L’HISTOIRE MYTHOLOGIQUE DES BRETONS .

(LE PRESENT ARTICLE, qui fait suite à l’étude intitulée « Histoire d’une vieille haine « , EST UNE EBAUCHE, dont la rédaction est commencée le 31 décembre 2008. Il SERA COMPLETE AU FUR ET A MESURE DE SA REDACTION. Il FAUT LE LIRE COMME UN TRAVAIL EN COURS D’ELABORATION, jusqu’à ce qu’il soit terminé.

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TOUTE NATION QUI PERD TOTALEMENT LA MEMOIRE DE SON PASSE CESSE D’EXISTER EN TANT QUE TELLE. Toute nation qui, privée de son sentiment d’appartenance par le pays qui l’occupe ou qui l’a occupée, parce qu’il l’a effacé volontairement, ou en fait un objet de mépris pour les populations, OU A INTERDIT QUE L’HISTOIRE COMMUNE, qui est le principal aliment du sentiment national, SOIT ENSEIGNEE ET TRANSMISE, a déja disparu, ou est en train de disparaître. Tout pays qui a adopté l’histoire de celui qui l’ a envahi, est « acculturé », et n’existe plus en tant que nation. Quiconque veut sauver le patrimoine national qui est le sien, doit commencer par se familiariser avec son histoire, quelque respectable que soit celle des autres. La restauration de la langue nationale – ou des langues nationales – est un moteur puissant de ré-installation de la personnalité nationale, mais ne vient jamais que bien après l’Histoire, QUI EST LE FONDEMENT MEME DE LA MAISON qui, sans cela n’existe même pas.

Chaque homme a le droit de se sentir citoyen du monde, européen, allemand, anglais, français, italien… Chaque breton a le droit de revendiquer son identité. C’est un principe incontournable du Droit International. Aucun pays du monde n’a le droit – ni le pouvoir – de faire échec à ce principe. Chaque Breton, même, a le droit de se sentir ou de se croire Français, même s’il ne l’est pas, le prétendu « traité » de 1532, dit » d’Union perpétuelle de la Bretagne à la France » étant un chiffon de papier, juridiquement inexistant, comme frappé de vices majeurs, arraché par la contrainte et par la corruption, le roi de France étant dans les parages avec 12000 hommes de sa Cour, effectifs augmentés de plusieurs milliers de soldats, sans document aucun contresigné par les Bretons, le seul texte proclamant cette union étant un EDIT, c’est à dire une loi française, pays strictement étranger à la Bretagne.

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Le premier manuscrit auquel on fait généralement référence, témoignant d’une tentative d’écrire « une » histoire du peuple breton, est l’oeuvre de Nennius. Les progrès, dans cette écriture ont été lents, mais pas plus lents qu’en France ou en Angleterre. Ces progrès sont loin d’être arrêtés, puisque, comme on le voit, c’est notre but depuis longtemps de traiter sans complexe TOUS le sujets tabous, sans aucune exception et sans aucune crainte, et de détruire les innombrables erreurs colportées au sein d’ un peuple qui n’ose pas  pas encore s’assumer, et qui, dans la phase actuelle, continue à croire que la lumière va venir de Paris (quelle plaisanterie, comme si Paris était disposé à lui rétrocéder son patrimoine, dérobé avec tant de continuité pendant tant de siècles !).

Depuis l’inauguration de cette histoire légendaire par Nennius, moine breton (d’Outre-Manche, précisons-le), au 9 ème siècle, celle-ci s’est enrichie de strates successives, non pas de détails nouveaux, mais de faits importants, les quelques lignes de départ, enrichies d’une façon abusive, admettons le sans regret, se transformant peu à peu en un vaste « corpus », finissant par constituer jusqu’au début du 16 ème siècle une fort épaisse « saga », riche en personnages et en évènements des plus étonnants.

Plusieurs auteurs ont contribué à l’élaborer . Les principaux sont Nennius (9ème siècle), Geoffroy de Monmouth (12 ème siècle), le Chroniqueur anonyme de Saint Brieuc (fin du 14 ème siècle), Pierre Le Baud (15 ème siècle), Alain Bouchard (fin du 15 ème siècle et début du 16 ème siècle), d’Argentré (fin du 16 ème siècle)…. Ce ne sont pas les seuls. Les citer tous aboutirait à surcharger le présent article, c’est à dire à rendre obscur ce que nous voulons essayer de rendre clair, sans rien sacrifier d’essentiel. (Quiconque veut en savoir davantage sur la genèse – laborieuse – de cette mythologie, se reportera à l’ouvrage très complet de Joseph Rio, sur « Les mythes fondateurs de la Bretagne » dont les références sont consignées ci-après, et dont le mérite est grand, sauf d’avoir rendu clair ce qui était obscur dès le départ; qu’il soit pardonné !). (Editions Ouest france, Rennes, 2000).

Au 16 ème siècle, l’histoire légendaire de la Bretagne est devenue si profuse, chaque auteur y ayant apporté sa « contribution », sans guère se soucier des contradictions et des invraisemblances, qu’il est nécessaire, si l’on veut y voir clair, de la réduire au strict minimum, d’élaborer, en quelque sorte, UNE VISION SYNTHETIQUE. Encore sera-ce peut être trop.

Des auteurs contemporains, beaucoup plus nombreux que ceux qui ont écrit la légende, ont scruté ces textes pour tenter de discerner le légendaire du réel, le vrai du faux : Arthur de la Borderie, Marcel Planiol, Gwenaël le Duc, Jean Kerhervé, Léon Fleuriot, Hubert Guillotel, Noël-Yves Tonnerre, Bernard Merdrignac, Jean-Christophe Cassard….. (on en oublie toujours, mais je complèterai la présente liste). Leurs écrits, méritoires, remplissent des bibliothèques.

Tous concluent de la même manière – ou à peu près -, qui est au moins réconfortant, pour une fois, notre ethnie étant réputée pour ne se mettre jamais d’accord sur rien :

–  COMME CELLES DE TOUS LES PAYS DU MONDE, cette histoire des Bretons, dans sa première version, est une série de légendes, de mythes : rien de ce qu’elle contient n’est prouvé, UNE CHOSE exceptée : de nombreux Bretons sont venus de l’Ile de Bretagne (l’actuelle Grande Bretagne), et ont peuplé une partie de la péninsule armoricaine.

–  Même si quelques fragments de vérité se sont glissés dans les textes des auteurs précités, IL EST IMPOSSIBLE DE DISCERNER LE VRAI DU FAUX. Mais le faux l’emporte très largement sur le vrai, puisque telles sont les fonctions et la nature des mythes.

– Cette mythologie est en tous points conforme, quant AUX FONCTIONS qu’elle remplit, à la mythologie des autres peuples, notamment quant au souci qu’ont eu ces premiers auteurs d’ ASSIGNER UNE ORIGINE AU PEUPLE BRETON en général, au peuple breton d’Armorique en particulier, afin, en particulier, de se défendre contre les entreprises incessantes de la France visant à subjuguer et à s’emparer du Duché Souverain.

