HISTOIRE D’UNE VIEILLE HAINE : comment les Français, devenus les plus forts, ont envahi la Bretagne, ont détruit leurs armées, puis, a partir de l’Admirable Revolution, ont laminé les cerveaux.

La présente étude sera rédigée, comme les autres, au fur et à mesure que les archives, dispersées partout, me tomberont sous la main. Des additifs et des corrections interviendront en cours de route. Certaines phrases seront scindées ou réécrites, pour être plus compréhensibles. Les fautes de style seront corrigées en leur temps.

Cette étude sera scindée en plusieurs articles, qui paraîtront avec des titres différents, pour que l’ensemble ne paraisse pas trop long, la matière étant abondante. Cette manière de procéder a un avantage : chaque fois que paraît un nouvel article, même si celui ci est la suite du précédent, les moteurs de recherche de Google et de Yahoo « fabriquent » un titre supplémentaire, ce qui accroît l’impact de ces notes sur l’histoire de Bretagne.

Tous les spécialistes des foules savent que, lorsque la vérité a été cachée pendant longtemps, les idées fausses finissent par s’imposer comme ayant l’apparence d’être vraies. Remettre les choses à l’endroit – si l’on peut s’exprimer ainsi -, est une entreprise difficile, longue, ardue, qui se heurte non pas seulement à l’incrédulité, mais à l’hostilité, sous des formes diverses. La moindre de ses manifestations est le flot d’injures dont peuvent être abreuvés ceux qui entreprennent de tels travaux, même s’ils agissent dans le seul intérêt général, et s’il est démontré que non seulement ils n’ont eux même aucune sorte d’intérêt personnel à l’affaire, mais au contraire desservent d’une manière évidente ce qui, pour d’aucuns, constitue le but de leur existence : faire ce qu’il est convenu d’appeler une « carrière », avec tous les colifichets qui s’attachent à cette sorte de destin : breloques de couleurs diverses accrochées à leur boutonnière – dénommées « décorations », il en existe pour les lâches comme pour les braves, et il est vrai que certains méritent leurs décorations -, titres, pensions, salaires, rémunérations, fonctions diverses, parmi lesquelles celles de Parlementaires, fort prisées.

L’auteur de ces lignes ne répète pas d’une manière gratuite et inconsciente ce qu’il peut avoir dit ailleurs. Les auditeurs  oublient les propos tenus aussitôt qu’entendus, même s’ils sont pertinents, et justes. Selon l’adage populaire, le clou ne  peut être enfoncé dans le mur que millimètre par millimètre; un auteur célèbre a dit la même chose d’une manière plus élégante: « cent fois sur le métier remettez votre ouvrage » (La citation exacte est : « Vingt fois sur le métier… »; elle est de Nicolas Boileau; on sait aujourd’hui, grâce à M.M. Bourdieu et autres, qu’il ne faut plus faire ce type de citations, ni ce type d’auteurs, tous droits issus d’une » culture de classe, »  » instrument d’oppression de la classe dominante, facteur de discrimination et d’inégalités sociales », au bénéfice des nantis capables d’en bénéficier, ET DE SE REPRODUIRE INDEFINIMENT grâce à ce type de culture, qui n’a été créée par ses auteurs que dans ce but exclusif, aux dépens des classes populaires et laborieuses, etc, etc… Voir, notamment: P. Bourdieu et J. Cl. Passeron, Les héritiers (1664); La reproduction (1970), Paris, Editions de Minuit; Jean Louis Harouel, PUF., Quadridge, Paris 2002, page 130 et suivantes).

