conservatoire national de la rue de Madrid, était très intéressée par le projet. Sans avoir le même talent, elle appartenait à cette école des Rossini, des Bellini, des Donizetti, et toute cette kyrielle de compositeurs italiens du début du 19 ème siècle, qui, commençant un opéra le lundi, rendaient leur copie terminée le samedi, pour la représentation du dimanche (……) , prêts à se lancer dans une autre aventure le lundi suivant…..(comme Bach, Vivaldi et tant d’autres avant cette époque, qui composaient chaque semaine quelques oeuvres pour l’office du dimanche et parfois pour les jours de la semaine …. Yvonne Desportes a composé, entre autres, de nombreuses pièces bretonnes sur des thèmes que je lui ai communiqués, dont un « prélude et fugue », créé par Anne Marie BARAT, organiste titulaire de la cathédrale de Soissons et de l’église Saint Louis de Fontainebleau, une « Missa britannica » pour voix et orgue, qui m’est dédiée, etc.

 

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Elle a réécrit à mon intention les harmonisations d’une vingtaine de cantiques bretons, que j’ai utilisées maintes fois en concert. Normande, épouse d’un Grand Prix de Rome, elle était très sensibilisée à la musique bretonne. A ma demande aussi, elle avait composé une pièce tout à fait originale, un « Concerto pour bombarde bretonne et orchestre à cordes », dont la création avait été programmée par Dominique Fanal, lors d’un concert qui devait avoir lieu à l’église de la Madeleine, à Paris, en 1990, je crois. (Jean Michel ALHAITS devait jouer la partie de bombarde, à moins que ce ne soit Christophe Caron, avec qui j’ai beaucoup concerté, notamment lorsque la Saint Yves se mettait laborieusement en place à Paris, et qu’il fallait lui donner vie. Voir Google : Jean Michel Alhaits; Christophe Caron bombarde et orgue). Yvonne Desportes avait aussi la capacité étonnante de composer n’importe quelle oeuvre  » dans le style de .. » On l’a vu écrire en quelques heures la fin d’une sonate inachevée de Mozart, la faire jouer en public …. sans que personne soupçonne rien ! Lui faisant accroire qu’il n’y avait pas eu de messe des morts pour Louis XI, je lui ai demandé – c’était un tour inoffensif que je jouais à tout le monde, y compris à elle -, de composer une messe de requiem à la mémoire de ce roi, le plus impopulaire de l’histoire de France, …. cinq siècles après sa mort ! C’est ainsi que cette messe fut donnée en concert dans ce temple de la musique qu’est de l’église Saint Roch, en 1992, si je me souviens bien. Cette messe étant écrite, à ma demande, pour voix de mezzo soprano, la partie vocale fut interprétée par Sylvie Oussenko, chanteuse honorablement connue à Paris. Fort bien d’ailleurs (voir dans Google : Sylvie Oussenko).

 

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Sylvie Oussenko et son mari le baryton international Gabriel Bacquier.

Yvonne Desportes était donc une voie parfaitement possible, entre autres. (Voir dans Google : Yvonne Desportes).

 

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Yvonne Desportes, Premier grand prix de Rome 1932.

Donner en plein Paris une messe de requiem  pour le plus impopulaire des rois de France, cinq siècles après sa mort ! Il fallait le faire ! C’était UN GAG ENORME. Pour moi, ce fut un moment délicieux . Je peux  le dire, aujourd’hui : dans toute cette noble assistance, tout le monde a pris cela très au sérieux : J’ETAIS LE SEUL A SAVOIR QUE C’ETAIT UN GAG ! Qui a dit que les Bretons n’ont pas d’humour ? C’est un beau souvenir dans ma vie de musicien. Même Yvonne Desportes n’était au courantt de rien, et je ne lui ai jamais révélé le pot aux roses. Passionnée de musique médiévale, quasi-amoureuse du roi Louis XI (cette femme pure ne pouvait imaginer le personnage horrible qu’il fut), elle s’appliqua à lui composer un fort belle messe de requiem, persuadée qu’elle réparait une injustice de l’histoire ! De là-haut, je suis bien sûr qu’elle rit à gorge déployée;  je n’ai jamais fait cette confidence à personne; cette bonne Yvonne Desportes avait l’esprit à rire, comme moi, lorsque c’était nécessaire. Elle avait alors près de 90 ans ! La partition manuscrite est toujours en ma possession (mais le Gloria a disparu).