Nous argumenterons nos conclusions personnelles à la fin de ce chapître, et nous dirons pourquoi cette mythologie a joué un rôle TRES IMPORTANT dans les relations extrêmement conflictuelles des Bretons avec les royaumes conquis par les Francs en Gaule, puis avec la France, petite Principauté se confondant plus ou moins avec le diocèse de Paris à la fin du 10 ème siècle, jusqu’à s’étendre jusqu’aux frontières de la Bretagne sous Louis XI, avant l’hallali final de 1488 et de 1491, notre armée nationale, enrichie des contingents de nos alliés européens, ayant été détruite à Saint Aubin-du-Cormier, en juillet 1488. (Je répèterai ceci jusqu’à ce que nos voisins n’en puissent plus, et ne cherchent plus à se cacher derrière leur petit doigt, entreprise inutile, car nous sommes INFINIMENT plus obstinés qu’eux; il n’y a AUCUNE CHANCE que nous cédions un quart de millimètre sur ce que nous savons être la vérité).

Comme le souligne Philippe Contamine, professeur d’histoire médiévale à la Sorbonne, dans son discours inaugural au Congrès organisé à Brest en octobre 1991, sur le thème :  » 1491, La BRETAGNE, TERRE D’EUROPE « , évoquant le fait que  » Les Bretons (sont) incontestablement une nation distincte des Français « , qu’il rapporte à Chastelain, (merci cher Philippe Contamine, nous sommes quelques uns à le savoir, mais c’est honnête à vous de le dire : quelques « hystoriens » enseignant en Bretagne, situant l’apparition des Nations au 16 ème siècle, ne le savent pas encore en 2008 ! ), insiste sur le fait que l’histoire ne se limite pas à l’exposé chronologique des faits, mais que, s’agissant de la Bretagne et de la France, L’ANALYSE DES RELATIONS JURIDIQUES de ces deux pays est en soi UN OBJET D’ETUDE IMPORTANT. C’est à quoi, on l’a compris, nous nous livrons abondamment, car le sujet est central, en effet, en cette ère d’émancipation des peuples conquis par le fer et par le feu, à une époque ou cela, quoique déja condamné par le Droit et par la morale, sa pratiquait souvent.

1 – L’HISTOIRE LEGENDAIRE DES BRETONS COMMENCE ….. DANS LA VILLE DE TROIE, EN ASIE MINEURE.

La ville de Troie est célèbre. Elle occupe dans l’histoire de l’Antiquité, surtout légendaire, une place importante. Hélène, épouse du roi grec Ménélas, y est transportée, et y succombe aux charmes de Pâris, ce qui entraine les conséquences que l’on sait : une guerre terrible, dite « de Troie », qui détruit la Cité, et condamne ceux qui en réchappent à la fuite.

C’est de cette ville que viennent les Bretons, on va voir de quelle manière.

Enée, qui descend de Dardanus, lui même  de Jupiter, vit à Troie. Sa femme lui donne un fils, Ascagne. Après la guerre de Troie, la ville étant dévastée (Monmouth, page 28), Enée et Ascagne quittent la ville et gagnent l’Italie. De si grands personnages ne peuvent que transporter leur royauté dans leurs valises. Si l’on en croit Nennius (page 31), « Enée règne trois ans chez les Latins, Ascagne 37 ans. » Ascagne engendre Silvius – qui ne règne que 12 ans -;  mais il a un fils, dénommé Brutus.

Brutus, en jouant avec un arc, tue son père; par accident, précise la légende. En des temps assez imprécis, chassé à cause de cet acte, Brutus entreprend un long voyage, qui le fait traverser des contrées diverses. Dont la Grèce… qui se trouve sur son chemin. Après bien des péripéties, il parvient dans l’embouchure de la Tamise, remonte le fleuve, et….. crée une ville, qu’il nomme « Nouvelle Troie » – qui deviendra plus tard Londres. En toute simplicité (Nennius, page 30; Monmouth page 51). C’est ainsi, disait Racine, qu’on fait les bonnes maisons.

D’autres contingents issus de Troie, conduits par d’autres chefs, s’arrêtent en chemin : l’un en Italie, l’autre en Gaule ( les Francs, rappelons-le, n’envahiront la Gaule qu’à la fin du 5 ème siècle; ce sont donc, aussi, des Troyens qui colonisent l’Italie et la Gaule, il n’est pas sans intérêt de le préciser). Nous verrons que ces considérations vont avoir une grande importance dans l’Histoire de l’Europe.

En ce temps-là, l’Empire Romain n’existe pas encore.

De Brutus à Bretagne, il n’y a qu’un pas à franchir. Brutus donne son nom à la Grande Ile, qui, dès lors, prend le joli nom de Bretagne (jusqu’alors, elle était dénommée Albion; Monmouth, introduction, page 49). L’Ile est déserte – ou quasi déserte. Il y a bien quelques géants, espèce alors encore fréquente, mais ce n’est pas grave : ils sont chassés. Ce sont donc les  compagnons Troyens de Brutus qui peuplent cette île immense : la Bretagne insulaire est née ! « Brutus, écrit Geoffroy de Monmouth, est donc le premier roi des Bretons  » (page 26). Les Bretons parlent leur langue, » la langue troyenne – ou langue grecque dérivée -, qui devient la langue bretonne » (Monmouth, page 49). Premier roi des Bretons, Brutus, de grande naissance, est aussi de grande noblesse de caractère, et de grand courage. Est-il besoin de le dire?

Le choix du pays, d’ailleurs, est excellent. La description idyllique qu’en donne Nennius (pages 15 et 29), s’améliore encore dans l’Historia Regum Brittaniae (= Histoire des rois de Bretagne), de Monmouth:  » La Bretagne est une île magnifique …. elle est riche en minéraux de toutes espèces; de vastes champs la recouvrent, des coteaux également, très propices à une culture intensive; la fertilité du sol permet, suivant les saisons, etc… On trouve aussi en Bretagne des forêts ou abondent toutes sortes de gibiers; l’herbe des clairières nourrit les animaux, tandis que les fleurs de toutes couleurs offrent leur nectar aux abeilles tourbillonnantes…  » (Monmouth, page 27). Rien n’y manque, c’est une sorte de petit paradis: les Bretons de la légende prennent un excellent départ dans l’histoire.

2 – LES BRETONS DE LA BRETAGNE INSULAIRE TRAVERSENT LA MANCHE, ET S’ETABLISSENT EN ARMORIQUE.

D’ou vient qu’une partie de ces Bretons traversent la mer, et viennent s’installer dans la péninsule située en face de la Cornouailles (= le Cornwall), sur le continent, qui porte le nom poétique d’Armorique ?