LA DESINFORMATION PROCEDE PAR LA REPETITION INCESSANTE  DE CONTRE VERITES. L’entreprise communiste, gigantesque lavage de cerveaux à l’échelon planétaire, avait à ce point, à une certaine époque, convaincu même les pays démocratiques,  que beaucoup d’intellectuels crurent, avec conviction, que leurs sociétés étaient inéluctablement condamnées. (On peut évidemmenet en dire autant de certains régimes totalitaires de droite ou d »extrême droite). Jusqu’à ce qu’enfin le château de cartes s’écroule à grand fracas. Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République française, réputé intelligent pourtant, couvrit son pays de ridicule en saluant Mao-tsé-Dong comme l’un des génies de l’humanité. (Il est aujourd’hui membre de l’Académie française, probablement pour avoir réduit à un minimum de « titres » les ouvrages diffusés dans le grand public, que personne, certes, n’oserait qualifier d' »Oeuvre littéraire »).  Son successeur fut, d’une manière plus impardonnable encore, aveugle : quinze jours avant l’effondrement de la machine communiste, en 1989, François Mitterand, il est vrai, spécialiste, des « coups » de très petit calibre et des stratégies partisanes, sous-doué de la grande politique, n’avait pas même soupçonné que le mur  de Berlin, lézardé de toutes parts, allait s’effondrer.

RETABLIR LA VERITE repose, symétriquement, sur le même principe essentiel : LA REPETITION. Dans son célèbre ouvrage sur la psychologie des foules, récemment réédité dans la collection « Quadridge » (PUF., PARIS 2002), Gustave Le Bon souligne avec pertinence que l’un des procédés incontournables pour persuader ses auditoires, est de répéter, sans cesse et sans cesse, jusqu’à ce qu’ils les comprennent, les mêmes idées, dès lors qu’elles sont justes. « L’action est lente – précise-t-il -, mais les effets sont durables » (page 73).

LE CONTENTIEUX ENTRE LA BRETAGNE ET LA FRANCE EST EXTREMEMENT LOURD. La grande majorité des Bretons, qui n’ont toujours pas accès à leur Histoire, faute d’un enseignement autorisé dans les lycées et collèges, qu’ils financent avec l’argent de leurs impôts, et n’ont présentes à l’esprit que les dernières « péripéties » de cette histoire douloureuse (oh combien!) : la quasi éradication de la langue et de la culture bretonnes; l’amputation du territoire de sa partie la plus symbolique, le Comté de Nantes – dénommé « Loire Inférieure », puis « Loire Atlantique » depuis l’Admirable Révolution -, ceci depuis le régime collaborationniste de l’Etat Français, mis en place par le Parlement français – non par les Bretons, répétons le jusqu’à ce qu’on en soit épuisé -, en 1941. Le reste est inconnu pour la très grande majorité d’entre eux. (Quel bonheur si les idées de M. Bourdieu étaient justes: tout retour en arrière serait impossible, puisque l’Histoire, comme le reste, ne sert à rien! Ainsi les Bretons seraient-ils prisonniers de leur souricière, sans espoir d’en réchapper, tandis que M. Mélenchon, notre ami à tous – ainsi que du peuple tibétain -, est assassiné chaque jour par le rappel têtu de la vérité).

L’APATHIE DES BRETONS. Ce que j’écris ici ne concerne évidemment pas ceux qui sont mobilisés chaque jour de leur vie. Cela ne concerne que les mous, infiniment plus nombreux. Je ne suis pas le premier à regretter cette situation. Nennius, par qui commence le début de l’écriture de l’histoire des Bretons, écrit ceci, au 9 ème siècle :  » J’ai eu à coeur de relater quelques évènements QUE L’APATHIE DU PEUPLE BRETON avait laissés ignorés ». (sic !).