Pour Anne de Bretagne, si le nom de Yvonne Desportes avait été retenu, je lui aurais suggéré un style proche de celui de Donizetti, ou de Bellini : ce sont mes compositeurs préférés, si la préférence a un sens en musique. Lucia de Lammermoor me semble un chef d’oeuvre absolu.

Dans ce « fond de dossier » – ce n’était pour moi qu’un point de départ, nous devions conduire l’affaire jusqu’à l’excellence – il y avait surtout, à ce stade, le compositeur flamand Louis Marischal…

J’ai rencontré cet homme affable et bon vivant vers 1985 (= une fois n’est pas coutume !). Nous sommes devenus d’excellents amis, et ce jusqu’à sa mort, survenue il y a quelques années. Cet homme doué en tout, né en 1928, avait obtenu lors de ses études aux conservatoires de Bruxelles et d’Anvers les premiers prix de violon, de musique de chambre, de composition; il avait été directeur artistique de plusieurs maisons d’édition de disques importantes, avait été invité à diriger ses propres oeuvres avec les orchestres de la BBC, de la radio télévision belge, de la Bayerish Rundfunk, et de nombreux autres orchestres dans le monde. Surtout, en 1988, il avait obtenu la distinction prestigieuse du « Prague d’Or », décerné par les pays communistes – c’était avant la chute du mur de Berlin -, pour son opéra « Pluterdag » (voir dans la case Google : Pluterdag, Louis MARISCHAL et Prague d’or). Le thème en était très ingénieux, et traité avec un talent infini …

Voici ce que j’écris à madame Christine MOREL, directrice de l’Arcodam de Bretagne, le 15 mars 1989, pour lui présenter l’oeuvre et le compositeur :

 » Sam, un jeune journaliste, fait la connaissance de Sylvia, la fille d’un riche banquier; comme dans toutes les belles histoires, ils tombent amoureux l’un de l’autre. La jeune fille lui donne un rendez vous pour Pluterdag. Hélas, il s’agit d’un jour qui ne figure que dans le calendrier des riches, compris entre le vendredi et le samedi, et dont les pauvres (Sam en fait partie), ne soupçonnent pas même l’existence ! Autant dire que les jeunes amoureux, imprudents, ne parviennent pas à se rencontrer. Après bien des péripéties, Sam est interné dans un asile psychiatrique. L’un de ses co-détenus lui fait cadeau d’une machine à prévoir le temps …. notamment les cours de bourse ! Le voilà riche ! … Il est arrêté par la police, et conduit au poste. Par un hasard heureux, elle aussi : les voilà réunis. Le banquier donne sa fille à ce jeune homme, qui fait maintenant partie de leur monde … Ils se marient. Le rideau tombe. « 

Ce n’était pas ordinaire du tout. L’ouvrage fut créé avec des moyens importants par la télévision belge. Mais ce n’était qu’un tout petit début. Grâce à la notoriété acquise, l’ouvrage de Louis Marischal fut représenté par …. Plus de QUINZE TELEVISIONS NATIONALES !

De surcroit, au cours de sa carrière, Louis Marischal avait acquis un réseau très solide de relations artistiques dans le monde entier, et des amitiés nombreuses que sa personnalité chaleureuse attirait d’une manière méritée. En particulier Gérard MORTIER, que tout le monde connait : directeur – à cette époque – du Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, il a occupé depuis des postes prestigieux : il a, notamment, été directeur du Festival Mozart de Salzbourg, de l’opéra de Paris (de 2004 à 2009)… Louis Marischal accepta avec enthousiasme de s’intéresser à notre héroine nationale, Anne de Bretagne. Il se faisait fort, si le projet aboutissait, de la faire entrer au répertoire du Théâtre Royal de Bruxelles. Le reste suivrait, à condition que nous sachions conduire l’affaire (Google : Gérard Mortier).