Lorsque cette migration se produit, au 4 ème siècle, l’Ile de Bretagne est gouvernée par les Romains (= vrai). Elle a été conquise, depuis trois siècles environ, par eux, ce qui ne s’est pas fait sans mal (Voir la très sérieuse Histoire romaine de Marcel le Glay, Yann Le Bohec, Jean-Louis Voisin, Quadridge, PUF., Paris, 1991). L’Empire Romain, très vaste, difficile à gouverner, a été scindé en deux parties : l’Empire d’orient; l’Empire d’Occident (vrai: voir Humbert, page 367). L’anarchie est endémique. Maxime – personnage authentique, soulignons-le -, né en Espagne a été nommé commandant en chef des armées de Bretagne; c’est un soldat courageux, habile, populaire, aimé de ses légions. Il s’est converti au christianisme. Il profite de sa situation pour se faire proclamer Empereur, en 381, et traverse la Manche, avec ses troupes en 383, et envahit la Gaule, « arrivant de Bretagne avec son armée de Bretons », s’empare de la Gaule (vrai), met en fuite l’Empereur Gratien, et le tue (Nennius, page 37).

Ces derniers faits, relatifs à Maxime, étant exacts, c’est ici que la légende initiée par Nennius reprend son cours, par la vertu de la plume imaginative de Monmouth (page 124)…. trois siècles plus tard, puisqu’il écrit son « Historia » au 12 ème siècle.

L’aventure n’est pas ordinaire. Maxime est un ambitieux gorgé d’or et d’argent. Il réunit une flotte immense, et appelle tous les soldats en armes de l’Ile de Bretagne. On met le cap sur le « royaume d’Armorique, maintenant appelé Bretagne »(Monmouth, page 124). C’est, ajoute l’auteur, un pays  non pas seulement charmant, mais plein de ressources et d’avenir, une duplique, en plus petit, de la Grande Ile. « Ce royaume, dit-il, l’un des plus puissants de la gaule (sic), est, à mon avis, la terre la plus plaisante, qui n’existe nulle part ailleurs. » (resic).

L’expédition de Maxime et de ses soldats Bretons est, selon Monmouth, un carnage: 15ooo soldats armoricains (qu’il dénomme « Francs », bien qu’il ne puisse y avoir de « Francs » en Bretagne, attendu qu’ils n’envahiront la Gaule qu’un siècle plus tard) sont tués. Toute la population mâle est massacrée, avec une « cruauté féroce » (page  125); seules les femmes sont épargnées; 100 000 Bretons de (Grande) Bretagne sont réunis pour repeupler le « royaume » Armorique. On tente de faire venir des vierges bretonnes restées de l’autre côté de la Manche, seules dignes d’être les épouses des soldats vainqueurs, et de leur donner des descendants. Mais une grave tempête contrarie le voyage!

Fait capital, qui va « engager » toute l’histoire future du Duché de Bretagne, comme étant reçue par les historiens bretons comme véridique : un certain Conan Mériadoc (qui devient célèbre sous le nom de Conan Mériadec), d’ascendance royale – lui aussi descend de Brutus -, se voit donner en cadeau ce « royaume » par l’empereur auto-proclamé Maxime. Conan Mériadec conquiert Rennes et Nantes, est couronné roi à Rennes, et choisit Nantes pour capitale (Le Baud et Bouchard, cités par Rio, page 128). La conquête se passe, selon les chroniqueurs, aux alentours de 386. Brutus avait été le premier roi de Grande Bretagne; Conan Mériadec devient le premier roi de la petite Bretagne. Une belle carrière lui est réservée dans la littérature historique mythologique bretonne, au moins jusqu’au 17 ème siècle. De l’un à l’autre, la continuité est parfaite. D’après la légende, tous les princes qui ont régné sur la Bretagne Armoricaine – y compris Jean IV, jean V… François II, Anne de Bretagne, sont les descendants tant de Brutus que de Mériadec. D’Argentré fait de Mériadec le héros de la Bretagne, car c’est lui qui a fondé la lignée royale de la petite Bretagne.

– Le MYTHE DU ROI ARTHUR . Arthur est un personnage encore plus emblématique que le célèbre Conan Mériadec. Sa carrière littéraire va être infiniment plus brillante. Nennius, au 9 ème siècle, en parle à peine. Il est le chef de guerre des Bretons, combattant pour eux les envahisseurs Saxons (page 50),  qui dévastent à plusieurs reprises l’île de Bretagne, et  finissent par occuper de vastes territoires, d’une manière définitive, refoulant les Bretons vers l’Ouest.

Il devient un héros, très peu ordinaire, au fil des chroniques de Geoffroy de Monmouth, du Chroniqueur de Saint Brieuc, de Le Baud, d’Alain Bouchard.

Au plan personnel, il cumule toutes les qualités: bon, généreux, juste, incarnant le sens de l’honneur, courageux, intrépide, intelligent, humain, homme de coeur… (Monmouth, pages 204 et suivantes). Un tel personnage ne peut que créer une cour digne de lui : brillante, elle se peuple de poètes, d’hommes de lettres, de chevaliers exemplaires. Mais aussi de femmes délicieuses, courtoises, élégantes .  Cette cour devient un exemple non seulement pour la Bretagne, mais même, le lieu est « d’une telle courtoisie « , … » pour les peuples éloignés » (page 214). On l’imite de partout. L’habillement des chevaliers sert de critère à ceux d’ailleurs. La perfection y est telle, que les femmes y deviennent vertueuses et chastes ! (C’est là qu’on voit que le chroniqueur exagère!).

Arthur est un militaire brillant, invincible. Ses exploits l’égalent aux plus grands. Il est le pourfendeur  des Saxons envahisseurs, devenus des « Anglais ». Malgré sa bonté d’âme, il en tue quelques milliers. Il est vrai qu’il a d’excellentes raisons pour cela : ils se sont emparés de la terre des Bretons, et, c’est notoire, ce sont des paiens et des traîtres, au point que dans leur langue, le même mot sert à désigner les Anglais et les traîtres; l’anonyme le confirme : « Le nom de Saxons est synonyme de trahison; il en est de même pour les Anglais  » (page 55).  Mais encore, il soumet à son pouvoir plusieurs pays. Il sollicite l’aide du roi de petite Bretagne armoricaine, son neveu Hoel, qui le rejoint à Southampton, avec des renforts de 15000 soldats. Il soumet l’Irlande, l’Islande, la Norvège, la Dacie. Cela ne lui suffit pas; il débarque en Gaule, alors province romaine gouvernée par le tribun Frollo, qui, de peur, se réfugie dans Paris. Au cours d’un combat singulier, Arthur, plus fort, …. lui coupe le casque et la tête en deux. Il soumet toute la Gaule, tandis que son neveu Hoel s’empare du Poitou, de l’Aquitaine, de la Gascogne. Selon certains chroniqueurs, cet homme pieux construit même une cathédrale à Paris !