Pendant longtemps, les Bretons n’ont que peu réagi à la situation dans laquelle ils ont été précipités malgré eux. Les spécialistes de l’ethno-psychiatrie savent cela. Lorsque les peuples conquis ont été écrasés militairement, ne disposant plus d’aucun moyen matériel de se défendre – ce qui fut le cas de la Bretagne après l’époque charnière 1488-1491, l’année 1491 étant celle de l’ANNEXION EFFECTIVE de la Bretagne, à raison de l’anéantissement par la France du gouvernement, l’absorption forcée de la dynastie bretonne (Anne de Bretagne, en effet, est mariée d’une manière canoniquement valable, au moment de cette ultime invasion, au Roi des Romains, Maximilien d’Autriche, futur Empereur du Saint Empire Romain Germanique, de telle sorte, comme l’écrit le commentateur de l’ouvrage de Marcel Planiol, qu’elle est bigame, mariée simultanément à deux rois, jusqu’à la sanction du pape, qui affecte de considérer comme nul le premier mariage)(note 1), la prise de contrôle de l’administration, de la justice, des finances, de l’armée, de la diplomatie, et que, dans un second temps, leur « mental » est écrasé par le conquérant (ce qui ne se passera sur une grande échelle en Bretagne qu’après l’Admirable Révolution de 1789, jusqu’à 1940-1950 environ), ces peuples régressent psychologiquement. Comme l’écrit Pierre Mannoni, spécialiste de la psychopathologie collective – je partage ses analyses, pour la raison que nous sommes un certain nombre à avoir réalisé  les mêmes que lui – en particulier les ethno-psychiatres bretons; voir, notamment, les ouvrages de Philippe Carrer, dont le dernier : Ethnopsychiatrie en Bretagne, Coop Breizh, Spézet, 2007 -, sans qu’il y ait connivence entre nous, les peuples concernés, pour amortir le « choc d’une réalité douloureuse, voire insupportable », la transforment, la vivent d’une manière différente de ce qu’elle a été (ils font subir à la vérité, « une série de transformations susceptibles de la rendre acceptable »), et MEME LA NIENT (dans ce cas, il s’agit d’un refoulement massif et permanent) (Pierre Mannoni, La Psychopathologie collective, PUF., Paris, 1997, pages 101 et 102).

(J’intègrerai plus tard dans le présent travail la passionnante étude du Pr Kress, du service de psychiatrie de l’hopital de Brest, Alsacien victime des mêmes persécutions culturelles perpétrées par l’Etat colonial, proche par conséquent par les souffrances infligées aux Bretons, et de leurs effets très pathogènes, par le fait du changement FORCE de langue, ce qui a permis à cet homme de l’Est de s’identifier à notre peuple, ce pourquoi nous l’assurons de notre très sincère reconnaissance).

Comme il est nécessaire, donc, de se répéter, je veux qu’il soit clair :

– QUE JE N’ENTRETIENS A L’EGARD DES FRANCAIS AUCUN SENTIMENT NEGATIF. Je n’ai jamais confondu les Français, qui sont de hommes au même titre que nous, avec les mêmes défauts et les mêmes qualités, que j’estime en général, et la politique menée par le pays auquel ils appartiennent; ceux qui ont accepté d’ajouter un alinéa à l’article 2 de la constitution française dans le but de tromper, avec la claire vision qu’en gagnant du temps, ils vont tuer à petit feu les idiomes que, sous le poids d’une opinion devenue agressive, ils acceptent maintenant de dénommer – ridiculement -, des « langues régionales », sont les politiques français, non le peuple français. (Les Bretons sont plus coupables encore de n’avoir pas le courage, sauf une poignée d’entre eux, de désigner leur langue sous son appellation de LANGUE NATIONALE).

– QUE LES CITATIONS QUE JE VAIS FAIRE, n’ont nullement pour but de faire haïr le peuple duquel elles émanent, mais, d’une part, d’informer les Bretons de cet aspect de leur histoire, d’autre part – il n’y a aucune hypocrisie dans cette démarche, quiconque n’est pas hypocrite ne peut agir avec hypocrisie – de tenter de MOBILISER, CONSCIEMMENT, LEURS SENTIMENTS, pour essayer – je précise bien: pour ES-SAY-YER –  de les pousser à l’action. Quelques uns de ceux que j’appelle les « Grands Bretons », comparent souvent leurs compatriotes, eu égard à l’inertie de la majorité d’entre eux devant les problèmes du pays (la reconquête de l’Histoire, de la langue, de l’Identité, de l’Intégité territoriale …..), à des esclaves. La comparaison n’est pas osée. Les esclaves, longuement conditionnés, ignorent l’insupportable humiliation de leur condition: habitués à la vivre au quotidien depuis des générations, ils n’envisagent pas de la contester, ils la trouvent normale. Quiconque a lu les ouvrages d’Albert MEMMI, auteur majeur, comprends que les juifs, martyrisés pendant des siècles ont pu, pour certains d’entre eux, trouver leur  condition comme « normale » (!!!!). Mais il est arrivé, maintes fois que, réveillés enfin, les esclaves  se révoltent. La réappropriation de  leur Histoire par les Bretons procède de ce but. Lorsque la majorité d’entre eux auront appris ce qui leur est arrivé, et par qui, ils se retourneront immanquablement contre ceux qui les ont humiliés et abaissés. C’est une loi de la nature.