Avec les autres compositeurs susceptibles de concourir, nous entrions d’emblée dans la voie royale… La partie n’était pas gagnée, mais commençait sous des auspices inespérés.

……….

Pour un sujet si grandiose, NOUS VOULIONS , absolument, que fut composé UN CHEF D’OEUVRE de la littérature lyrique internationale, qui aurait pris place, D’UNE MANIERE DEFINITIVE, dans le répertoire mondial, et devait donc, lors de sa création dans plusieurs opéras les plus prestigieux du monde, propulser le destin de la Bretagne, identique à celui du Tibet actuel, dans la conscience universelle…. A cette époque, il ne s’écrivait plus beaucoup d’opéras. En s’y prenant bien, cela pouvait être un évènement mondial. La presse, les télévisions s’en seraient emparées. En tout cas, mon intention était de pousser le projet aussi loin que possible. ET C’ETAIT TOUT A FAIT POSSIBLE.

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Hélas, hélas, hélas ! Il faudrait toujours compter avec la sottise, la jalousie, l’étroitesse d’esprit, les prévoir, savoir les contourner, ou les neutraliser. Deux réunions eurent lieu à l’Institut culturel de Bretagne, alors situé à Rennes. Marcel Texier et l’ambassadeur Marc Menguy étaient présents; nous avions fait le voyage ensemble. Madame Renaud présida les deux séances, avec dignité. Yvonig Gicquel était là, ainsi que Gérard Gautier, d’autres encore dont je ne veux pas citer les noms.

Dès l’issue de la première réunion, je proposais, par écrit, afin que ce projet mobilise toute la Bretagne, avec des moyens matériels dignes de lui, que nous saisissions d’un commun accord les trois très importants festivals de Bretagne ( Lorient, Rennes, Nantes), de telle sorte que ces festivals, capables de réunir un public immense, et des moyens financiers énormes, mettent l’oeuvre sur orbite, et que, ainsi lancée, elle parcoure le monde. Accessoirement aussi, il s’agissait de démontrer qu’aucun de nous ne nourrissait aucun intérêt personnel, et que seule la Bretagne importait. J’émettais aussi le voeu que le nom des promoteurs du projet ne soient pas cités, notre récompense n’étant pas d’ordre personnel, mais de voir tout ce travail porter ses fruits. C’étaient bien là les pensées d’un idéaliste. Nos interlocuteurs, avaient, eux, trouvé l’occasion, non de briller ( à l’impossible nul n’est tenu), mais de se mettre en lumière. La frustration fait naître des pensées stupides.

Ma stupeur fut immense, lors de la deuxième réunion tenue à Rennes une quinzaine de jours plus tard, d’entendre les propos d’une extrême grossièreté,  tenus par l’un des participants, que j’identifiais comme le rescapé de la grotte de Cro-Magnon. Cet homme n’avait pas appris à s’exprimer correctement en français : il parlait uniquement par éructations, par injures, par borgborymes.  L’affaire ne pouvait qu’être  un échec retentissant : sans un musicien de carrure internationale, sans librettiste de talent incontestable, sans chanteurs de grande envergure, l’oeuvre ne pouvait être que médiocre.

Elle le fut. Je tins à l’écrire dans une longue lettre au président de l’Institut culturel, Bernard Le Nail. Cette lettre est destinée à être publiée : elle le sera, car l’affaire est navrante, et pathognomonique de la maladie des Bretons à tout faire échouer, ce qui explique la situation lamentable dans laquelle se trouve leur pays. Bien avant même que la première note soit écrite, je m’étais passionné pour l’opéra dès l’âge de quinze ans, fréquenté sur le terrain de l’amitié quantité de chanteurs et de chanteuses de premier plan, titulaires des grands rôles internationaux, pendant plusieurs dizaines d’années, suivi avec assiduité les cours de Henry Legay au conservatoire, et même travaillé à Milan avec Gina Cigna, et Mario del Monaco à Trévise.