Rentré dans la Grande Ile, après avoir partagé la Gaule et distribué les provinces à ses parents, à ses capitaines, à ses amis, il est couronné dans la Ville-des-Légions. (Monmouth, pages 204 et suivantes), que l’anonyme de Saint Brieuc nomme Caerleon (page 161).

Puis, c’est l’emballement… Le destin d’Arthur s’envole. La littérature s’empare de lui, c’est une aventure étonnante qui commence et rebondit. Le besoin de mythes étant universel, Arthur est investi, non pas seulement par la (Grande) Bretagne, par la petite Bretagne, par les principautés du royaume de France, et par bien d’autres pays, de toutes sortes de vertus et de qualités. De personnage mythologique petit et quasi médiocre – peut-être d’ailleurs purement inventé par Nennius ou ses prédécesseurs inconnus -, il devient un héros. C’est un modèle d’identification, réunissant dans sa personne les qualités et les vertus que l’on peut donner en exemple, car on les forge et on les décrit comme exemplaires.

Sa réputation s’étend au loin. On le retrouvera, bien plus tard, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Pologne… Des romanciers, des poètes, des musiciens s’en emparent, et la divulguent au monde ébloui. Marie de France écrit sa phrase célèbre : « Bretagne est poésie ». Chrétien de Troie et d’autres écrivent une saga superbe, à partir de ce que l’on dénomme la « matière de Bretagne », source intarrissable d’inspiration de chefs d’oeuvre. Un monde merveilleux se met à vivre, des personnages enchantés et enchanteurs le peuplent : Merlin, la Fée Mélusine, Lancelot du Lac, Perceval….

L’histoire enseigne que la matière de Bretagne, qui place si haut les idéaux humains, ensemence l’Europe. Ce qui, tout narcissisme déplacé écarté, est vrai : cette matière de Bretagne, bien qu’éminemment mythologique, véhicule un message élévé, exaltant le courage, le désintéressement, la haine du mensonge et de l’hypocrisie, le respect des êtres humains … Le code de l’honneur, écrit Christian-J. Guyonvarc’h,  » y est toujours très strict, et même très raide « (La civilisation celtique, Payot, Paris 1995, page 144). Voila ce qui explique son incroyable pouvoir de séduction, de tels principes, en effet, étant de nature à servir de modèles, d’idéaux à atteindre, capable d’aider les hommes à se dépasser.

Les Bretons d’Armorique sont partie prenante dans ce monde auquel ils appartiennent, puisque, venus principalement du pays de Galles et de Cornouailles, ils ont participé à la création de cette mythologie, et en sont le véhicule obligé, tout comme les Gallois (Guyonwarc’h, page 108). La forêt de Brocéliande, lieu d’enchantement par excellence, est en Bretagne armorique. Trois Ducs vont porter le prénom d’Arthur, fort prisé à la Cour de Nantes. Le dernier, immédiat prédécesseur de François II, père d’Anne de Bretagne, se prépare à envahir l’Angleterre au moment ou il meurt, en 1458. (Il semble que ce projet ait été réel, et que Arthur III avait, en effet, la carrure exigée pour faire cette conquête, comme Guillaume le Conquérant en 1066).

La saga envahit toute l’Europe. Des rois et des Princes donnent à leurs enfants les prénoms des héros arthuriens. (De même – ceci étant dit clairement à l’intention de M. Mélenchon, l’ami de la Bretagne – que la France collaboratrice, tout le temps qu’elle considère le Maréchal Pétain comme un héros, donne à ses enfants mâles le prénom d’ailleurs élégant, de Philippe : on se souvient de la formule célèbre : 40 millions de Pétainistes »: telle est la France de 1940, un peuple entier à vocation collaboratrice, par identification à son chef – au moins pendant les premiers temps -, là ou la Bretagne produit quelques égarés, qui cherchent avec désespoir une issue au problème breton, créé en entier par l’invasion de la Bretagne en 1491 par les armées de qui l’on sait, plus encore par le laminage des cerveaux et l’assassinat de la langue et de la culture bretonne de 1789 à 1950).

Enfin, Arthur arrivant à ses fins dernières, on invente une légende charmante, la « dormition ». Le phénomène n’est pas original. Beaucoup de Dieux, de demi-dieux, de prophètes, de Princes, ont connu la même aventure ! Arthur n’est pas mort, il s’est endormi. Il reviendra, tôt ou tard, pour aider les Bretons à chasser les envahisseurs saxons d’Angleterre, car ils y sont imposteurs. La légende est tenace. Au 19 ème siècle, un chantre armoricain invente une ballade miraculeuse : comme Jeanne d’Arc vint jadis vers le gentil dauphin Charles (le futur roi Charles VII, père de Louis XI), pour « bouter » les Anglais hors du royaume de France, de même, réveillé de son sommeil séculaire, Arthur reviendra aussi en Bretagne armorique, pour bouter les Français hors du Pays breton et les renvoyer chez eux!

Ma Doué béniget! Et si c’était vrai ! Et si, de surcroît, les Bretons, prenant maintenant conscience de leur passé de colonisés (de 1491 à 1789), puis d’esclaves (de 1789 à 1950-1960, sinon jusqu’à aujourd’hui),  la France n’étant plus en mesure de liquéfier les esprits, il était demandé à ce pays, comme l’exigent la morale et le droit des gens,  de payer le prix de toutes les horreurs commises en Bretagne depuis les invasions : la demande de pardon à genoux, comme l’a fait le Premier ministre australien (différence fondamentale : c’est un type bien, lui); s’humilier comme elle l’a fait pour les Bretons; reconstruire à ses frais les monuments  et les châteaux détruits lors des invasions, et depuis; rendre, avec les intérêts de droit le tribut annuel prélevé sur le pays pendant deux siècles et demi (je répète que Marcel Planiol a tracé la voie pour que l’on calcule  le montant des sommes volées à la Bretagne pendant l’occupation de 1491 à 1789 : QUEL PROFESSEUR DES FACULTES, EN DEHORS DE LUI, A EU CE COURAGE ? Je réponds à sa place: AUCUN; voilà, mes bons, à quel pays vous appartenez – ne vous en vantez pas trop, surtout !); construire, aux frais exclusifs de ceux qui ont assassiné la langue et la culture bretonne, des écoles ou la langue nationale sera ré-enseignée, mais par de Maîtres Bretons cette fois, payés par les deniers des responsables ? (Pas si con, non?).

Cet avenir reconstruit pourrait être réel : à condition que les Bretons secouent leur mollesse, sortent de leur dormition, et cessent de compter sur les autres pour rebâtir leur destin.

Ah, fantomatiques Bolloré, Pinault, Lelay et autres! Franchement : ça ne vous interpelle réellement pas ? Moi, JE SUIS MORT DE HONTE POUR LA BRETAGNE.