ON NE PEUT PAS DIRE QUE MA DEMARCHE MANQUE DE CLARTE . (Ce qui a toujours été reconnu à Paris, dans les différentes branches de mes activités). La France n’a rien à y redire : j’ai toujours agi avec loyauté à l’égard de ce pays, qui m’a accueilli honorablement depuis 1966, alors que la France, au contraire, n’a fait que du mal en Bretagne, et continue à en faire. Puisque cela est vrai, il faut le dire. J’en parle toujours sans détour à mes amis Français, dont j’apprécie la grande courtoisie. Aucun ne m’a jamais injurié, ni tenté de « trafiquer » mon curriculum vitae, à l’image des corbeaux : ces moeurs sont d’ailleurs. Mes positions sur l’avenir que je souhaite pour la Bretagne ne m’empêchent nullement d’entretenir de bonnes relations avec les pouvoirs publics, qui m’honorent de leur confiance, et continuent à me demander mes avis là ou je suis sensé être compétent. Ce n’est pas contradictoire. Je n’ai jamais dissimulé ni mes opinions, ni mes sentiments. Je ne les exprime pas sous le masque héroïque de l’anonymat, comme ceux que je viens de mentionner.

Prétendre que les Bretons sont français, est aussi bête que de vouloir affubler une vache d’un tablier. Ne serait-ce pas ridicule? Que diraient les Français si nous leur disions qu’ils sont Bretons?

Mettre le peuple français au courant des horreurs qui ont été accomplies en son nom sera, au contraire, lui rendre service en lui démontrant que certains de ses dirigeants ont été parmi les plus grands violateurs des Droits de l’homme,  qu’ils ont eux-mêmes été manipulés, en se laissant convaincre qu’ils sont les inventeurs de ces Droits, alors qu’ils sont bafoués d’une manière quotidienne sans qu’ils en sachent rien (voir l’effrayant article publié par le journal le Monde, sur les interventions invraisemblables de François Mitterand, cet homme élu pour être le garant de l’impartialité de la Justice, intervenant  pour en détourner le cours, dans toutes sortes d’affaires), et que, étant éclairés, cette analyse étant faite, un comportement normal leur est maintenant accessible. La population française, que je connais fort bien, NE DEMANDE QUE CELA. Sa morale n’est pas moins exigeante que celle du peuple breton.

I – RAPPEL HISTORIQUE : L’EMIGRATION PACIFIQUE DES BRETONS EN ARMORIQUE.

1 – L’HISTOIRE MYTHOLOGIQUE DES BRETONS.

Les premiers chroniqueurs Bretons, auteurs d’histoires de la Bretagne pour la première fois quelque peu « étoffées » (Nennius, Monmouth, le Chroniqueur de Saint Brieuc, Pierre le Baud, Alain Bouchard …),  sacrifient à la mode des temps. A l’époque de la » chevalerie, » il est de bon ton de revendiquer des origines glorieuses. Les rois des pays de l’antiquité, s’attribuent immodestement des origines divines, lorsqu’ils ne sont pas dieux eux mêmes, ou divinisés de leur vivant, comme les Empereurs romains. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans certaines monarchies asiatiques, comme les Japonais ou les Chinois. Le Tenno du Japon (= l’Empereur, selon notre terminologie) n’a cessé d’être Dieu qu’en 1947, sous la pression des Américains (on dit qu’il en a fait une dépression nerveuse!). L’Empereur de Chine était encore le « fils du ciel » au début du 20 ème siècle. Le roi de France, lui, n’était que « roi par la grâce de Dieu », son lieutenant sur la terre. Le Duc de Bretagne, lui même, s’est trouvé dans l’obligation de reprendre cette vieille appellation à la fin du 14 ème siècle dans ses actes.