En rentrant à Paris, l’ambassadeur Marc Menguy et moi étions consternés, incrédules de ce que nous avions entendu et vu. C’est Marc Menguy qui a dit : « L’homme de Cro-Magnon existe, je l’ai vu de mes yeux; la Bretagne a hérité du seul exemplaire qui existe encore; nous devrions en saisir le musée de l’homme ». Beaucoup plus durement : « J’étais mort de honte. De ma vie, je ne suis jamais TOMBE AUSSI BAS « . Ces propos sont exacts. Ils ont été tenus devant Marcel Texier, dans le train. Je ne sais s’il les a retenus. Pour moi, ils résonnent encore dans  mes oreilles, car ils étaient vrais. Madame Menguy était metteur en scène; nous avions à attendre, aussi, de ses compétences. Dix ans plus tard, nous n’en sommes toujours pas revenus : la honte d’avoir été témoin de celà est intacte.

Eric Louis Mélenec, un autre ami disparu il y a quelques mois, répétait souvent : « Pourquoi la France se préoccuperait-elle de combattre les Bretons ? ILS SE CHARGENT DE SE DETRUIRE EUX MEMES « .

Certains personnages par atavisme, hérédité génétique, sottise … aiment à remuer la boue. Cela sent mauvais; leur odorat est prédestiné à respirer les odeurs pestilentielles, si ce n’est à les créer  : passons, donc, nous les connaissons.

Arrivons-en à la conclusion. Deux des protagonistes bretons de cet opéra, qui firent échouer ce projet – alors que notre démarche était de l’offrir, D’EN FAIRE CADEAU, à portée de notre main,  sont, vingt ans plus tard, hors d’état de nuire . L’un est mort et enterré, il y a quelques mois à peine; on lui a reconnu la qualité de patriote breton, qu’on ne peut lui dénier, car il aimait certainement son Pays. Mais lorsque de bons sentiments sont anéantis par le souci de sa propre carrière, de son sentiment de bouffisssure et de supériorité personnelles, il est impossible de jauger les problèmes au delà de son nombril. Il me vient à l’esprit le proverbe arabe :  » Si tu ne peux rien dans le moment contre ton ennemi, assieds toi au bord de la rivière : tu verras son cadavre, tôt ou tard, flotter au fil de l’eau « . Je ne suis pas dans cet état d’esprit : j’ai de la compassion pour lui, et qu’il ait gâché de vraies qualités qu’avec un peu d’élévation d’esprit, il aurait REELLEMENT, non pas servi ses intérêts personnels, mais ceux de son pays, exclusivement. L’autre vient d’être exclu d’un conseil d’administration dont il n’aurait jamais du faire partie. Avant un an, il sera de ceux qui n’ont jamais existé.

Il ne sert à rien, dit-on, de cultiver des sentiments négatifs. Sauf de regretter la sottise, l’immense perte de temps, surtout, d’avoir eu une occasion exceptionnelle, et de l’avoir perdue, par pure médiocrité. Tout ce temps, cet acharnement incroyable, était investi, EXCLUSIVEMENT, au service de la Bretagne. Il n’y avait aucune autre motivation de notre part. Quel malheur ! Nous y avons vraiment cru.

C’est là que j’ai réalisé que l’avenir politique de la Bretagne était dans l’ornière, pour longtemps, car les Bretons, alors, s’affrontant sur des sujets puériles, seraient incapables de s’unir, le jour ou toutes les énergies seraient indispensables. On ne m’a plus guère vu en Bretagne, si ce n’est par accident.

En cette période de nouvelle reculade sur le problème du Comté de Nantes – la solution passait à portée de fusil, mais  il fallait tirer TOUS ENSEMBLE , et surtout dans la même direction …..

Je livre à vos réflexions deux textes, les deux étant des occasions perdues.

Le premier est le « synopsis » ( = le résumé) de l’opéra, tel que nous l’avons bâti en accord avec Yann Brékilien-Sicard et Louis Marichal.

Le second est l’hymne d’adieu des Bretons à leur Duchesse souveraine, au moment où elle quitte la Bretagne, pour aller épouser en France le roi Charles VIII. (J’ai égaré cette pièce, mais elle se retrouvera).