– ORIGINES MYTHOLOGIQUES DE LA « LANGUE DES LANGUES »: LE BRETON. Sa supériorité écrasante sur tous les autres idiomes.

La manière dont les chroniqueurs et historiens de Grande et de Petite Bretagne font de leur langue le modèle des modèles, est à la fois stupéfiante et cocasse. Elle démontre, entre autres, que lorsqu’il s’agit d’affirmer leur supériorité, en particulier sur leurs voisins Français, ils ne craignent ni les invraisemblances, ni les exagérations. Mais aussi, elle est un témoignage éclatant de la fierté des Bretons, s’agissant de leur antique idiome. Toute la mythologie obéit aux mêmes lois. Ici, on voit ces lois opérer d’une manière spectaculaire.

– La langue bretonne est « vraye langaige de Troye la Grande ». C’est la langue-mère: toutes les autres en sont issues. Toutes les études « linguistiques » sérieuses le démontrent. (Il y a bien quelques « dissidents « , mais dont les écrits n’altèrent en rien la noblesse de l’idiome breton : d’aucuns prétendent que le Breton est la langue de Noé, d’autres du vieil hébreu, ce qui n’est pas mal non plus, de toutes manières).

– Certes, les Francs et les Italiens, eux aussi venus de Troie la Grande (voir plus haut), ont aussi, jadis, parlé cet idiome sublime. Mais, explique le chroniqueur de Saint Brieuc, sans doute de races moins pures, ou plus faibles, ils se sont laissés pervertir en chemin : le « contingent » fixé en Italie … s’est mis à parler l’italien ! Le contingent conduit par Francion, fils d’Hector, ont aussi oublié la langue des origines, et, arrêtés en Gaule, pays conquis plus tard par les Francs, se sont mis à parler…. le français !

D’ou il résulte que seuls les Bretons se sont trouvés les dépositaires de la langue dont toutes les autres dérivent.

– Est-ce la conscience du rôle historique exceptionnel dont ils sont investis ? Lorsque, ayant conquis la Petite Bretagne, le problème de conserver l’idiome superbe s’est posé, les jeunes armoricaines, dont il fallait bien qu’ils se contentassent pour avoir des descendants, eurent la langue coupée, afin que l’idiome universel soit enseigné par les géniteurs, et non par les mamans. C’est ainsi que la langue bretonne a traversé les temps, et nous est parvenue intacte, et s’est maintenue (en tout cas, cher M. Mélenchon, jusqu’à la Sublime Révolution, qui l’a assassinée, comme vous le savez maintenant).

– Cela explique que la langue bretonne soit devenue celle des anges, celle que l’on parle au paradis, celle que parla le Christ sur la croix, avant de remettre son âme à son père, le Créateur (d’autres disent que c’est l’anglais, l’italien, le danois… mais ils mentent, bien évidemment : il est notoire, à cette époque, que c’est bien le breton que l’on parle au paradis).

Des recherches patientes ont révélé ce qu’on n’imaginait pas sur les relations que les Bretons cultivés entretiennent avec leur langue à la veille des Invasions fatidiques : non seulement ils aiment et ils admirent leur langue, MAIS ILS L’AIMENT D’AMOUR. Le fait n’est pas étrange, mais commun. Il se retrouve dans beaucoup de pays qui ont accédé à la Culture, et qui ont des hommes de lettres et des savants. (Les témoignages, sur ce point, sont assez nombreux; voir, notamment, Joseph Rio, pages 276 et suivantes; Gwennolé Le Menn, Les Bretons bretonnants, d’après quelques textes et récits de voyage, du 14 ème au 17 ème siècles…). Les Français, eux mêmes, ont exalté leur propre langue jusqu’à en délirer, ce qui n’est pas davantage ridicule (Colette Beaune, Naissance de la nation France, Gallimard, Paris Paris 1985, page 402); jusqu’à ce qu’elle devienne, largement aidée par cette école politique qui a fait métier de dénigrer et de vomir sur son propre pays et sur tout ce qu’il a fait, ceci dans le but de préparer la « République universelle », une langue régionale dans le monde contemporain. Pour la langue bretonne, nous verrons en son temps par quels moyens la France, au nom de sa langue autoproclamée la première de l’Univers, les Bretons ont, en quelques générations, par une volonté de fer ayant pour but affiché de la détruire, été amenés à détester l’ancien idiome de leurs ancêtres. Comme on guérit l’alcoolique ou le fumeur en lui administrant des produits qui le font vomir, on lui a écrasé la cervelle d’une manière criminelle, en créant des réflexes conditionnés ayant pour but – et pour effet – de conduire les Bretons à vomir leur propre culture. (Certains politiques, dénommés « Sénateurs », ont en 2008, par une attitude anté-préhistorique, voté en faveur de la destruction totale de la langue pour laquelle leurs ancêtres ont eu tant d’admiration).

CONCLUSIONS PROVISOIRES.

– L’universalité des mythes. Ce n’est pas parce que les mythes sont des légendes qu’ils sont méprisables. Freud a dit que les rêves sont des coups de sonde dans l’inconscient. Les analyser permet de pénétrer dans les couches profondes de l’esprit du sujet qui les réalise, si l’on dispose des « clés » pour procéder à leur décryptage. Il en va de mêmes des mythes, en tous cas DE CERTAINS D’ENTRE EUX. Pas plus les mythes bretons, les mythes slaves, ou indiens, ou inuits… ne sont le fruit du hasard. Ils sont l’expression de la civilisation qui les élabore. Ils expriment SOUVENT – NON PAS TOUJOURS, certains sont nés de la seule imagination des hommes -, quelque chose de profond, au delà de leur apparence étrange, parfois saugrenue.

– La fonction universelle des mythes. Le mythe remplit une fonction indispensable (Mircea Eliade, 34). Nous avons dit, en commençant l’écriture de ce chapitre, que les mythes – ce n’est en rien une découverte personnelle, même si nous sommes parvenus aux mêmes conclusions que les autres chercheurs, mais le résultat des travaux savants et consciencieux des spécialistes des mythes -, que ceux-ci sont souvent des tentatives de réponses aux problèmes que se posent les peuples :

. D’ou venons nous? A travers l’invraisemblable histoire d’Enée et de ses descendants supposés, les Bretons le savent : ils viennent de Troie la Grande! Peut-on rêver origine plus prestigieuse? Bien sûr, les Italiens, les Français, et bien d’autres peuples européens sont aussi venues de Troie. Mais le destin des Bretons est infiniment plus prestigieux. Ils viennent aussi, à une époque beaucoup plus proche, de la (Grande) Bretagne, ou leurs ancêtres ont jadis posé le pied, et vécu de longs siècles, et ou certains sont restés. La communauté d’origine et d’appartenance affective avec la Grande Ile est très réelle; car la petite Bretagne est issue de la grande, et n’est devenue autonome que de longs siècles après avoir quitté la terre-patrie – ce qui est historiquement vrai.