( Je sors un peu de mon sujet, ce que permet la formule dite du » blog » : Il est cocasse que Louis XI, roi de France, se croyant propriétaire de cette marque non déposée, de se croire roi la grâce de Dieu, ait cru devoir écrire au duc François II, père d’Anne de Bretagne, pour lui demander de cesser de s’intituler: « Nous, Duc de Bretagne par la grâce de Dieu, etc. » (Cette lettre insensée et ridicule est accessible à tous, puisqu’elle est publiée, in extenso, par dom Morice, dans son ouvrage remarquable: Preuves, III,Pages 46 et 47). Le bon duc a commenté à l’un de ses familiers : « Qu’est-ce que c’est que ce Plouc? Mes ancêtres étaient Rois en Bretagne, alors que les siens n’avaient pas encore franchi la Loire ! ». Ce qui est vrai : les Bretons étaient dans la péninsule armoraicaine bien avant que les Francs, débordant leur frontères belges, ne se ruent sur la Gaule, saccageant pout sur leur passage je vous fournirai la référence exacte lorsque je l’aurai retrouvée, et rétablirai la citation exacte en style médiéval de Cour; c’est promis (je pense que cette phrase se trouve relatée dans d’Argentré ou dans Alain Bouchard). Je joindrai aussi la lettre par laquelle Louis XI se plaint d’être traité par François II de « Roi couard »  (c’est à dire poltron, ceci pour les émules de Bourdieu – l’homme qui prône le retour à la non-culture des origines de l’humanité -, qui ont sans doute oublié la signification du mot « couard »). De mon point de vue, ni l’un ni l’autre n’étaient, pas plus que vous et moi, Roi et Duc par la grâce du Créateur,  mais il est vrai que l’attitude de ses voisins belliqueux et voleurs, toujours « démangés » par le désir malsain de vouloir s’emparer de ce Pays que les auteurs du temps désignent sous l’appellation justifiée de  » la plus belle Duché de la Chrétienté « , a contraint maintes fois la dynastie bretonne, d’allumer des contre-feux pour se défendre : si les rois de France se disaient rois par la grâce de Dieu, les Ducs de Bretagne l’étaient plus encore, tant par le prestige que par l’antiquité de leurs Ancêtres).

Pour ces sociétés guerrières, souvent cruelles, constamment en guerre les unes contre les autres, c’est une quasi nécessité de valoriser les victoires remportées par les Grands Anciens, et par les Ancêtres. Non seulement on exalte les batailles, mais on en rajoute: on invente des combats titanesques qui n’ont jamais eu lieu, on s’attribue la victoire de ce qui n’a pas existé… Ou bien, procédé classique, les deux protagonistes … se déclarent vainqueurs! Puisque la guerre existe, et qu’on ne peut l’éviter, mieux vaut en faire une religion plutôt que l’équivalent d’une boucherie. La première manière de procéder permet au soldat assassiné d’être un héros, de permettre à sa famille de se glorifier de sa mort exemplaire, et à l’intéressé d’aller droit en paradis. (Pour les historiens qui continuent à croire que les Nations et les Etats indépendants n’existent pas avant le 16 ème siècle, et continuent à ignorer que leur existence est prouvée au moins depuis les civilisations mésopotamiennes, il faut savoir que l’expression « mourir pour la Patrie » est très fréquente dans les écrits antiques, au minimum deux mille ans avant l’apparition supposée des Nations selon les auteurs précités : je me répète, à dessein).

Les Bretons ne font pas exception à la règle. Avant que n’apparaissent en Bretagne des historiens dignes de ce nom, l’histoire des Bretons – comme celle de tous les autres peuples Européens de l’époque – est une MYTHOLOGIE.