Un opéra n’est pas un livre d’histoire. Nous sommes restés aussi près de la vérité historique que cela était possible; nous ne nous en sommes éloignés que pour des détails mineurs, là ou la conduite de l’action dramatique l’exigeait.

SYNOPSIS DU LIVRET DE L’OPERA ANNE DE BRETAGNE . Je le publie ci-après, le 6 mars 2016, des années après avoir rédigé ce texte, avec quelques extraits brefs des correspondances échangées avec Yann BREKILIEN.

 

Louis MELENNEC

 

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L’OPERA ANNE DE BRETAGNE. SYNOPSIS.

 

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ANNE DE BRETAGNE, opéra historique en cinq actes.

Ou : l’agonie du Duché souverain de Bretagne.

Scénario de Louis Mélennec, approuvé par Yann Brékilien, président des écrivains bretons.

L’action se déroule en Bretagne, en 1488, année de la destruction des armées nationales bretonnes par les armées françaises, à Saint-Aubin-du-Cormier. Ce scénario a veillé à ne contenir aucun anachronisme vrai : chaque acte est un coup de projecteur sur des faits réels de la vie d’Anne de Bretagne. Les nécessités de l’action dramatique ont rendu nécessaires quelques petits aménagements, qui n’altèrent en rien la vérité historique. Si ce projet avait réussi, quantité de conférences auraient pu être faites autour de cet opéra, pour illustrer l’histoire du Duché, et son invasion par la France.

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Principaux personnages.

François II, duc souverain de Bretagne, père d’Anne de Bretagne, basse.

Anne de Bretagne, future duchesse, mezzo-soprano.

Louis d’Orléans, cousin et beau frère du roi Charles VIII de France, futur Louis XII, baryton.

Françoise de Dinan, soprano.

Alain d’Albret, ténor ou haute-contre, comte d’Evreux.

La cour du Duc François, les dames de la cour, les seigneurs, évêques, abbés de Bretagne.

Le peuple de Bretagne.

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En Bretagne, en 1488.

Le Duché souverain est proche de son agonie. Les armées françaises ont envahi le pays l ‘année précédente, en 1487. Les conflits des Bretons et des Francs remontent au sixième siècle de notre ère. Au moment des faits, ils sont ennemis depuis mille ans. De nombreuses guerres les ont opposés. Louis XI, roi de France, ne cache plus son intention de s’emparer du Duché par la force. C’est son fils, Charles VIII, qui se chargera de la besogne.

La scène se passe dans la presqu’île de Rhuys, et au château de Suscinio, résidence d’été des Ducs souverains de Bretagne.

 

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L’impressionnant château de Suscinio, près de Vannes, aujourd’hui restauré dans sa splendeur.

L’action théâtrale a ses exigences. Un premier scénario, purement « descriptif », a été remplacé par celui-ci, soumis à Yann Brékilien et à Louis Marishal, qui l’ont approuvé.

Les personnages sont réels, les faits évoqués le sont aussi. Les scènes rapportées ici ne sont pas en conformité avec la stricte vérité historique. Mais, telles que nous les avons agencées, elles auraient pu se dérouler de la manière qui suit. Il n’y a dans notre livret, aucun anachronisme, aucune invraisemblance.

Comme on le sait, Louis d’Orléans, gendre du roi Louis XI, beau-frère du roi Charles VIII, bien qu’héritier du trône de France, s’est rangé du côté des Bretons, et combat dans leurs armées.

Acte I. Retour de chasse. Le Duc annonce à sa fille Anne sa décision de la marier avec Alain d’Albret.

La scène se passe dans la forêt de Rhuys. Dans le lointain, on aperçoit la silhouette impressionnante du château de Suscinio. Les sonneries annonçant le fin de la chasse retentissent.

 

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Le Duc apparaît, en somptueux équipage, entouré de sa cour. On reconnaît à ses côté une grande dame de la Cour, Françoise de Dinan, gouvernante d’Anne de Bretagne. A droite du Duc, un personnage courtaud, rougeaud, obèse, le sieur Alain d’Albret, comte d’Evreux, le plus puissant seigneur du midi de la France, proche parent de la famille ducale de Bretagne. Il est ouvertement candidat à la main d’Anne de Bretagne, donc, après la mort du duc régnant, à devenir par sa femme Duc de Bretagne.