. Qui sommes nous? Nous touchons là un problème essentiel: celui de l’IDENTITE des peuples. Par la fonction du mythe, les Bretons savent qu’ils sont un peuple très antique, très vénérable, qu’on doit considérer avec respect. Ils sont un PEUPLE très particulier, unique, qui ne se confond avec AUCUN autre. Surtout pas les Francs, ennemis immédiats, permanents, et durables – sinon définitifs! Les Français auront beau, par la force grossière, décréter que les Bretons font partie de « LA » nation décrétée par leurs « révolutionnaires » de 1789, cela reste et restera une affirmation ridicule.

. Ou allons nous? Pour les Bretons, ils ne vont certainement pas vers la France. Au cours de l’histoire, même si, par bonheur, ce n’est plus les cas, ce peuple est haï, et c’est réciproque. Les mythes bretons, engrenés les uns dans les autres, expliquent fort bien ce qu’ils veulent : ils vont vers LEUR destin, ils veulent, avec une force inouie, ETRE EUX MEMES, obéir à leurs Princes, en aucun cas à des rois étrangers, vécus souvent comme des voleurs, voire comme des bandits………..

La mythologie bretonne, au moyen âge, dans le combat « idéologique » contre la France, pays étranger, se révèle une arme  formidable, non pas certes pour le peuple, qui a une vision beaucoup moins élaborée, beaucoup moins intellectualisée, de l’attachement à son pays, mais de la Cour, des clercs, de la classe cultivée, qui seule a accès à ces légendes, telles qu’elles sont écrites par les auteurs précités.

Tout, dans la Mythologie des Bretons, telle qu’elle est écrite par les auteurs cités plus haut, fait d’eux des êtres infiniment supérieurs à leurs voisins. Bien sûr, dans les faits, ils ne sont  supérieurs ni aux Français, ni à aucun autre peuple (Je crois devoir l’écrire clairement, car trente années de « bourdieuseries » ont à ce point affaibli les cerveaux et diminué tant le vocabulaire courant, réduit à moins de 100 mots, que la subtilité du langage, au point qu’on ne sait plus lire entre les lignes, discipline que l’on enseignait jadis dans les écoles, par l’étude de la littérature classique, la rhétorique, l’art d’argumenter, qu’on pourrait penser que j’accorde à mes compatriotes une supériorité sur les autres, ce qui n’est certes pas le cas). MAIS A LA VEILLE DES INVASIONS FRANCAISES, ILS LE CROIENT, Ils en sont très fermement convaincus. Jean IV, Jean V, Pierre II, ARTHUR III, FRANCOIS II, ANNE DE BRETAGNE surtout, passionnée d’histoire, non seulement n’ont aucune raison de mettre en doute les travaux historiques des savants de leur Duché, mais ont tout les raisons de « s’y accrocher », car cela rend inébranlable leur attitude de ne jamais céder aux prétentions absurdes des Français, et de mobiliser toute leur énergie contre l’étranger.

C’est une vieille histoire. Les Bretons ont toujours été considérés comme des « orgueilleux »  par les Francs, puis par les Français, avant qu’ils ne soient vaincus, puis réduits en cendres après 1789 (Nous reviendrons longuement sur l’invasion de la Bretagne par les armées de Louis le Pieux en 818, et l’exceptionnel témoignage qu’en a laissé Ermold le Noir, ainsi que sur Morvan, qui règne sur la région de Vannes, et est désigné par le chroniqueur franc, un nombre élevé de fois sous le titre de « REX », c’est à dire de Roi). A travers la mythologie que leurs historiographes ont élaborée, peu à peu, ce sentiment de supériorité devient spectaculaire. Nous avons souvent insisté sur cette notion de « narcissisme national », à laquelle nous avons donné forme et contenu : ce sentiment que les nations et les peuples « sécrètent » inconsciemment, sans lequel ils ne peuvent ni vivre, ni se développer, ni prospérer.  Lorsque l’orage cataclysmique de l’invasion de la fin du 15 ème siècle se lève, ce sentiment de supériorité sur leurs voisins est à son zénith. Nous sommes au moins plusieurs auteurs à l’avoir mis en évidence.( Lors du Congrès tenu en 1982 à Brest, Jean Christophe Cassard, décortique avec talent cette écrasante supériorité des Bretons sur les Français, dans un chapitre qu’il intitule : « La précellence des Bretons sur les Francs : en tout, les Bretons l’emportent sur les Francs « )  ….

La France est elle même, bien sur, l’auteur de sa propre mythologie, sans aucun rapport avec la mythologie des Bretons, mais, comparativement, elle est bien misérable…Vus de la Cour de Nantes, ce sont bien, comme je l’ai écrit plus d’une fois, en cette fin du 15 ème siècle, des ploucs, des nouveaux riches…. Vrai ? Non, bien sûr : mais c’est la vision qu’en ont les Bretons. Et cette vision, même si elle est issue d’une construction intellectuelle, non démontrée d’une manière scientifique, EST POUR CEUX QUI Y ONT ACCES, EST LA VERITE de ce temps. Au moment des dernières guerres brito-françaises, TOUS LES GENS CULTIVES DU DUCHE croient à l’origine prestigieuse de la Haute et Noble Principauté de Bretagne, comme les gens cultivés des autres pays (les Anglais, le Italiens, les Espagnols, les Français….) croient à leur propre mythologie: la noblesse bretonne est convaincue qu’elle est troyenne, comme la noblesse française croit, pendant longtemps encore, qu’elle descend des envahisseurs Francs, comme elle pense que le bas peuple français est le résidu des gaulois. En quoi la manière de voir, de penser, de ressentir, échappe à toutes les  critiques – surtout, celles des Français à l’égard des Bretons seraient particulièrement mal venues -, car l’histoire des peuples, de tous les peuples, se construit de la sorte.

S’il est nécessaire d’insister sur cet état d’esprit si particulier des Bretons au 15 ème siècle, et sur ce que pense la Nation d’elle même, c’est qu’on peut suivre dans la littérature très abondante qui a été publiée au 19 ème siècle et ces 30 dernières années, la destruction, le laminage mental des Bretons par la France, et l’affaissement continu de leur fierté et de leurs performances, à partir de l’Admirable Révolution de 1789. Les Français, détenteurs de la remarquable mythologie nouvelle qu’ils viennent d’inventer, née de leur génie, et qui, selon le mot célèbre de Michelet est digne de devenir la religion de l’Univers (la citation exacte, ridicule, est la suivante: « Le jour ou, se souvenant qu’elle fut et qu’elle doit être le salut du genre humain ( = incroyable, MAIS VRAI!), La France s’entourera de ses enfants, et leur enseignera la France comme foi et comme religion, elle se retrouvera vivante et solide comme le globe  » (idem: c’est ridicule, mais C’EST ECRIT COMME CELA), et constituant un message Universel, doit être diffusé, à quelque prix que ce soit, car il y va du progrès de l’humanité. La France a donc le droit – c’est même un devoir pour elle -, de faire entrer dans les crânes des populations ploucques des alentours, ces merveilleuses nouvelles vérités, au besoin en se servant du burin et du marteau. Ainsi peut-on les sortir, en les bousculant un peu au besoin, de ces cavernes cro-magnonnes dont elles ne veulent pas s’extraire, imbues qu’elles sont de leur sottise native et héréditaire. (Sois patient, lecteur, tu vas frémir lorsque tu liras les citations que je vais extraire de la littérature française du 19 ème siècle sur les Bretons). Quel bonheur que de contribuer à la félicité de ces demeurés, même s’ils ne sont pas vraiment d’accord!