Qu’est-ce qu’un mythe, qu’est-ce que la mythologie?

On a dit, non sans raison, que les mythes sont « la religion avant la religion ». Dès que les hommes commencent à sortir de leur condition animale, commandée avant tout par l’instinct, par des réflexes biologiques (boire, manger, se reproduire, trouver les moyens de survivre…), et que le développement de leur cerveau leur permet de comprendre, d’analyser certaines situations, de se projeter dans le futur, de raisonner en un mot, ils se posent des questions qui ne concernent plus leurs besoins physiques, mais des abstractions : d’ou viennent-ils, qui a créé le monde, qui leur a donné la vie, pourquoi meurent-ils, que deviennent-il après la mort? Cette dernière question, au fur et à mesure que l’intelligence se développe, devient de plus en plus angoissante.

Ces interrogations sont à l’origine des mythes. Les hommes – bientôt ceux qui vont être préposés à traiter ces questions, les sorciers ou leurs équivalents -, inventent des réponses, variées, contradictoires selon les civilisations : on explique comment et par qui le monde, les astres, les éléments « naturels » , les hommes, les animaux ont été créés, et pourquoi; on donne un sens à l’existence des êtres humains; on explique leur destinée; surtout, on invente un au-delà, dans lequel l’homme pousuit sa vie sous une autre forme; on explique le pourquoi des catastrophes naturelles (les tempêtes, les inondations, les incendies, les inondations…), et par quels moyens on peut les prévenir (les sacrifices humains ou animaux, les offrandes…).

La mythologie est l’étude, ou la science des mythes. Des auteurs, passionnés par ces phénomènes, dressent des inventaires des mythes, extrêmement variables selon les époques, les civilisations, les comparent, les expliquent, etc.. ( Pour une introduction simple à cette discipline, on peut lire, par exemple,le rarquable ouvrage de Mircea Eliade, intitulé : Aspects du mythe, collection folio essais, Gallimard 1963).

Quel rapport avec l’histoire, avec l’histoire bretonne en particulier?

(A suivre);

(1) SUR LA » BIGAMIE » D’ANNE DE BRETAGNE. Le problème du mariage d’Anne de Bretagne a été surabondamment commenté en son temps, tant par les théologiens que par les juristes. Commynes, principal conseiller de Louis XI, père de Charles VIII, contemporain des fait s’en fait l’écho; évoquant la nullité ou la validité du mariage d’Anne avec Charles VIII, il écrit d’une manière explicite le désaccord des théologiens:  » plusieurs docteurs en théologie m’ont dit que non, et plusieurs m’ont dit que oui « .

Le Père Jean François DREZE, docteur en théologie et maître en droit, traite à nouveau longuement du sujet dans sa thèse récente sur Anne de France, fille de Louis XI (Raison d’Etat, raison de Dieu, Beauchesne, Paris 1991, 328 pages; pages 84 et suivantes). De même, Georges Bischoff, maître de conférences à l’université de Strasbourg 2, a fait une intervention très fournie sur le thème « Maximilien I er, roi des Romains, duc de Bourgogne et de Bretagne », au colloque international tenu à Brest du 2 au 4 octobre 1991, sous la présidence de Jean Kerhervé, apportant non un renouvellement de la question, mais des éléments historiques passionnants et peu connus (1491, La Bretagne, Terre d’Europe, Brest 1992, pages 457 à 471). Ceci s’ajoutant au rest, on n’est pas en peine de savoir ce qui s’est passé.

Voici mon opinion personnelle – d’ailleurs identique à celle du père Drèze:

– Le mariage contracté par Anne de bretagne et Maximilien d’Autriche en 1490, réalisé par « paroles de présent » (per verba de praesenti), est canoniquement valable. Maximilien a envoyé en Bretagne, cette même année, quatre ambassadeurs pour demander Anne en mariage, après les tractations d’usages – fort longues -, entre la Cour de bretagne et la Cour du roi des Romains ….

(A suivre; le sujet est technique, mais passionnant).

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