 

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Le Duc François II de Bretagne, père d’Anne de Bretagne.

Anne apparaît, accompagnée de ses dames. Le duc a pris place sur son siège. Il prie sa fille de s’asseoir sur un tabouret, il a une décision importante à lui communiquer. Il annonce publiquement qu’il a décidé de marier la princesse avec Alain d’Albret. Celui-ci, son côté, a promis au Duc de mettre ses armées de 4000 hommes, et ses biens, à son service pour défendre la Bretagne contre les Français. Il s’incline, se met à genoux, et baise la main du Duc.

Comme assommé par cette nouvelle, Anne se met violemment en colère. Elle se jette à genoux devant son père, et tient des propos insultants sur Alain d ‘Albret, le décrivant tel qu’il est : débauché, ivrogne, coureur, sans foi ni loi, père de plusieurs bâtards. Elle jure devant la cour que rien ne l’obligera jamais à épouser un tel personnage, pas même la volonté de son père. Elle se retire, outrée, avec ses dames.

La consternation est générale. Alain d’Albret jure qu’il se vengera de cet affront public. Françoise de Dinan, baronne de Chateaubriand – qui est sa parente, et qui est favorable à cette union monstrueuse – se retire avec lui.

 

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Le Duc souverain de Bretagne : un des princes les plus puissants d’Europe. Ici, Pierre II.

Le duc est revêtu de ses habits royaux, couronne en tête, manteau de pourpre doublé d’hermines avec camail de même. Sa robe est bleue, et bleue la manche de cette robe couvrant le bras qui sort du manteau. Le prince est sous un dais de drap vert à ramages. Il est agenouillé sur un prie-Dieu couvert de drap d’or portant un coussin herminé, sur lequel est posé un livre d’heures. La muraille est tendue de drap vert et or; de chaque côté du dais descend jusqu’en bas un rideau bleu. Ce portrait est délicatement peint. Le Père éternel, barbe blanche et cheveux blancs, coiffé d’un bonnet pointu, auquel le duc adresse sa prière, est figuré en haut du tableau, entouré de langues de feu, tenant  en main le globe du monde. 

II – Clair de Lune dans la forêt.

 

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Il fait nuit , mais la clairière baigne dans un un somptueux clair de lune. Des grenouilles croassent, des oiseaux poussent des cris effrayants dans l’obscurité. Un cortège de sorcières passe en ricanant et se mettent à danser (ballet des sorcières). Elles s’éloignent. On les entend chanter un chant lugubre.

Trois hommes masqués sortent des taillis : Louis d’Orléans et deux de ses soldats. Ils ôtent leurs masques. Très peu de temps après, deux dames apparaissent, le visage caché par des capuchons. Elles se découvrent. Il s’agit d’Anne, accompagnée d’une de ses confidentes.

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Là, se déroule un duo d’amour entre Anne et Louis, qui se promettent un amour éternel.

Tous se retirent dans les taillis obscurs. Ce duo est l’une des pièces majeures de l’opéra.

III – Scène des ambassadeurs.

Le Duc François donne une réception dans son somptueux château de Suscinio. Les invités se pressent. Les ambassadeurs sont annoncés : Angleterre, Saint Empire, Espagne, France ..

On danse. L’orchestre joue.

 

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Dans une scène très cocasse, le Duc prend chaque ambassadeur à part, et tient à chacun le même discours : « Je donne ma fille en mariage, au roi votre maître, croyez moi, parole de Duc, c’est le Duc de Bretagne qui vous le promet ! ». Chacun fait mine de le croire.

Des jeunes filles de la cour, amies d’Anne, pénètrent dans la salle, se dirigent vers les ambassadeurs, les attrapent par la barbe, les cheveux, leurs basques, se moquent ouvertement d’eux, et les entraînent dans une ronde folle, devant la cour qui rit aux éclats. L’ambassadeur de France est particulièrement maltraité par les demoiselles. Les armées françaises sont en Bretagne.

IV – Les armées de Bretagne sont détruites.