Presque personne aujourd’hui ne sait que les Bretons ont une toute autre vision d’eux mêmes au 15 ème siècle qu’au 20 ème siècle, après leur acculturation forcée par la puissance occupante. Nos recherches, sur ce point, sont conformes à ce qui a été observé chez tous les peuples acculturés dans le monde, dans les mêmes conditions que les Bretons. Il n’y a, à cet égard, aucun désaccord entre les spécialistes de la pathologie mentale collective. Cela est dur à entendre pour l’orgueil des responsables. Ne pas le dire serait, pour moi, une lâcheté impardonnable, en même temps qu’une injustice. Les Bretons ne sont ni méchants ni pervers, mais, lorsqu’ils sont blessés, ils n’oublient plus. C’est un trait constant de notre ethnie. Quelques uns pratiquent encore ce qui reste des idéaux arthuriens. Et personne ne leur enlèvera le droit d’être des êtres humains.

– Déclin de la mythologie bretonne au 16 ème siècle. Vient le moment, inéluctable, ou les chroniqueurs, qui ont écrit ce qu’ils ont pu, comme ils l’ont pu, accèdent petit à petit à d’authentiques archives, dont la valeur est très réelle. L’écriture de l’histoire « vraie », fondée sur l’étude des archives, se substitue peu à peu à l’histoire mythologique : Le Baud, Bouchard, d’Argentré, Lobineau, Morice, La Borderie s’y attachent (le mythe « fondateur » de Conan Mériadec n’est détruit qu’au 19 ème siècle! Voir La Borderie, tome 2, page 441 : La fable de Conan Mériadec); ne disposant encore que d’archives insuffisantes, ou même pas du tout pour les origines de leur Pays, ils « comblent les creux », encore par des légendes et des mythes, il est vrai. Mais les progrès se font jour. Ils ont à leur disposition, pour les périodes tardives qu’ils explorent, dont ils ont mêmes été parfois les témoins, si ce n’est les acteurs (Pierre Le Baud, Alain Bouchard, d’Argentré ..),  d’authentiques documents, parfois mis à leur disposition par la Cour (ainsi Anne de Bretagne donne-t-elle l’ordre que les archives soient communiquées tant à Le Baud qu’à Bouchard, et suit personnellement les travaux de Bouchard, soucieuse qu’elle est à un degré supérieurement élevé de l’histoire de son pays, et de « ses » Bretons).  Les archives bretonnes se mettent à exister, croissent et embellissent, CAR CE SONT CELLES D’UN ETAT.  Alors voit-on, peu à peu, faisant suite à l’exposé des traditions légendaires par ces auteurs, d’authentiques relations historiques non seulement dignes de foi, mais d’une honnêteté scrupuleuse, plus encore pour Le Baud que pour Bouchard. L’histoire nait de ce contexte, le passage des deux situations se faisant d’une manière quasi insensible. C’est là que commence à naître, cette fois d’une manière sérieuse, l’histoire » vraie » de la Bretagne. A la fin du 15 ème siècle, comme le souligne Jean Kerhervé, la Bretagne dispose d’historiens d’envergure, à l’image des pays les plus avancés de ce temps, et « qui ne craignent pas la comparaison avec celle des historiographes français de la même époque » (Jean Kerhervé, Aux origines d’un sentiment national). C’est, bien sûr, notre opinion. L’archaïsme prétendu de la Bretagne est une légende CREEE PAR NOS VOISINS.

Mais, les armées de l’envahisseur ayant détruit le pays, la France veille. Il serait dangereux qu’on en dise trop… Les pays ploucs n’ont pas le droit d’avoir une histoire, si ce n’est celle qu’on veut bien leur consentir. En 1789 – décidément, cette année est à marquer d’une pierre blanche -, l’histoire de Bretagne est CENSEE devenir celle de la France. C’était simple, il suffisait de le vouloir, et de se donner les moyens pour qu’il en soit ainsi : quelque chose qui ressemble à ces instruments utiles, à la ville comme à la campagne, mais qui, dans certaines mains, deviennent terribles : le marteau et l’enclume.

– La mythologie, comme instrument de réflexion sur la distinction des nations entre elles. Lorsque deux peuples élaborent des mythes différents, ils sont fondamentalement distincts l’un de l’autre. Les Bretons n’ont jamais été français. La pantalonnade de 1789 n’en a pas fait des Français.

Conclusion de la conclusion : les Bretons vus à travers les mythes nés spontanément de leur histoire : un peuple fier, et qui réussit; un peuple inventif aussi, plus que fermement décidé à ne jamais laisser ses voisins leur effleurer les orteils.

Les Bretons en 1950-1960, vus cinq siècles après l’invasion par les armées françaises, un siècle et demi après l’oeuvre « civilisatrice » de l’Admirable Révolution Universelle : un peuple acculturé, névrosé, privé de sa langue et de sa culture, sans ressort et sans volonté, ayant perdu toute notion de son histoire et de ses origines, sans aucun projet collectif national, puisque – sans dérision -, on l’a incorporé « dans la Grande patrie Française » (sic !).

Les jeunes de 2008: la fierté retrouvée; souvent : une perplexité agressive à l’égard de ceux qui leur mettent les preuves sous le nez. Un début de prise de conscience de ce qu’ont subi leurs parents et leurs grands parents, qui n’avaient, pas plus qu’aucun être humain, vocation à devenir des ploucs.  Hélas aussi : l’incapacité de se mettre d’accord sur les principes fondamentaux, de s’unir pour définir un destin commun, au delà des divergences nécessaires au fonctionnement de toute société démocratique.