 

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Louis d’Orléans, qui a combattu avec les armées bretonnes – alors qu’il est le cousin du roi de France Charles VIII, et l’héritier de la couronne de France -, a réussi à échapper au carnage. Il s’est traîné, couvert de sang, jusqu’à la résidence du Duc. Anne apparaît, par une porte dérobée. Louis, dans un récit déchirant, lui annonce la défaite des armées bretonnes, et le carnage effrayant du champ de bataille.

V – La mort du Duc.

La scène est impressionnante, montée dans un décor somptueux, voulu comme tel.
Quelques semaines plus tard. Le Duc agonise, sur son lit d’apparat, placé sur une estrade, surmonté d’un grand dais.

Toute la Bretagne entre peu à peu dans l’immense salle, dans un cortège impressionnant, pour assister à la mort de son souverain : les évêques, les abbés, les grands du Duché, la petite noblesse, les représentants des villes, le petit peuple en habits traditionnels bariolés.

Le Duc fait appeler sa fille Anne, qui arrive entourée de quelques dames. A la demande de son père, elle s’agenouille au pied du lit.

 

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Le Duc, dans un solo émouvant évoque devant sa fille les guerres franco-bretonnes, la perfidie des Français depuis des siècles, la haine que se portent les deux nations. Cet air est le « clou musical » de l’ouvrage.

Il de dresse sur son séant, et lui fait prêter serment: « Ma fille, avant peu, vous monterez sur notre trône ancestral ; jurez sur les Saints Evangiles et sur la croix de Jésus Christ que vous chasserez les Français hors de Bretagne ! ». Dans un dernier souffle, il soupire encore : « Les Français … par Dieu … hors de Notre Pays … »

Ce sont ses dernières paroles. Anne tend la main droite et la pose sur le crucifix. Le Duc a rendu l’âme. Tous pleurent.

 

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Le somptueux tombeau du Duc François II, dans la cathédrale de Nantes.

Ecrit de mémoire le 2 septembre 2015.

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Ce projet a échoué par la faute des c… de service, comme à peu près chaque fois qu’on vaut faire quelque chose d’important en Bretagne : voyez comment a été bouclée l’affaire de la réintégration de Nantes et de la Loire Atlantique dans notre territoire national. Ce pays va mourir par la sottise, la jalousie pathologique, et la lâcheté, et la traitrise de ceux qu’on dénomme par dérision « les élus », qui ne sont pas les élus du peuple, mais seulement des partis politiques parisiens auxquels ils se sont soumis corps et âme, pour obtenir les « investitures » qui ouvrent la porte de la caverne d’Ali-Baba : les émoluments gras et copieux, les avantages fiscaux anti- constitutionnels, les retraites dorées, et l’illusion d’un pouvoir qu’ils n’ont certainement pas, car leurs maîtres parisiens leur pissent dessus, copieusement.

 

POST LUDE.

En janvier 1499, Anne de Bretagne, par sa volonté de l’avoir voulu, Charles VIII étant décédé quelques mois plus tôt, épouse à Nantes, dans le château ducal, le successeur de son précédent mari, Louis d’Orléans, devenu Louis XII – qui combattit valeureusement dans les armées bretonnes en 1488, à Saint-Aubin-du-Cormier. La Duchesse règne à nouveau sur son pays, en mère qu’elle est pour lui, jusqu’à sa mort, qui survient le 9 janvier 1514. Elle négocie lors de son remariage un traité avec Louis XII, par lequel le patrie est assurée de retrouver toute sa puissance souveraine, d’être gouvernée non par des étrangers détestés, mais par ses princes « naturels ». Mais les collabos du temps, les prédécesseurs de ceux d’aujourd’hui, veillent : ils n’empêcheront pas l’annexion de 1532, certains même la sollicitent,  car elle leur rapporte de gros écus, des territoires et des seigneuries appartenant à nos souverains les Ducs. Mais ils récoltent aussi le mépris universel,  jusqu’à aujourd’hui.

Dans la Grèce antique, et dans une multitude de pays, on mourrait pour sa patrie. En Bretagne, ON LA VEND.

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Anne de Bretagne et Louis XII, son troisième mari.

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