– Une nouvelle mythologie après la mythologie ? Le problème se pose de savoir POURQUOI des Bretons ont eux mêmes contribué à falsifier l’histoire de la Bretagne après les invasions . Pourquoi cet acharnement à soutenir l’insoutenable, alors qu’il existe des travaux de l’envergure de ceux de Planiol? Pourquoi inventer l’idée que les Ducs Bretons n’étaient pas souverains chez eux, et qu’ils étaient les « sujets » des rois de france alors que ceux-ci ont sans cesse été des envahisseurs, et que les Bretons exerçaient chez eux tous les attributs de la souveraineté ? Pourquoi s’acharner à prétendre qu’il y a eu un « traité » en 1532, alors que ce grossier montage est le fruit de la peur, de la contrainte, de la corruption ? Pourquoi inventer l’idée que la Bretagne était obligatoirement condamnée à être digérée par la France? Pourquoi, en somme, alors que nous disposons de toutes les archives historiques, et que plusieurs juristes ont répondu d’une manière particulièrement claire et concordante à ces interrogations (Le Baud, Alain Bouchard, d’Argentré, Marcel Planiol, nous-même….), fabriquer cette nouvelle mythologie après avoir liquidé l’autre ?

C’est à quoi nous répondrons dans une autre chronique, celle-ci une fois assimilée et digérée.

– Mythologie bretonne et mythologie juive. Le rapprochement des deux mythologies, et leur devenir est singulièrement productif pour comprendre le rôle fondamental dans le genèse des Nations.

Nous avons vu que la mythologie bretonne – comme les autres, ni plus ni moins – est une histoire embellie, idéalisée, faite d’une manière telle qu’elle entraine l’adhésion du peuple qui la sécrète, par son caractère miraculeux, exemplaire, souvent admirable.

Plus étonnante encore est la mythologie juive, qui s’est maintenue quasi intacte, malgré son caractère invraisemblable, presque jusqu’à nos jours. Il ya deux générations encore, la quasi totalité des juifs du monde se reconnaissaient dans les belles histoires relatées dans l’Ancien testament.
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LES EXACTIONS VERBALES SUR LE « COLLABORATIONNISME » ET AUTRES CRIMES PRETENDUS DE LA BRETAGNE SONT INJURIEUSES, ET DOIVENT CESSER.

M. Mélenchon, notre ami à tous, qui a osé qualifier le breton de « langue de la collaboration » (!!!!!!!) vient, de ce jour et par la voie d’Internet, d’entrer dans la légende Athurienne, destin auquel il ne s’attendait pas, lui qui était voué à une existence si ordinaire, si plate en tout, et si banale.

Prière à ceux qui manient avec dextérité les boutons de l’ordinateur, de le lui faire savoir. L’adresse du Sénat: 15 rue de Vaugirard, Paris (75006).

Il vient d’apprendre à son pays reconnaissant, que LA LANGUE DE LA COLLABORATION, POUR LES FRANCAIS, FUT LEUR LANGUE, NON UNE AUTRE : les Allemands parlaient cet idiome parfaitement, et n’avaient besoin que de celui-là pour communiquer avec le régime collaborationniste MIS EN PLACE EN FRANCE PAR LES FRANCAIS, par personne d’autre qu’eux. C’est Philippe Pétain, sauf erreur de notre part, qui a serré la main de Hitler à Montoire; il n’était  Breton, ni de près, ni de loin. Nos voisins d’Outre Rhin ignoraient TOUT de la langue bretonne, si noble soit elle, et n’étaient pas en mesure de communiquer avec nous en usant de notre idiome.

Les Français – TOUS LES FRANCAIS – sont priés de ne plus y revenir, SVP.

Il serait, de surcroit, particulièrement indécent que d’aucuns, approuvant publiquement les atrocités qui se commettent quotidiennement au Tibet, se croient autorisés à émettre le moindre jugement d’ordre moral sur quoi que ce soit. N’est-ce pas trop que tant de partisans de l’école idéologique qui a à son actif 100 millions de morts, la plus grande catastrophe dont l’humanité s’est rendue responsable, ait encore des héritiers, qui s’en réclament, et qui s’en vantent ?

Il faut que l’on dise haut et fort ce que les Bretons pensent : peuple pacifique, épris de liberté et de respect d’autrui, il condamne toutes les guerres QUI N’ONT JAMAIS ETE LES SIENNES – comme les autres d’ailleurs -, dans lesquelles on l’a entraîné, par force et malgré lui. Celle de 1914-1918 lui a coûté la mort de 240 000 de ses enfants, comme les atrocités de l’assassinat de la Vendée a coûté aux Vendéens 115 000 morts. Il n’est pas bon – pas bon du tout – qu’on insulte la mémoire des Bretons : ILS N’ONT AUCUNE RESPONSABILITE dans ces évènements abominables. LES BRETONS SAVENT QUI LES A ACCOMPLI : que ceux-là se mouchent, qu’ils se mettent à genoux, qu’ils demandent pardon… Il leur est permis d’espérer qu’ils seront pardonnés, rien d’autre. QUANT A MOI : C’EST NON.

Amen.

LES HEBDOMADAIRES  QUI, SANS AUCUNE CONNAISSANCE SUR LA BRETAGNE, donnent la parole à des incompétents sont invités à s’informer, ce qui est leur mission naturelle.

On peut aussi, pour mémoire, adresser copie à M. Barbier, au Nouvel observateur (rédaction@nouvelobs.com), et à tous autres journaux qui s’intéressent à la Bretagne (Le Figaro, Le Monde, Libération …. et, pourquoi pas, l’Ouest France et le Télégramme, nos quotidiens nationaux). M. Barbier pourra recommander à ses amis hystoriens, quelques lectures sur l’Antiquité mésopotamienne, égyptienne, grecque, afin qu’on n’ose plus écrire que les Etats indépendants n’existent pas avant le 16 ème siècle, pas davantage que les Nations. Les Etats antiques sont, pour un certain nombre d’entre eux, très structurés, possèdent un Souverain, un Chancelier-Premier ministre, un Conseil de gouvernement, souvent une assemblée délibérative, des gouverneurs de provinces, des bureaux, des scribes, des archives, des régistres comptables (notamment fiscaux), des cadastres. Ils ont des ambassadeurs, font des traités, disposent d’une monnaie, etc. Qu’on cesse donc d’empoisonner notre jeunesse, avec des idées fausses, alors que la Bretagne se signale par un nombre particulièrement élévé de diplomés, qui sont bien loin d’être des débiles.

L’un des derniers ouvrages parus, recommandé à l’ attention  de ceux qui ont tout à apprendre sur ces sujets : Les Hittites, qui apparaissent au troisième millénaire avant Jésus Christ (PUF., Que sais-je, numéro 3349, Paris, septembre 2008).

L’Etat Breton – je ne parle pas, bien entendu, de la NATION bretonne, qui est très antérieure -, existe au minimum depuis le 14 ème siècle; il est structuré avant la France par des institutions modernes, comportant, notamment, un « Parlement général de Bretaigne », qui se réunit tous les deux ans, qui vote les lois et les impôts, qui détient la souveraineté, et sans lequel rien ne se décide dans le Duché, y compris la guerre, la paix, les traités, etc.  Au plan Institutionnel, la France ne possèdera d’assemblée véritablement délibérative qu’en 1870, sous la troisième République.

Prière de se recycler d’urgence; si on en est capable.

Idem.

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